Que cache l’étrange forme concentrique de « l’œil de l’Afrique»?
Depuis des décennies, la structure de Richat en Mauritanie, surnommée « l’œil de l’Afrique », questionne. Une étude apporte de nouvelles données chronologiques et géochimiques, notamment sur les gabbros, de cette formation géologique célèbre, visible depuis l’espace.
Considérée par Platon comme l’emplacement de l’Atlantide ou par certains comme une cité extraterrestre, la structure de Richat en Mauritanie est l’une des formations géologiques terrestres les plus visibles depuis l’espace. Sa forme concentrique intrigante et spectaculaire lui a valu le surnom « d’œil de l’Afrique ». Sa forme et sa composition restaient énigmatiques pour les géologues.
L’étude de Gilles Chazot et Bernard Le Gall, tous les deux chercheurs au sein du laboratoire Géo-Océan, a ainsi pour objectif de retracer l’histoire de la formation de la structure de Richat à partir de données chronologiques et géochimiques. Les analyses ont porté sur différentes formations géologiques qui composent la structure de Richat, et notamment les gabbros, une des roches principales qui composent la croûte terrestre. Ces roches magmatiques sont formées lors du refroidissement de magma suite à une éruption volcanique.
Une formation en deux temps
Les chercheurs ont utilisé la datation 40Ar/39Ar des plagioclases, un minéral contenu dans les gabbros, pour dater les roches. Les analyses ne permettent pas de donner d’âge précis, mais suggèrent que la structure de Richat s’est formée au cours de deux épisodes distincts espacés de 100 millions d’années.
Le premier épisode se situe au début du Jurassique, entre 230 et 200 millions d’années, soit à la même période que la formation de la province magmatique centre Atlantique (ou Camp pour Central Atlantic Magmatic Province – une vaste région composée de roches magmatiques qui s’étend entre l’Europe occidentale, la côte ouest des États-Unis et du Canada, dans l’ouest de l’Afrique et au nord-est de l’Amérique latine) et s’exprime par l’intrusion des gabbros dans des roches sédimentaires plus anciennes. Les analyses montrent que la composition géochimique des gabbros correspond aux groupes chimiques les plus répandus dans la Camp.
Dans un deuxième temps, de nouvelles roches magmatiques, dont des carbonatites, riches en carbone, et des roches alcalines, se sont mises en place en profondeur dans la structure avant de subir une érosion importante. Cette suite d’événements a conduit au soulèvement et à l’érosion de l’ensemble de la structure et lui a donné la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.
meriem benzouina (lareleve.ma)