La Mauritanie, entre tradition et modernité

Derrière ses allures de désert hostile se cache une société atypique, tiraillée entre modernité émergente et traditions ancestrales, entre goût de liberté et ordre social inflexible. À travers le quotidien de 10 personnes qui reflètent la Mauritanie d’aujourd’hui, portrait d’un pays dans toute sa diversité, mais aussi dans toutes ses tensions.

Pays méconnu au-delà des frontières de l’Afrique de l’Ouest, la République islamique de Mauritanie est l’un des pays les moins densément peuplés du monde : 3,9 personnes par kilomètre carré. Un pays d’infinis contrastes; en témoignent ses quatre langues nationales et ses six groupes ethniques.

 

Chaque semaine, Aïcha et ses amies se retrouvent pour un après-midi cinéma. Cette semaine, les jeunes femmes ont arrêté leur choix sur un film portant sur le mariage précoce. S’ensuit une période de discussion animée, au cours de laquelle elles critiquent sans filtre la société mauritanienne.

Loin d’être anodin, ce rassemblement d’étudiantes se proclamant féministes reflète une tendance qui gagne en popularité chez les jeunes. Si la Mauritanie est souvent décrite comme un pays où les femmes jouissent d’une certaine liberté, Aïcha et ses amies entendent remettre cette idée en question. « Je veux montrer au monde qu’on vit un calvaire », dit-elle.

De jeunes femmes lors d'un rassemblement politique à Nouakchott
De jeunes femmes lors d’un rassemblement politique à Nouakchott Photo : Yasmine Mehdi

« Il y a beaucoup de violence, [mais] tout cela se fait en secret, car pour la famille, l’honneur compte le plus. » Si les femmes représentent un quart des députés de l’Assemblée nationale, il reste qu’un tiers des femmes se marient avant d’avoir 18 ans et qu’elles ne représentent qu’une minorité des étudiants à l’université. Le gavage – une pratique consistant à faire grossir les femmes afin de les rendre plus désirables – et l’excision restent également des coutumes très ancrées dans certaines communautés.

Derrière son clavier, Aïcha, dont la page Facebook est suivie par des milliers d’Internautes, continue donc de prendre la parole malgré les insultes de ses détracteurs et la désapprobation de sa famille. « Mes voisins me disent que toutes les filles de 18 ou 19 ans sont déjà mariées, mais je veux continuer mes études, c’est un droit », explique la jeune femme, qui espère faire ses études à l’étranger.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2017/10/mauritanie-afrique-tradition-modernite-societe-portraits/index.html

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