“C’est la démocratie du peuple !” : en Tunisie, la nouvelle Constitution approuvée à une très large majorité
Un grand oui, mais une faible participation : d’après un sondage de sortie des urnes, les Tunisiens ont approuvé à 92,3% le projet de nouvelle Constitution qui va renforcer les pouvoirs du président Kaïs Saïed, mais 28% des électeurs ont participé à ce référendum.
Pour les Tunisiens qui ont envahi vers minuit l’avenue Bourguiba au centre de Tunis, il n’était plus question de débattre de légitimité, de dictature ou de suffrages exprimés : il s’agissait juste de fêter la naissance de la 3e République. “C’est la plus belle chose qui pouvait arriver à la Tunisie, après douze ans de gabegie, de mensonges !”, s’enthousiasme un passant.
“C’est une grande victoire ! Là, vous avez la vraie démocratie, pas celle des élites, des bien-pensants ou des bourgeois, mais la démocratie du peuple !”
Un passantà franceinfo
Ce 25 juillet devient jour de fête pour la Tunisie, qui célèbre sa nouvelle Constitution, approuvée à la quasi-unanimité : d’après un sondage à la sortie des urnes, réalisé par Sigma Conseil et diffusé par la télévision d’Etat, le suffrage a recueilli 92,3% des voix. Mais seulement un peu plus d’un quart (28%) des électeurs tunisiens se sont déplacés aux urnes. L’opposition au président Kaïs Saied, qui appelait au boycott, redoute une dérive autoritaire : en effet, le nouveau texte lui donnera de vastes prérogatives sans avoir de comptes à rendre.
Ce référendum est vu dans les rues comme un espoir : celui de sortir de la crise politique, qui durait selon cette femme depuis trop longtemps : “On est pour le régime présidentiel. Personnellement, j’étais contre le régime parlementaire dès le départ et j’étais sûre que ça n’allait pas marcher. Et effectivement, depuis dix ans, ça n’a pas marché !” Dans le collimateur de la foule, le parti religieux Ennahda qui était au commande depuis 2011 et dont la gestion est largement critiquée.
L’image d’un homme simple, proche du peuple
Il faut dire que le président Kaïs Saïed jouit d’une importante côte de popularité dans les rues de la capitale tunisienne. “C’est un bon client, assure ce vendeur du souk, il achète des makrouds chez moi.” Il a donc voté oui au projet de nouvelle Constitution , “Je suis bon client, je reste toujours fidèle.” Et l’argument politique est plus profond qu’il n’y paraît. Un président qui aime les gâteaux et le café ne peut pas être un dictateur, assure un autre homme : “Il boit le café avec nous ! Café noir !”
C’est l’une des forces du chef d’Etat tunisien : il a l’image d’un homme simple, proche des gens, et son austérité inspire confiance. “L’essentiel pour moi, c’est qu’il est courageux, qu’il est intègre, souligne un autre passant. Peut-être qu’il sera un bon président.” Mais les élites sont bien plus méfiantes.
“Dans cette nouvelle Constitution [qu’il veut faire approuver], il a tous les pouvoirs exécutifs, les pouvoirs législatifs, les pouvoirs judiciaires et les pouvoirs religieux !”
Hamma Hamami, du parti des travailleurs tunisiensà franceinfo
Et les résultats officiels du scrutin prendront du temps à arriver : on parle de fin août, une fois tous les recours terminés. Trois ans après avoir obtenu le pouvoir démocratiquement, et un an après avoir neutralisé tous les contre-pouvoirs, le président Kaïs Saïed s’apprête donc à bénéficier d’une Constitution taillée sur mesure pour lui.
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