Liban: les violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu fragilisent davantage la trêve
L’armée israélienne a annoncé avoir attaqué des infrastructures militaires du Hezbollah près de points de passages frontaliers entre la Syrie et le Liban, qui étaient, selon elle, « activement utilisées » par le parti chiite pour « transférer des armes ». Ce raid illustre la fragilité du cessez-le-feu conclu entre le Liban et Israël le 27 novembre après deux mois de guerre ouverte, qui a fait 3 900 morts et près de 17 000 blessés au pays du cèdre.
Les violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu se multiplient au Liban, freinant le retour des déplacés et entravant le déploiement de l’armée libanaise, souligne notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Un drone israélien a pris pour cible, ce samedi matin, une voiture dans la région de Tyr, et quatre obus se sont abattus sur la localité de Khiam, dans le secteur oriental de la frontière.
Trois personnes, dont un enfant de sept ans, ont ainsi été blessées dans une frappe israélienne contre un véhicule à Majdal Zoun, dans le sud du pays, a indiqué le ministère de la Santé libanais dans un communiqué ce samedi. L’armée de l’air israélienne a également mené un raid sur « des sites d’infrastructure militaire près de points de passage entre la Syrie et le Liban, utilisés par le Hezbollah pour faire passer clandestinement des armes de Syrie au Liban », après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu mercredi, selon un communiqué militaire.
Dans la nuit de vendredi à samedi 30 novembre, l’armée israélienne a lancé des fusées éclairantes et tiré des rafales de mitrailleuses contre plusieurs localités, alors que le survol du territoire libanais par des drones se poursuit.
L’interprétation israélienne de l’accord de cessez-le-feu mise en cause
Des sources politiques et militaires libanaises expliquent la multiplication des violations par la volonté d’Israël d’imposer son interprétation de l’accord de cessez-le-feu, après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et le mouvement armé libanais soutenu par l’Iran.
Parrainé par les États-Unis et la France, l’accord prévoit le retrait dans un délai de soixante jours de l’armée israélienne du sud du Liban, tandis que le Hezbollah doit se replier jusqu’au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélo-libanaise, et démanteler son infrastructure militaire dans le sud du pays.
L’accord de cessez-le-feu n’accorde pas à l’État hébreu une liberté d’action sur le territoire libanais, mais Israël soutient que ce droit figure dans une annexe qui fait office de garanties, signée avec les États-Unis. Or, le Liban n’est pas signataire de cette annexe et ne s’estime par concerné par son contenu qui constitue, selon lui, une violation de sa souveraineté nationale.
Le chef de l’armée, Joseph Aoun, a exprimé ses craintes de la poursuite des violations israéliennes au général américain censé diriger le comité de supervision de l’application de l’accord de cessez-le-feu. L’officier, arrivé vendredi à Beyrouth, a promis de soulever la question avec la partie israélienne.
Rfi