En Tunisie, Rached Ghannouchi, des responsables politiques et des journalistes condamnés à de lourdes peines de prison

De nombreuses personnalités de la classe politique et de la société civile tunisiennes, reconnues coupables d’ « atteinte à la sûreté de l’État », écopent de 5 à 38 années de prison.

En Tunisie, elle est connue sous le nom d’affaire Instalingo. Le 5 février, une quarantaine de personnalités, accusées d’ « atteinte à la sûreté de l’État », attendaient le verdict. Parmi eux, des journalistes, ainsi que des figures politiques de premier plan, comme Rached Ghannouchi, numéro un du parti Ennahdha (opposition islamiste), ou Hichem Mechichi, l’ancien chef du gouvernement.
En 2021, une enquête avait été ouverte contre Instalingo, une société de production numérique dont les dirigeants sont soupçonnés d’avoir ourdi un complot contre l’État. Déjà condamné dans plusieurs autres affaires, pour « financement illégal » de son parti ou, encore, pour « apologie du terrorisme », Rached Ghannouchi est derrière les barreaux depuis avril 2023. Il a écopé, ce 5 février, d’une peine de 22 années de prison.

Ses avocats ont indiqué qu’en l’ « absence de justice indépendante », leur client avait refusé de se présenter devant les juges. Il était absent de l’audience du 4 février, a constaté une journaliste de l’AFP.

La fille du leader du parti islamiste, Soumaya Ghannouchi, a quant à elle été condamnée par contumace à 25 ans de détention tandis que son mari, l’ancien ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem, s’est vu infliger une peine de 34 ans, par contumace également.

Hichem Mechichi a, lui, été condamné à 35 ans de prison (par contumace), ont indiqué ses deux avocats. S’y ajoutent les journalistes Chahrazed Akacha (27 années de détention, par contumace) et Chadha Hadj Mbarek (5 ans), Mohamed Ali Aroui, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur (13 ans), et Seyed Ferjani, dirigeant d’Ennahdha (13 ans).

Pour certains, ce procès a un caractère éminemment politique. En 2023, Amnesty International avait dénoncé, dans un communiqué, une précédente condamnation de Rached Ghannouchi – laquelle, selon l’ONG, « mettait en lumière une campagne de plus en plus agressive » contre le plus grand parti du pays et s’inscrivait « dans un contexte de répression des personnes dissidentes ou perçues comme étant critiques à l’égard du président, Kaïs Saïed ».

(Avec AFP)

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