L’impact des nouveaux tarifs douaniers américains en Afrique

Les réactions continuent de pleuvoir au lendemain de l’annonce par le président américain Donald Trump des nouveaux tarifs douaniers que les États-Unis entendent imposer au reste du monde. Si la Chine et l’Union européenne figurent en tête de liste, les pays africains sont également dans le viseur de l’administration Trump.

30 % pour l’Afrique du Sud, 21 % pour la Côte d’Ivoire, 14 % pour le Nigeria, 11 % pour la RDC… En Afrique, les nouveaux tarifs douaniers touchent les pays à des degrés différents, mais le Lesotho, grand exportateur de textile vers les États-Unis, reste le plus impacté avec des droits de douane de 50 %.

La mise en place de tarifs réciproques
À partir du 5 avril, ces nouvelles mesures tarifaires incluent un tarif de base de 10 % sur toutes les importations. Des tarifs plus élevés, dits “réciproques”, seront appliqués à certains pays à partir du 9 avril.

L’économiste Modibo Mao Makalou rappelle qu’il s’agit de “mettre en place des tarifs douaniers réciproques pour les nations qui commercent avec les Etats-Unis en vue de réduire le déficit commercial des Etats-Unis”.

L’expert précise par ailleurs qu’ à travers cette mesure “l’administration Trump explique que le commerce entre les États-Unis et certains pays est défavorisé. Nous parlons donc de 180 pays assujettis à cette mesure, avec un tarif plancher de 10 % appliqué à bon nombre d’entre eux…”

La Côte d’Ivoire pourrait souffrir
Des pays comme la Côte d’Ivoire entretiennent des relations commerciales avec les États-Unis.

Pour les exportateurs ivoiriens, notamment de cacao, de caoutchouc ou encore de produits pétroliers, ces nouveaux tarifs douaniers sont un coup dur. Avec 21 % de taxes imposées au pays, leur compétitivité sur le marché américain pourrait être fortement réduite.

Dans ce contexte, il est primordial que l’économie ivoirienne et, plus généralement, africaine se diversifie, selon l’entrepreneur ivoirien Stanislas Zézé, fondateur de l’entreprise de notation financière Bloomfield.

“Il va falloir s’organiser. Premier producteur de cacao, quelle industrie la Côte d’Ivoire va-t-elle mettre en place ? Comment créer un marché local et un marché régional du cacao et de ses dérivés ? La transformation des matières premières n’est plus une question d’amélioration de sa stratégie économique, mais une question de survie. Les pays africains doivent commencer à transformer leurs économies afin d’être indépendants vis-à-vis du reste du monde” précise-t-il.

Stanislas Zézé insiste également sur l’importance pour l’Afrique d’investir, entre autres, dans la recherche et le développement afin de créer ses propres technologies et transformer les économies des pays.

La RDC, exportateur de matière premières
La transformation est également un défi pour un autre grand producteur de matières premières africain : la République démocratique du Congo.

Premier producteur mondial de cobalt, la RDC détient aussi dans ses sous-sols au moins 60 % des réserves mondiales de coltan. Elle compte également parmi les plus grands producteurs de lithium, de tantale et d’uranium, des minerais rares essentiels aux technologies avancées. Ces minerais, qui intéressent les États-Unis, sont au centre des échanges commerciaux entre les deux pays.

La RDC a été une nouvelle fois désignée, comme d’autres pays, éligible à la loi américaine sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) pour l’année 2025.

L’avenir incertain de l’AGOA
L’AGOA (African Growth and Opportunities Act) permet en effet aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter la plupart de leurs produits vers les États-Unis sans droits de douane et sans obligations de réciprocité.

Certains pays, comme l’Afrique du Sud, premier exportateur hors pétrole dans le cadre de l’AGOA avec 3,6 milliards de dollars en 2023 et qui se retrouve avec 30 % de taxes douanières, souhaitent maintenir cet accord commercial, auquel le président américain se montre souvent critique.

Mais avec les nouveaux tarifs douaniers, se pose aussi la question de l’avenir de cet accord commercial qu’est l’AGOA, qui doit en principe être renouvelé cette année. Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, il ne fait aucun doute que les récentes annonces de Donald Trump auront un impact sur l’AGOA, mais pas seulement.

“Ce sont des mesures qui vont restreindre les échanges et augmenter les prix des biens et des services. À moins qu’un nouveau processus de négociation multilatérale ne soit mis en place…”

En attendant, les nouveaux tarifs douaniers annoncés par le président américain ont entraîné beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir des échanges commerciaux.

Auteur: Carole Assignon
https://www.msn.com/fr-xl/actualite/afrique/l-impact-des-nouveaux-tarifs-douaniers-am%C3%A9ricains-en-afrique/ar-AA1Cf5au?ocid=msedgntp&pc=U531&cvid=e16605e1deee45118a0e8f374b8c88d1&ei=14

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