Présence de l’armée marocaine à « Laguera » : A qui profite la fausse info?
La rumeur (infondée) de l’entrée de l’armée marocaine dans la bourgade de “Laguera” a fait le tour des rédactions avant de faire celui du monde. Des rédactions réputées « sérieuses» en Europe se sont même fait l’écho du «scoop » sans chercher à faire le moindre recoupement. C’est donc le lieu de se demander, avec le recul, à qui profite cette rumeur qui s’est propagée comme une trainée de poudre ?
Aucun signe, ni du côté mauritanien, encore moins du côté marocain, ne corrobore l’entrée de forces militaires marocaines à Laguera, petite ville bourgade, à un jet de pierre de Nouadhibou, centre névralgique de l’économie du pays. « Laguera » est d’ailleurs depuis le coup d’Etat de 1978 contre l’ancien président Mokhtar Ould Daddah, transformée en camp militaire par les autorités mauritaniennes en attendant une issue à l’affaire du Sahara Occidental. Un bunker fermé à toutes les activités civiles.
La rumeur semble être partie de source « non officielle » du polisario relayée par des médias qui lui sont proches. Mais c’était évidemment une “fake news” (ou infotox) dont le but est de jeter le doute au sein de la relation entre le Maroc et la Mauritanie ; après l’affaire de Guergarate visant à sortir la Mauritanie de son non-alignement sur les thèses en conflit. Cette rumeur est surtout lancée après le discours du 20 août 2022 de Sa Majesté Mohammed VI insistant sur le fait que « le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international » et «…l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit» avait soutenu le souverain alaouite. Certaines officines ont voulu lier ce discours à la volonté du Maroc de reprendre «Laguera». Elles n’ont en tout cas perdu le temps pour faire cette fausse jonction.
Cette nouvelle «affaire » intervient aussi au moment où la Tunisie, sous le président Kassi Saied, semble se rapprocher des thèses algériennes sur cette question. Le président tunisien est même allé jusqu’à recevoir mercredi «avec les honneurs» le chef du Polisario, Brahim Ghali, à l’occasion de la tenue de la conférence Afrique-Japon (TICAD), hébergée par la Tunisie. Un « accueil officiel » que le Maroc voit d’un mauvais œil. Il a, en effet, aussitôt rappelé son ambassadeur à Tunis pour consultations.
Outre les relents idéologiques révisionnistes de l’actuel président tunisien, il ne faut certainement perdre de vue que l’Algérie, déjà présente sur le dossier libyen, sensible pour la Tunisie, est devenue, ces derniers temps, l’un des principaux pourvoyeurs financiers du régime tunisien enfoncé dans d’inextricables problèmes politiques et économiques.
L’écho donné par la visite de Brahim Ghali, SG du Front Poliario, en Tunisie ne peut cacher la succession de retraits de reconnaissance de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique) en Amérique Latine, principal soutien politique au Polisario, à l’échelle internationale. Mais il enfonce encore davantage le Maghreb et l’Afrique dans leurs divisions internes alors que le président de l’Ua, le président sénégalais a déjà dit regretter l’absence du Maroc à la conférence avec le Japon du fait d’aléas organisationnels !!
En Mauritanie, il y a presque toujours eu consensus sur cette question de neutralité officielle entre les belligérants ; une neutralité observée par tous les régimes mauritaniens même si elle n’est pas toujours bien comprise par ses grands voisins. L’actuel gouvernement, en tout cas, a encore poussé cette neutralité -souvent passive des précédents régimes- à une proposition de neutralité positive afin d’aider les pays concernés et la communauté internationale à trouver les ressorts idoines pour sortir la sous-région de ce bourbier qui plante la construction du Maghreb et divise profondément le Continent. Contre cette offre pacifique, la Mauritanie est souvent placée dans des positions désobligeantes par les belligérants quand elle ne fait pas simplement l’objet d’une citation fallacieuse dans l’autre guerre des protagonistes : celle de la communication.