Bande de Gaza: l’arme israélienne de la faim

Les regards se sont portés ces deux dernières semaines sur la guerre déclarée par Israël à l’Iran. Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, le nombre de morts n’a cessé d’augmenter, dépassant désormais les 56 000. Outre la guerre, « l’aide alimentaire officielle », qui échappe aux acteurs traditionnels, est devenue une véritable arme pour Israël.
Dans la bande de Gaza, depuis le 7 octobre 2023, les drames s’ajoutent aux drames. Le déclenchement par Israël d’une nouvelle guerre sur un nouveau front du 13 au 25 juin n’a pas fait cesser le massacre en cours. Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier ce qui s’y passe, le terme de génocide étant, entre autres, de plus en plus utilisé par certains États. Depuis le 2 mars et la fin du cessez-le-feu déclaré unilatéralement par Israël, l’arme de la faim est utilisée au même titre que les armes létales. « Il n’existe plus de famines naturelles dans le monde ; il ne reste que des famines politiques. Si des gens meurent de faim […] c’est que certains hommes politiques l’ont voulu », écrivait en 2015 l’universitaire et historien Yuval Noah Harari dans Homo Deus.
Parmi les nombreuses déclarations affirmant clairement ce projet, celle du ministre de la Défense, Israël Katz. « Aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza », a-t-il déclaré mi-avril malgré de multiples mises en garde contre une famine massive émises par des ONG et des instances internationales. En août 2024, le ministre des Finances Bezalel Smotrich avait déjà affirmé qu’il « serait justifié et moral de laisser mourir de faim 2 millions de Palestiniens à Gaza pour libérer des otages ».
Mourir de faim ou de risquer d’être tué en essayant d’obtenir de la nourriture
Fin mai, Israël, après avoir mûrement réfléchi, a pourtant annoncé assouplir le blocus total imposé au territoire palestinien deux mois auparavant, blocus ayant entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Une décision qui n’a fait qu’amplifier la peur de la mort pour les Palestiniens. Et pour cause.
Les autorités israéliennes ont mis en place un mécanisme de distribution d’aide piloté par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), un organisme au financement opaque soutenu par Israël et les États-Unis mais avec lequel l’ONU et les ONG humanitaires refusent de travailler émettant des doutes sur sa neutralité. La GHF, dont l’actuel PDG est un dirigeant évangélique proche du président américain Donald Trump et du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, dit avoir distribué près de 40 millions de repas – quantités très insuffisantes au regard des besoins – depuis le début de ses opérations, mais son déploiement a été marqué par des scènes chaotiques.
Ces points de distribution américano-israéliens – quatre pour plus de deux millions d’habitants, installés dans des zones militarisées, ont la taille d’un terrain de football et sont entourés de postes d’observation, de talus de terre et de barbelés. Ils sont devenus de véritables pièges pour les Palestiniens. Le 18 juin, plus de 60 personnes ont encore été tuées et des centaines blessées lorsqu’un char a tiré sur une foule rassemblée dans l’attente de camions d’aide. Pour assurer la sécurité de ses centres, la fondation a recours à des contractuels armés.
« GHF, c’est un piège, c’est sûr, alerte Jean-François Corty*, président de Médecins du monde. Mais c’est aussi un dispositif qui n’a rien d’humanitaire pour des raisons de principes, d’actions, de missions sociales qui ne renvoient pas à ceux de l’action humanitaire contemporaine. C’est l’incarnation de ce qu’est la privatisation, la militarisation de l’aide. C’est géré par des mercenaires sous supervision de l’armée israélienne et dans ces conditions, ils ne répondent pas aux principes d’impartialité, d’indépendance, de désintéressement, puisqu’ils sont des opérateurs de parties prenantes au conflit. »
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