Gaza : Genèse d’un génocide programmé– L’avant 7 octobre 2023

Le 7 octobre 2023 marque un tournant. L’attaque du Hamas, qui a coûté la vie à environ 1 200 Israéliens — soldats et civils — et entraîné la capture de 240 personnes, a déclenché une « riposte » militaire israélienne plus cruelle. Très vite, ce qui fut présenté comme une opération de défense s’est mué en une guerre punitive, ciblant massivement les populations civiles de Gaza. L’image d’Israël en tant que victime s’est érodée, laissant apparaître un État-bourreau menant un nettoyage ethnique.

Une attaque attendue ?
Des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, pour remettre en question la surprise supposée d’Israël face à l’assaut du Hamas. Gaza, hyper-surveillée, est un territoire sur écoute constante : satellites, drones, renseignement humain et électronique. Comment une opération de cette ampleur aurait-elle pu passer inaperçue aux yeux du Mossad ou du Shin Bet ? La question dérange, mais elle persiste : Israël a-t-il laissé faire pour justifier une guerre totale ? Nombre d’observateurs croient en cette thèse.
Pour Benyamin Netanyahou, englué dans une grave crise politique interne et contesté dans la rue, l’attaque du Hamas a représenté une opportunité politique. En relançant une guerre, il a trouvé un levier autour d’un ennemi commun et faire taire les critiques internes. Mais au-delà de la manœuvre politique, c’est une vision idéologique ancienne qui ressurgit : celle du “Grand Israël”, incompatible avec une solution à deux États que Netanyahou avait lui-même balayée du revers de la main.
Le conflit israélo-palestinien n’a rien de nouveau. Il est le plus ancien conflit non résolu de l’ère contemporaine. Depuis la Nakba de 1948, lorsque 700 000 Palestiniens furent expulsés ou contraints à fuir leur terre natale, les droits des Palestiniens n’ont cessé d’être bafoués. Selon l’historien israélien Ilan Pappé, auteur de Nettaoyage ethnique, 700 000 Palestiniens ont ainsi été chassés de leur pays 774 localités palestiniennes ont été vidées de leurs habitants, en 1948, accompagnées de massacres et de destructions massives.
Depuis lors, les Nations unies ont adopté de nombreuses résolutions appelant à la fin de l’occupation, au respect du droit international, à la création d’un État palestinien viable. Mais elles ont été systématiquement ignorées par Israël, et bloquées par le véto américain au Conseil de sécurité. La solution à deux États, consacrée par les accords d’Oslo en 1993, n’a jamais véritablement été mise en œuvre. L’assassinat d’Yitzhak Rabin, principal artisan côté israélien, a ouvert la voie à l’ascension de Netanyahou et à la radicalisation de son pouvoir, assis sur le soutien des juifs ultraorthodoxes.

La dérive autoritaire et expansionniste
Soutenu par une coalition ultraorthodoxe et nationaliste, et appuyé par les États-Unis – qu’ils soient dirigés par des démocrates ou des républicains – Netanyahou a poursuivi une politique d’annexion de facto. Les colonies en Cisjordanie ont explosé, le blocus de Gaza s’est renforcé, et toute perspective d’un État palestinien indépendant a été méthodiquement sapée.
L’attaque du Hamas en 2023 a été utilisée comme prétexte à une campagne de destruction massive : écoles, hôpitaux, infrastructures civiles, sans oublier les milliers de morts, majoritairement des femmes et des enfants. La stratégie n’est plus militaire, elle est punitive. Elle vise à rendre Gaza invivable, à pousser les habitants vers l’exode. Une stratégie de déplacement forcé aux allures de crime contre l’humanité pour lancer le projet foncier “La Riviera”?!

Israël : Une image qui se fissure
Pourquoi un tel silence des dirigeants Occidentaux ? Pourquoi une telle indulgence face à des chiffres accablants ? Entre 2008 et 2020, selon l’OCHA, plus de 5 600 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, et plus de 115 000 blessés. En 2014, l’opération “Bordure protectrice” avait déjà fait plus de 2 000 morts. En avril 2025, 9 400 Palestiniens, dont 3 600 détenus administratifs (sans procès ni accusation), croupissent dans les prisons israéliennes, y compris des mineurs.
Mais l’Occident, paralysé par la crainte d’être accusé d’antisémitisme, évite toute critique frontale. L’amalgame entre critique du sionisme et haine des juifs empêche un débat serein, au détriment des principes universels de justice et de droit.
Cependant, les lignes bougent. Le mythe d’un Israël “seul pays démocratique du Moyen-Orient” s’effrite. Les mobilisations citoyennes, les voix d’ONG, les dénonciations devant la Cour pénale internationale, redessinent le narratif dominant. Même aux États-Unis, bastion historique du soutien à Israël, des fissures apparaissent dans l’opinion publique.
Netanyahou, aujourd’hui persona non grata dans de nombreux pays, a entraîné son pays dans une spirale destructrice. À force de vouloir écraser Gaza, il a révélé au monde un visage d’Israël plus brutal que jamais.
Deux ans après le début de cette guerre, les espoirs d’une paix durable semblent encore lointains. Mais une chose est certaine : cette guerre aura brisé le monopole narratif israélien. Gaza, martyrisée, continue de résister, et avec elle, l’idée que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut éternellement être piétiné. Le soutien des opinions publiques occidentales est en cela un tournant historique.

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