International: la France et Nous!

Tantôt incestueuse, tantôt passionnelle, toujours polémique, la relation de la France avec ses anciennes colonies traverse aujourd’hui une aire de turbulence.
A la limite du tumulte, la relation historique – pourtant paradoxale jusqu’à l’ambiguïté totale- de la France avec l’Afrique, n’a pas encore donné tout le secret de son ébullition. Est bien malin d’ailleurs qui sait percer le mystère de cette relation qui tangue entre l’osmose sereine et le divorce fracassant, dans ce couple à maints visages.
La décision de la France d’interdire d’entrée et de séjour sur son territoire de Nathalie Yamb relance encore le débat sur la question dialectique entre la France et ses anciennes colonies et plus généralement d’ailleurs entre tous les anciens colonisateurs européens.
Le complexe (ou la complexité) de la décolonisation a traversé l’histoire récente sans en baliser les contours de communauté de destin. Or, malheureusement, la France officielle reste incapable de se regarder dans le miroir. Elle se verrait très laide, pensent ses contradicteurs. Beaucoup de pans d’histoires inassumées volontairement reléguées à l’oubli. Cette politique de l’autruche a, sans nul doute, créé des suspicions, généré des incompréhensions et pourri la confiance des gouvernements et des populations.
Pour colmater les brèches béantes de la décolonisation, la France –et tous les anciens colons européens- a encore sévi par le maintien d’un pré-carré dans une logique stratégique pour faire main basse sur les richesses nationales de ses anciennes colonies. Face au rempart psychologique qui, petit à petit, se dressait, avec elle, cette France-là a bien occulté le désir des africains sous sa coupe de vivre dignes, indépendants… En continuant à couver cette logique implacable, la France officielle, toujours elle, a créé le germe d’une contestation d’un héritage francophone commun auquel continuent de s’accrocher des centaines de millions d’africains.
A ce constat, il faut, pour l’honnêteté, ajouter chez les africains que nous sommes la recherche effrénée du bouc-émissaire. La France terre de Lumières et d’asile a accueilli des millions d’enfants d’Afrique et a donné, pour certains, les moyens de leur émancipation politique et économique. Beaucoup plus d’ailleurs de droits qu’ils n’auraient jamais eus chez eux. Les anciens pays colons ont trouvé quelque part des ressorts pour entretenir et faire intégrer des populations venues d’anciennes dépendances ou nées sur leurs territoires. Même si la France continuait d’être empêtrée dans l’instabilité politique sur le Continent et que certains pourraient prétendre qu’elle donnait de la main droite ce qu’elle reprenait de la gauche, elle a permis à nombre des enfants d’Afrique d’«apprendre (…) l’art de vaincre sans avoir raison»*. L’histoire bégaye, dit-on. Beaucoup d’africains retrouvent soudainement la mémoire et s’érigent en panafricanistes juste pour soutenir des potentats qu’ils risquent de vouer aux gémonies au futur putsch. Ils participent sciemment au jeu d’influence de forces étrangères sur le Continent et prennent bien sûr rôle de pions sur l’échiquier. C’est aujourd’hui l’une des principales raisons de tant de haine et d’attaques contre la France. Celle-ci connait actuellement des rapports sont bien envenimés avec l’Afrique et à cause de la multiplicité des coups d’Etat dans notre sous-région. Mais il faut reconnaitre également l’attitude ambiguë de la France qui, parfois, condamne, et d’autres fois, soutient avec la dernière énergie les révolutions de palais africains. Tant que les relations politiques France-Afrique ne sont pas assainies, elles seront toujours entachées par des brebis galeuses.

*L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane

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