Politique : Ghazouani vs Aziz, portraits croisés !

Difficile de comparer deux hommes qui, malgré les similitudes de leurs régimes, conservent, chacun, son propre profil. Quelle perception a aujourd’hui l’opinion publique, à une encablure de prochaines élections, de chacun de ces deux frères «ennemis» ?

Il serait d’emblée injuste de faire le parallèle d’un président en exercice, même s’il n’a pas peut-être brillé par son action, et un autre déchu qui, nonobstant sa présomption d’innocence, est poursuivi pour indélicatesse avec les ressources publiques.

Même les plus pessimistes ne pensaient pas, un moment, que les frères d’armes qu’étaient le président Mohamed Ghazouani et son prédécesseur et ami de 40 ans, Mohamed Abdel Aziz, allaient en arriver à ce stade d’animosité politique. Au contraire, la relation semblait être faite pour durer. Alors à qui la faute dans ce divorce consommé?

Tentative avortée de prendre le président par la bride !

Il est très certainement aisé de dire qu’au lendemain de l’élection du président Ghazouani, en août 2019, l’ancien président, Mohamed Ould Abdelaziz, était tenté, par ses actes, de faire ombrage à son ami et de continuer dans l’ombre à manœuvrer comme véritable timonier. Mais comme il le sait sans doute plus que d’autres, « le pouvoir ne se partage pas». Et le «marabout » n’entendait certainement pas s’en faire compter. Une atmosphère qui a vite eu raison de la fraternité entre les deux hommes avant d’éclore au grand jour avec la lutte pour la mainmise sur le parti « UPR » (rebaptisé INSAF) et la mise en place de la commission d’enquête parlementaire qui visait l’ancien président et marquait de fer un point de non-retour entre les deux hommes. En se créant beaucoup d’ennemis, l’ancien président Aziz n’en attendait certainement pas de cadeau. Nous le vivons à chaque changement politique, quand le taureau tombe, les couteaux sortent !
La suite des péripéties judiciaires de l’affaire dite de la «décennie» a complètement enfoncé le clou dans cette relation citée en «exemple», notamment depuis la balle amie de « Tweyla » mais elle finira par se ponctuer par l’embastillement de l’ancien président dans une résidence surveillée à Nouakchott de juin 2021 à septembre 2022.

« Moufisidines », le cheval de Troie dans le système Ghazouani

Dans ce qui tient d’enquête Ould Abdelaziz est pratiquement -si l’on exclut son entourage familial direct- le seul homme au box des accusés. Sur une liste de 300 personnes dont ses plus proches collaborateurs qui ne juraient que par lui, l’affaire se focalisait uniquement sur l’ancien président. D’où une perception au sein de l’opinion publique d’une «justice à deux vitesses» et d’un règlement de compte «politique». De quoi égayer l’ancien président qui tenait coute que coute à transformer son cas en une affaire de harcèlement politique. C’est d’ailleurs le maitre-mot de sa tournée en Europe depuis sa libération après la fin du délai légal de résidence surveillée, le 14 septembre dernier.

Aziz toujours bien vu par une certaine opinion

Rien n’y fait, la communication du président Mohamed Ghazouani est plombée depuis le début. Malgré ses promesses (Taahoudati) et son engagement personnel à moraliser la vie publique, le président Ghazouani, déjà peu gâté par les circonstances à son avènement aux commandes du pays (héritage de l’ancien président, Covid19 et maintenant crise ukrainienne) a fait des choix impopulaires avec la réhabilitation des principaux collaborateurs de l’ancien président. Les erreurs fatales du président en exercice alors que sa communication reste désastreuse donnant l’impression que l’enquête judiciaire sur les deniers publics pendant la décennie écoulée ne concernait que Aziz. Ce dernier pourtant, en apparences, bien plus belliqueux que le président Ghazouani, soupçonné de pacifisme, semble toujours apprécié dans l’opinion. Pour le commun des mortels, son «bilan», ses « réalisations » dans tous les domaines de la vie publique, occulteraient, dans l’opinion, les accusations dont il est accablé aujourd’hui.
L’ancien président en est conscient et c’est pour cette raison qu’il cherche toujours –sa tournée en Europe en est une manifestation- à garder le lieu de proximité avec ses compatriotes. «Je continuerai à jouer un rôle politique » a-t-il dit comme pour narguer le régime en place appelant de tous ses vœux un procès « juste et équitable » pour se blanchir. Les relations entre Ghazouani et Aziz -les deux hommes sont nés en décembre 1956- ne risquent pas de se normaliser sous peu.

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