Politique : Qui sont ces anciens présidents du Parlement décorés à titre posthume ?

Le président de l’Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, a décoré, à titre posthume, mercredi, quatre de ses prédécesseurs à la présidence de l’Assemblée nationale. Il a également décoré d’autres députés dans le sillage de la commémoration du 62ème anniversaire de l’Indépendance nationale. L’histoire de ces personnalités est évident liée à une période politique fondatrice de notre pays. On ne les présente, sans doute, plus à leurs contemporains mais aussi c’est l’occasion de leur rendre hommage et surtout de tenter de montrer, à travers leurs parcours politiques, comment ils ont contribué, avec des fortunes diverses, en leur temps, à l’enracinement du jeu démocratique et institutionnel dans notre pays.
Le premier des présidents décorés à titre posthume, en fonction de la prise de fonction, est feu Sidi El Moctar Yahya N’Diaye. Sa distinction a été remise à sa fille Soukeina Sidi El Moctar Yahya N’Diaye. Né le 13 septembre 1916 à Atar, Sidi El Moctar Ould Yahya N’Diaye, est un homme politique mauritanien qui avant la mise en place de l’AN avait été élu, de 1951 à 1959, député à l’Assemblée Nationale française (quatrième et Vème République). Il y a remplacé Horma Ould Babana, élu député en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale dans le cadre de la «loi Defferre» et président du parti de « L’Entente». Ould Yahya N’Diaye s’est âprement battu pour que la Mauritanie actuelle conserve sa place. Sidi El Moctar Ould Yahya N’Diaye avait fondé avec l’ancien président, feu-Mokhtar Ould Daddah, le parti de l’Union progressiste mauritanienne (UPM) en 1948. C’est lui-même qui proposera Mokhtar Ould Daddah pour veiller aux destinées du pays. L’UPM sera phagocytée, à l’issue du congrès d’Aleg, en même temps que d’autres partis de l’époque pour fonder le PPM auquel préside le nouveau président, Mokhtar Ould Daddah. Sidi El Moctar Yahya N’Diaye est élu président de l’Assemblée constituante jusqu’en 1961. Lorsqu’en 1964, il refuse l’hégémonie du PPM, du système présidentialiste concocté par feu Mokhtar Daddah, il est exclu du PPM (en même temps que Souleymane Ould Cheikh Sidiya) par le président Molkhtar Ould Daddah.
Connu et respecté, il a connu une longue retraite après la mise en place du FND jusqu’à son décès le 25 janvier 1997 à Saint-Louis.

Hamoud Ould Ahmedou. Originaire de Timbedra, jamais consensus politique, en cette période trouble, n’avait été trouvé avant l’accession de Hamoud Ould Ahmedou aux commandes du perchoir de l’Assemblée nationale, remplaçant Sidi El Moctar Ould Yahya N’Diaye.
Hamoud Ould Ahmedou caressait, semble-t-il, le projet de créer un nouveau parti jusqu’à ce Mokhtar l’apprenne et décide de le booster tuant dans l’œuf le projet du parti des « gens du Chargh ».
La suite a été facile car, en effet, en raison de ses positions conciliantes avec tous les bords politiques, Hamoud Ould Ahmedou a réuni les votes d’une majorité écrasante de son groupe parlementaire au détriment de Cheikh Saadbouh Kane pourtant émanation du bureau politique national du PPM.
Hamoud Ould Ahmedou reste un homme politique de première heure. Cela ne l’a pas empêché de se faire élire député en 1990 sous l’ère de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Il fait donc partie de cette première génération de cadres qui ont connu les nombreux spasmes qui ont entouré la naissance du pays. Il est décédé à Nouakchott en 2009. Son fils Ahmedou Hamoud Ahmedou a reçu sa médaille de reconnaissance des mains de l’actuel président, Cheikh Ould Baya.
Souleymane Ould Cheikh Sidya, fut aussi un président éphemère de l’Assemblée nationale en 1963. Petit-fils et enfant prodige de Cheikh Sidiya El Kébir, Souleimane Ould Cheikh Sidiya était une notabilité respectée et aimée. Ancien sénateur de la Communauté Mauritanienne délégué au sénat français et ancien ambassadeur de la Mauritanie à Washington, Souleymane Ould Cheikh Sidiya a été désigné président de l’Assemblée Nationale. Le 10 octobre 1953, au nom de l’UPM, Ould Cheikh Sidiya est déjà élu à l’Assemblée de l’Union Française et siège en 1957, aux côtés d’Yvon Razac au Grand Conseil de l’AOF (Afrique Occidentale Française). Les mêmes raisons tumultueuses en relation avec la crise avec Sidi El Mokhtar Ould Yahya N’Diaye au sujet de la mise en place du parti unique –PPM et l’absence de concertations exaspèrent les relations de Souleymane Ould Cheikh Sidiya avec Mokhtar Ould Daddah. Accusé de faire parfois ombrage à la personne de l’ancien Chef de l’Etat qui quoi qu’appartenant au même « Ensemble », Souleymane Ould Cheikh Sidiya était bien distingué. Et sa renommée avait traversé les frontières. Souleymane tente, avec Sidi El Moktar, et Bouyaghi Ould Abidine, un autre homme politique de grande valeur de cette époque-là, de créer le parti du Front National Démocratique. Un parti qui sera interdit par le président Mokhtar Ould Daddah déjà sous l’emprise d’une perception arbitraire à travers la création d’un parti Unique. Malgré leur retrait des commandes politiques, les deux hommes ont conservé leur autorité morale dans toutes les régions du pays.
Tout comme son ami, Sid’El Mokhtar, Souleymane Ould Cheikh Sidiya, prendra sa retraite avant l’avènement des militaires. Il décède en 1995, deux ans plus que Ould Yahya N’Diaye. La décoration de Souleymane Ould Cheikh Sidiya, connu aussi pour ses actions de grande générosité, a été remise à sa fille Oum kelthoum Souleymane Cheikh Sidiya.

Président de l’Assemblée nationale entre 2001-2005, Rachid Ould Saleh, qui émargeait au groupe des « nasséristes » mauritaniens, est sans doute l’une des personnalités politiques les plus sages du règne de l’ancien président Maaouoya Ould Sid’Ahmed Taya. Né en 1942 dans le Hodh Gharbi (Aioun), cet enseignant invétéré, décédé à 75 ans, a doucement gravi les échelons un à un jusqu’à sa nomination en 1982 DG de l’Agence Mauritanienne d’Information, ensuite gouverneur et membre en 1988 membre du secrétariat permanent du comité militaire. Un poste où il se distinguera nouant les alliances politiques pour rejoindre le sommet de l’Etat (1989, secrétaire d’état à l’alphabétisation, 1992 ministre du commerce, 1993-2001 ministre de la communication et des relations avec le parlement). Véritable commis de l’Etat, Rachid Ould Saleh, en dépit du pouvoir dont il était investi de son vivant par l’ancien président, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, a toujours su garder des rapports cordiaux avec les autres protagonistes politiques. Sa médaille a été remise, à titre posthume, à son fils Mouamar Rachid Saleh.

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