Essor de l’élevage : Prendre le taureau par les cornes

Comme l’on pouvait s’y attendre, la tenue du second conseil des ministres décentralisé, à Néma, cette fois-ci, a été focalisée sur le secteur de l’élevage, activité de prédilection dans toute la région. Le gouvernement tente ainsi de faire l’état des lieux du secteur de l’élevage. Un secteur qui a, non seulement, souffert des mentalités de ses acteurs (élevage extensif) mais aussi des déficiences des politiques publiques et de mauvaise gouvernance du secteur.
C’est donc pour inverser cette tendance à l’agonie d’un secteur porteur que les autorités publiques, avec des partenaires techniques et financiers généreux, tentent aujourd’hui de relancer le secteur qui regorge de potentialités encore en friche. Malgré sa vulnérabilité, en raison des déficits hydriques et de difficultés de pâturage, l’élevage reste l’activité agropastorale la plus importante dans toute la région.
Les dernières estimations du secteur de l’élevage font état d’un cheptel de 24 millions d’animaux (bovins, camelins et petits ruminants) dont la croissance est évaluée à 3.5pc. L’importance du secteur qui occupe 11% de la population active et contribue pour 9% du PIB est donc une évidence.
Tout le monde se souvient, qu’en avril 2021, le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, lui-même est descendu dans l’arène pour lancer, à Timbedra, la première édition de la foire nationale des ressources animales. La veille de cette importante manifestation, le président avait même annoncé la mise en place d’un fonds pour la promotion du développement de l’élevage avec un financement initial de huit milliards d’UM. L’engagement personnel du président a, sans doute, servi comme déclic auprès du secteur privé mauritanien qui a promis monts et merveilles.
L’engagement des autorités politiques pour redynamiser ce secteur a tout de suite été soutenu par des partenaires comme ceux de l’Alliance Sahel ; appui obtenu lors de la réunion pour la mobilisation de financements extérieurs de la Stratégie régionale de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCRAPP) du Hodh Ech Chargui. Le secteur de l’élevage reçoit aussi le soutien du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS, aujourd’hui à sa seconde phase) que finance la Banque Mondiale.
L’objectif visé par la foire de Timbedra est de favoriser l’investissement dans le secteur de l’élevage et ses différentes filières. La promotion et la diversification de la production de lait notamment sont aussi des gages à la sécurité alimentaire. Car, et rien que pour la filière lait, la Mauritanie continuerait d’importer 60% de ses besoins en lait auprès de pays européens.
C’est donc dans cette perspective qu’il faut peut-être entrevoir la tentative de remettre en marche l’usine de la Société Mauritanie de Produits Laitiers de Néma.
En attendant le décollage du secteur, l’émergence de l’élevage tient encore à des mesures d’aménagement et «d’allègement de taxes sur les équipements, à une politique de subvention adéquate et à la mise en place des pôles intégrés de développement de l’élevage». Tout un programme. Combien de temps cela prendra-t-il encore pour qu’enfin les conditions soient remplies ?
JD

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