Réforme du FCFA, nominations à la tête des institutions communautaires…au menu du sommet de la CEMAC le 17 mars prochain
Les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) sont convoqués à Yaoundé le 17 mars prochain par Paul Biya, le président du Cameroun.
La Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ne s’est plus réunie depuis août 2021. Mais tous les signaux du sommet attendu depuis décembre 2022 sont désormais au vert. Dépêché par le président de la République, Paul Biya, les ministres des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, et des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella ont fait le tour des 6 pays pour remettre un pli fermé à chacun des chefs d’Etat de ces pays. Le contenu de ces enveloppes n’a pas été révélé par les émissaires de Paul Biya, mais il ne fait aucun doute que ce voyage s’inscrit dans la perspective de la tenue à Yaoundé du 15e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac que va accueillir Yaoundé le 17 mars prochain. Ce serait la première rencontre physique pour les dirigeants de la sous-région depuis le sommet de novembre 2019.
Passage de témoin
Les enjeux de cette rencontre sont multiples, à commencer par le changement de leadership à la tête de la Conférence des chefs d’Etat, qui revient, conformément au principe de rotation alphabétique des postes adopté par la communauté le 17 janvier 2010, au président centrafricain Faustin Archange Touadera, après le Cameroun. Élu à la présidence de cette instance en mars 2019 pour un mandat de deux ans, Paul Biya aurait en effet dû passer la main depuis mars 2021. Son remplacement va s’accompagner d’un vaste mouvement à la tête des institutions communautaires dont les actuels dirigeants ont été nommés le 31 octobre 2017 à Ndjamena.
Premier pôle de mutation, c’est la Commission de la Cemac. Le poste de Président, actuellement occupé par le Gabonais Daniel Ona Ondo (2017-2022) devrait revenir à un équato-guinéen. Un circule déjà dans les couloirs de la haute administration de Malabo, celui de Baltasar Engonga Edjo, neveu du chef de l’Etat et ex-ministre d’Etat chargé de l’Intégration régionale de Guinée équatoriale. Les 5 autres membres de la commission à savoir la tchadienne Fatima Haram actuelle vice présidente et les commissaires Shey Jones Yembe(cameroun), Clément Belibanga(RCA), Michel Niama(Congo) et José Antonio Edjang(Guinée Équatoriale) seront également appelés à libérer leur fauteuil.
Dans les changements à entériner par les dirigeants politiques de la communauté, le Cameroun hérite entre autres de la présidence de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf), après le Tchad. Les indiscrétions désignent trois favoris pour cette fonction : Jacqueline Adiaba, Jean Claude Ngwa et Eugène Blaise Nsom. La première qui est actuellement en service au sein de cette institution fait office de favorite. Cette banquière a occupé la tête de la Direction des marchés de l’ex Douala Stock Exchange avant de rejoindre la Cosumaf au moment de la fusion. Discrète et humble, Jacqueline Adiaba jouit d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années sur les marchés financiers. Jean Claude Ngwa également n’est pas à exclure de la liste des favoris au vu de son expérience. Le tout premier DG de la Bvmac version unifiée connaît bien le secteur de la régulation puisqu’il a été secrétaire général de la Conférence inter-africaine des marchés d’assurances (Cima), le gendarme des assurances en Afrique centrale et de l’ouest, puis président de la Commission des marchés financiers (CMF), le régulateur du défunt marché financier camerounais.
Réforme du FCFA
La question monétaire ne saurait être élaguée tant elle anime les passions dans la zone Franc depuis quelques années. Le 22 novembre 2019, les chefs d’Etat avaient mandaté la BEAC et la Commission de la CEMAC « d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération » monétaire avec la France » et de leur proposer « dans les délais raisonnables », un schéma approprié conduisant à l’évolution d’une monnaie commune. Une option qui fut à l’époque diversement appréciée : démarche prudente, méthodique et raisonnable pour les uns, «fuite en avant», «procrastination», et même «ponce-pilatisme» pour d’autres.
Depuis lors, aucune information n’a filtré dans l’espace public au sujet des travaux y relatifs. Selon Jeune Afrique un rapport confidentiel a pourtant déjà été élaboré par les instances mandatées et sera présenté le 17 mars prochain lors du sommet de Yaoundé. Les rédacteurs du rapport y suggèreraient « la clôture du compte d’opérations dans les banques de France » et le « rapatriement des réserves de change au siège de la Banque Centrale » à l’image de la mutation opérée en zone UEMOA.
« Le document préconise à court terme, notamment, de changer la dénomination de la monnaie des pays de la Cemac. « Sous réserves de votre préférence, la nouvelle appellation de la monnaie pourrait être choisie selon des critères qui renvoient au caractère intégrateur ou au patrimoine culturel et historique de notre sous-région. » Sont par exemple proposés : Mac (monnaie de l’Afrique centrale), Fura ou Toumaï. » indique le média panafricain basé à Paris.
Le confrère évoque également le « retrait progressif des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Banque centrale » peut-on lire. Des propositions sur lesquels les chefs d’États seront appelés à se prononcer. Toujours est-il que la région, dont la balance des paiements reste structurellement déficitaire entrainant des cycles répétitifs d’instabilité extérieure de sa monnaie et de menace de dévaluation, a grand besoin de dépoussiérer sa relation monétaire avec la France. L’UEMOA ayant décidé d’avancer sur la question, même à petits pas, son expérience sera particulièrement guettée en Afrique centrale. Astucieusement, les pays de la CEMAC veulent tirer avantage des leçons tirées des éventuels faux pas de cette région jumelle.
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