Silence électoral: Et maintenant place au vote!

Vendredi, le silence électoral est observé en Mauritanie pour permettre aux militants et sympathisants de 25 partis en lice pour les élections législatives, régionales et municipales de reprendre leur souffle avant d’aller à l’isoloir. Un scrutin déterminant la veille de l’élection présidentielle de 2024.
Pendant deux semaines, les mauritaniens ont vécu au rythme d’une campagne politique effrénée pour exprimer leur soutien aux différents candidats engagés pour les élections législatives, régionales et municipales prétendant à leur confiance le 13 mai 2023. Plus de 1300 listes étaient en course pour un électorat d’1 million 785.000 électeurs. Ce fut –peut-on regretter- une campagne où le grand absent fut le débat sur des programmes et sur des idées novatrices pour sortir le pays de l’ornière. Pire, très souvent, notamment dans notre capitale économique, le discours est allé très bas dans des invectives et des menaces fortuites. Un dérapage dont les acteurs auraient pu se passer pour leur propre crédibilité.

«El Insaf » seul contre tous

Curieusement, le parti au pouvoir « El Insaf » (ex-UPR) est le parti qui focalise la concurrence de toutes les formations politiques. Entre ses adversaires traditionnels et ses ex-partenaires politiques qui formaient avec lui, la veille de ces élections, la Majorité. Cet état de fait est probablement à l’origine de la grande artillerie déployée par «El Insaf » pour drainer en sa faveur une majorité écrasante de l’électorat. Ces élections restent, en effet, un baromètre à l’aune duquel se feront les projections pour la présidentielle 2024 qui pointe déjà à l’horizon.
Si en général, la campagne électorale s’est résumée à des regroupements d’inconditionnels, n’accordant ni attention à la crédibilité du candidat, souvent lui-même dépourvu de programme pour matérialiser ses promesses, il n’y a pas eu de heurts, ni d’escarmouches notoires nonobstant la multiplicité des listes candidates à ces différentes élections. Des élections qui confirment l’ascension du rôle et du taux de la femme mauritanienne dans le jeu politique (36% législatives, 35% aux régionales et 33% aux municipales).

Une majorité qui va se reconstituer

Avant même le dépouillement de ces élections, le parti « El Insaf », présentant des candidatures sur toute l’étendue du territoire, a certainement une longueur d’avance sur les autres formations politiques qui, à de très rares exceptions, ne couvrent guère plus de 20 à 40% du pays. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le parti «El Insaf» ne compte pas se contenter des miettes ou d’une majorité relative. Son ambition est claire avec l’entrée en scène pendant la campagne électorale de personnalités de la Haute hiérarchie en sa faveur comme la Première Dame, Dr. Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah, jusqu’ici cantonnée dans le social, le premier Ministre, Mohamed Ould Billal dont le discours a été on ne peut plus clair, ou enfin l’ancien président de l’Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, livrant bataille sur plusieurs fronts en faveur dudit parti. Pour «El Insaf » qui a déjà les yeux sur la présidentielle 2024, le résultat de ces élections doit traduire un engouement et un soutien clairs des populations à la très probable candidature de l’actuel président Ghazouani pour une autre législature à la tête de l’Etat à la fin de son premier mandat (2019-2024).
On peut cependant estimer que ces élections pourraient consacrer un « retour à la vie » de l’opposition traditionnelle, qui, excepté Biram Dah Abeid, coupable d’une promenade de santé pendant ces élections, était à l’agonie. Pourtant, ce n’est pas seulement du camp de l’opposition que viendrait le danger pour le parti «El Insaf». En effet, certains partis dits de l’ancienne majorité menacent de l’évincer, de lui ravir la politesse à l’issue de ce scrutin sinon d’investir “les rues pour protester”. Alors attendons l’annonce officielle des résultats pour savoir qui des camps sortira, sans ambages, vainqueur de ces nouvelles consultations. La balle reste dans le camp de la Céni.
JD

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