Elections : “El Insaf” s’assure une majorité absolue!

Sans réaliser un raz-de-marée, le parti « El Insaf » reste en tête des résultats électoraux (législatives, régionales et municipales). Il pourrait même améliorer son score à l’issue du second tour des législatives. Mais contrairement au passé, ses véritables outsiders auront été ses anciens partenaires de la Majorité qui ont su profiter du mécontentement des investitures.

La campagne s’était achevée sans heurts notoires. C’est quand il a fallu entamer les choses sérieuses, à savoir le vote le 13 mai que les choses semblent s’être gâtées par l’incapacité de la CENI à mener à bien sa mission d’organisation des opérations électorales et de dépouillement des résultats. Une mission dont elle a été investie et sur laquelle les mauritaniens, les pouvoirs publics en premiers, fondaient beaucoup d’espoirs d’une gestion transparente d’autant qu’ils avaient mis les moyens à sa disposition et à la disposition des partis politiques en finançant leur campagne. Mais tous ces acquis ont été ébranlés par la gestion chaotique de la CENI des opérations de vote. Ils doivent nécessairement rendre leur tablier avant l’élection présidentielle 2024 pour rassurer et les acteurs et les électeurs.
Même s’ils n’étaient liés que par le dialogue inclusif, la gestion par la CENI des dernières élections a précipité et fait voler en éclat le consensus politique, qui bien que fragile, tenait jusqu’ici la route. Un consensus obtenu par la classe politique pour des élections apaisées et dont les résultats devaient s’imposer à tous. C’était en tout cas l’objectif des autorités pour aplanir les divergences et perpétuer ce partenariat consensuel au-delà de l’organisation d’élections ponctuelles et pour mieux préparer l’élection présidentielle qui pointe déjà à l’horizon.
Personne ne semble avoir été épargné par la gestion de la CENI. Même le parti au pouvoir en aurait été victime. Lui-même aurait senti le danger venir des amis d’hier, c’est-à-dire les partis de l’ancienne majorité présidentielle lors de la dernière législature. Il savait aussi qu’il avait fait des bourdes lors des investitures qu’il pouvait payer cash lors de ces élections. Il faut reconnaitre pour le compte du parti «El Insaf » que les mécontentements sont souvent liés à un référentiel tribal. Un recul et une tare sociale pas toujours compatible avec la perception de l’Etat moderne et de la citoyenneté.
En tout cas, les partenaires de « El Insaf » ne se sont pas faits prier deux fois pour récupérer ces mécontentements. C’est de bonne guerre et à postériori de « bonne facture » pour eux.
Dans cette atmosphère confuse, l’opposition traditionnelle exception faite des islamistes, semble s’engouffrer dans un tunnel dont l’issue pour elle est incertaine. Ses anciens leaders doivent, eux aussi, savoir passer la main et aider à renouveler le leadership. « El Insaf » qui pourrait, à l’issue du second tour, confirmer sa mainmise sur le pays glanant plus d’une centaines de députés (départementales et listes nationales) qui lui assurent une majorité confortable face aux partis de l’ex-Majorité emmenée par l’UDP et El Islah, n’a encore rien à craindre d’une opposition dont le poids aux urnes ne semble pas exprimer sa présence dans les rues. Les plus optimistes donnent à toute l’opposition confondue aujourd’hui 36 sièges à l’AN dont la majorité au nom de Tawassoul. Une image déjà vue qui n’influe pas sur le cours des politiques publiques. A moins que la recherche de consensus ou que les crises internes à la future Majorité n’apportent de l’eau à son moulin. L’opposition fait moins que les partis de l’ancienne majorité (El Insaf en moins). Ces derniers gagneraient aujourd’hui, une quarantaine de sièges pour la prochaine législature.
L’erreur des partis de l’opposition est qu’ils se sont contentés de dénoncer des irrégularités sans poser de recours. Or, sans ce recours légal, il y a fort à craindre qu’on ne donne pas suite à leurs demandes. Leur dernière déclaration remettant en cause le respect des clauses de l’accord politique signé en septembre 2022 parait bien plus une surenchère qu’un recours objectif contre les conditions sombres du vote lui-même.

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