Ternir l’image du pays : Pour une poignée de dollars

On n’en est pas au premier pamphlet remarqué comme étant un article de presse sur un site où l’image du pays –déjà peu reluisante- est effrontément dépeinte par de jeunes compatriotes près à tout y compris salir leur pays pour un asile d’une poignée de dollars. Un journaliste de l’Associated press, Jake Offenhartz, ne s’embarrasse guère de son devoir pour rendre compte d’un échange avec «Mohamed », un clando mauritanien, où le détachement et la réflexion n’ont pas de place.
C’est malheureusement la dime qu’il faut désormais payer avec des sites en ligne mastodontes qui ne font même plus de recoupement et vendent à leurs lecteurs ces « images insolites» et « sensationnelles » d’un pays pauvre qui n’est même pas au courant de l’image que ces médias tentent sciemment de lui coller. Même les grands médias réputés sérieux vivent aujourd’hui de ces manigances où non seulement la déontologie, foulée aux pieds, prend un sérieux coup alors que dans le même temps l’on mène en bateau des internautes incrédules et happés par le manichéisme ambiant.
Visez un peu ce témoigne de «Mohamed » cité par l’Associated Press : « L’Associated Press retient le nom complet de Mohamed à sa demande pour protéger la sécurité de sa famille en Mauritanie. Dans son pays d’origine, Mohamed a déclaré qu’il avait rejoint un groupe de jeunes pour dénoncer la corruption du gouvernement et les violations des droits de l’homme, y compris les allégations d’esclavage en cours. Quelques jours plus tard, il a déclaré qu’un groupe d’hommes l’avait jeté dans une voiture banalisée, l’avait emmené dans une pièce secrète et l’avait violemment battu pendant deux jours. » Aucun fait vécu en Mauritanie ne corrobore cette assertion.
Il y a sans doute encore de la corruption; une stratégie pour la combattre. Il y a aussi les survivances de l’esclavage et des lois pour les criminaliser. Pour toutes ces tares, le pays tente cahin-caha de trouver des solutions. Plus personne n’est bâillonné pour les récuser et les combattre. Mais l’on peut se demander comment l’associated press a avalé cette couleuvre à moins d’en être complice par omission. On peut en mettre la main au feu, le “Mohamed” dont il s’agit veut garder l’anonymat, sans doute parce qu’il craint tout simplement d’être démasqué, démenti par les faits. «Pour obtenir l’asile aux États-Unis, ils devront prouver qu’ils ont une « crainte fondée de persécution » en raison de leur race, religion, nationalité, opinion politique ou appartenance à un groupe social particulier. » Eurêka trouve Jake Offenhartz. Pourquoi alors Jake Offenhartz n’a-t-il pas enquêté sur les véritables raisons de ce nouveau « brain drain » d’autant qu’il parle de Mohamed comme d’un intellectuel déjà formé avant d’atterrir dans “El Dorado” newyorkais. Ce n’est là qu’un exemple parmi des dizaines voire des centaines de “reportages” entre quatre murs mais qui portent préjudice à tout un pays et même corrompent la perception que les américains ordinaires et leur gouvernement peuvent avoir de la Mauritanie dans son ensemble.
Les jeunes mauritaniens ont sans doute mil raisons de vouloir escalader le nouveau mur des lamentations. Le chômage endémique, des horizons discutables et la promiscuité des conditions de vie sont indéniables. Mais est-ce suffisant pour accabler tout un pays…juste pour une poignée de dollars ?

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