Mali : 38% de taux de participation pour un référendum qui peine encore à fédérer (Bilan provisoire)

Le 18 juin, les Maliens étaient appelés à voter pour ou contre le projet de nouvelle constitution du gouvernement de transition. Alors qu’une mission d’observation électorale avait annoncé un taux de participation de 28%, l’Autorité de gestion des élections parle d’un taux supérieur de 10 points.

38%. C’est le taux de participation au référendum sur la nouvelle constitution au Mali, selon les chiffres annoncés par l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).

Ce bilan provisoire comptabilise à la fois le taux de participation sur le territoire national et à l’étranger. Bien que les résultats soient encore attendus, ce taux de participation qui ne prend pas encore en compte le vote anticipé des forces de sécurité est déjà supérieur de 10 points aux 28% annoncés par la Mission d’observation électorale.

Marqué par une crise sécuritaire majeure alimentée par les groupes terroristes qui mènent des attaques contre l’armée et les civils, le Mali est depuis longtemps divisé entre les zones contrôlées par le gouvernement, celles contrôlées par les groupes armés qui revendiquent une autonomie et les organisations terroristes. Malgré les multiples opérations lancées par le pouvoir depuis l’arrivée du colonel Assimi Goïta à la tête du pays, une partie du vaste territoire malien échappe encore au contrôle de l’Etat.

D’après plusieurs organisations opposées au référendum qui s’est tenu le 18 juin dernier, de nombreuses irrégularités auraient déjà entaché la validité du scrutin. « On a constaté qu’il y a beaucoup d’endroits où les gens n’ont pas pu aller voter, et on a constaté des fraudes massives. Par exemple, là où il y a des déplacés, dans le Nord et dans la région de Mopti, les gens ne sont pas présents, mais on a des vidéos où l’on voit des gens émarger à la place des autres. Au-delà de tout cela, lors du vote des militaires qui s’est passé par anticipation, il n’y avait pas de liste électorale, il n’y avait pas de liste d’émargement, tu venais et tu votais comme bon te semble. Ça décrédibilise le scrutin. Les autorités doivent annuler purement et simplement cette élection » soulignait au micro de Rfi, Youssouf Daba Diawara de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS). Au sein du Front uni contre le référendum, ce mouvement avait milité pour voter contre l’adoption de la nouvelle constitution malienne.

De plus, des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 ont déclaré qu’aucun vote n’avait eu lieu dans les zones sous leur contrôle, notamment la région de Kidal. Ces groupes avaient empêché la tenue du scrutin, arguant qu’il ne prenait pas assez en compte l’accord de paix auquel ils étaient engagés. Mais le 19 juin dernier, l’AIGE avait réaffirmé que le scrutin avait bien eu lieu dans la région de Kidal.

Pour rappel, entre 2020 et 2021, le Mali a subi deux coups d’Etat qui ont abouti à la prise de pouvoir du colonel Assimi Goïta, lequel a promis d’améliorer la situation sécuritaire du pays. En plein bras de fer avec la communauté internationale, en raison de ses liens avec la Russie, le gouvernement de transition veut organiser des élections d’ici février 2024.

Alors que le projet de nouvelle constitution semble représenter une nouvelle source de discorde, de nombreux observateurs craignent qu’un passage en force de la nouvelle loi fondamentale ne crée de nouveaux conflits, dans un pays qui essaye déjà tant bien que mal de rester uni pour trouver une paix et une prospérité longtemps recherchées.

Moutiou Adjibi Nourou
https://www.agenceecofin.com/politique/2206-109596-mali-38-de-taux-de-participation-pour-un-referendum-qui-peine-encore-a-federer-bilan-provisoire

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