Sahara : Le MSP plaide le dialogue et la paix à Dakar

Après les premières retrouvailles, l’année dernière, à Las Palmas, les animateurs du Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP) signent encore leur démarcation avec la vieille garde du Polisario en prônant le dialogue pour la Paix.

Dakar, la capitale sénégalaise, abrite depuis hier, la seconde conférence internationale pour le dialogue et la paix auxquels convie le Mouvement Sahraoui pour la Paix. Ce mouvement est formé d’anciens combattants, d’intellectuels, des politiques et des membres de la Chefferie traditionnelle, tous sahraouis. Ils avaient massivement rejoint le MSP, dissident de l’organisation du Polisario. Cette nouvelle force politique, qui se veut aussi une force de proposition pour sortir de l’engrenage existant depuis près de 50 ans, est dirigée par un ancien diplomate, El Hadj Barikalla, élu comme premier secrétaire de la nouvelle organisation, il y a un an à Las Palmas. Le MSP tente depuis sa création « à rapprocher les positions des Sahraouis des Provinces du Sud marocain et les Sahraouis des camps de Tindouf » pour une sortie politique, une solution consensuelle et définitive du conflit du Sahara Occidental. Créé en 2017, le MSP est assez représentatif de la société sahraouie établie non seulement au Sud marocain, mais aussi dans les camps des réfugiés et une diaspora disséminée à travers le monde.
Si la première conférence internationale, organisée à Las Palmas a vu l’émergence de ce nouveau cadre de réflexion et d’organisation politique, la présente conférence internationale, organisée en terre africaine, au Centre International de Commerce Extérieur du Sénégal (CICES) à Dakar, Sénégal, se veut une affirmation d’une nouvelle ligne avant-gardiste dans la recherche de la paix et de la sécurité au profit des populations autochtones.

Le plan d’autonomie, une issue sérieuse
Plusieurs personnalités étaient attendues pour cet événement parmi lesquelles des sommités venues d’Europe, d’Afrique et d’Amérique Latine. Les orateurs qui se sont succédé à la tribune se sont d’abord félicités de la naissance d’un mouvement conciliateur comme le MSP. 50 ans, c’est beaucoup dans la vie des populations. Or, selon José Bono, Ancien Président du Congrès et Ancien Ministre de la Défense de L’Espagne, le véritable objectif devrait être de « mettre fin à la souffrance de la population sahraouie ». Pour lui, cette solution avait été généreusement présentée par le Maroc avec la proposition de plan d’autonomie au Sahara ». Une piste qualifiée par le Conseil de Sécurité de l’ONU comme une alternative « sérieuse et réaliste ». Il a, dans cette optique, formulé le vœu que pour l’avènement de la Paix, « le polisario le Maroc, le MSP et l’Algérie s’assoient à la table des négociations pour trouver une solution à travers un dialogue constructif».

La recherche de la Paix est la voie à suivre (Zapatero)
Tout le monde s’accorde que la guerre n’a jusqu’ici rien résolu et que la seule solution possible passe par privilégier la Paix, le dialogue et la Concorde. C’est en tout cas le sentiment de l’ancien premier Ministre espagnol, Rodríguez Zapatero, qui a rejoint la Conférence internationale, via une vidéoconférence, l’initiative du MSP «incarne la voie à suivre pour le Sahara. Je tiens donc à exprimer mon plein soutien au Mouvement des Sahraouis pour la Paix et à son projet » précise l’ancien chef du gouvernement espagnol qui se félicite que « le Mouvement des Sahraouis pour la Paix a été le premier à comprendre que la réconciliation est la voie et non pas la confrontation. La solution au problème sahraoui réside dans les négociations, non pas dans la violence ni dans la division » renchérit-il. Zapatero estime, en effet, que «c’est l’avenir des Sahraouis qui est en jeu, un avenir qui exige la reconnaissance du peuple sahraoui, son droit à choisir un gouvernement autonome apte à résoudre les problèmes économiques et sociaux, dans le plein respect de la dignité et des droits du peuple sahraoui.»
Il est rejoint dans cette logique par l’ancien Président de Burundi, Domitien Ndayizeye pour qui « la question du Sahara est l’une des plus anciennes en Afrique » et qu’il faut « conjuguer nos efforts pour trouver des solutions » pour rapprocher les points de vue. « La négociation et la concertation directe sont nécessaires entre les parties, et la recherche de la résolution du conflit doit adopter une approche globale et inclusive. »
Mais ces solutions ne coulent pas de source pour tout le monde constatent les conférencier. Pour l’ex-premier Ministre espagnol, des blocages, des sabotages même, vont s’ériger pour retarder l’inexorable moment de faire la Paix. Face à une telle adversité, Zapatero a conseillé «la patience, la persévérance et la volonté sont nécessaires pour placer le dialogue au-dessus de tout. Il faut être prêt à se réconcilier, à comprendre l’autre partie, à pardonner et à tourner notre regard vers l’avenir pour ouvrir de nouvelles opportunités pour la jeunesse. »

L’initiative du MSP, une valeur ajoutée
Même s’il faut être deux pour faire la Paix, Juan Fernando Aguilar, ancien Ministre de la Justice espagnol et actuel Eurodéputé du PSOE, reste sceptique sur l’impact des efforts des Nations Unies faisant tout de même remarquer que les Etats-Unis accordent une oreille bienveillante à la proposition et à l’initiative du MSP pour résoudre ce conflit qui mine l’intégration sous-régionale. Pour lui, il faut «briser cette léthargie qui, après cinquante ans, est devenue insupportable, provoquant la souffrance des Sahraouis dispersés, déplacés, voire confinés dans les camps de Tindouf depuis bien trop longtemps ».
Aguilar estime que l’initiative prise par le MSP doit favoriser le « dialogue », « le débat » et servir de troisième voie pour sortir des sentiers battus et pour l’avènement « d’une solution pacifique » et « mutuellement acceptable à un conflit aussi complexe et douloureux que le Sahara occidental ».

Combattre le Polisario par les idées
Si Aguilar se demande s’il faut perdre 50 autres années dans l’immobilisme, le politologue argentin Adalberto Carlos Agozino rétorque que face « à l’intransigeance du Polisario », la seule guerre qui vaut d’être gagnée est celle des idées, de la promotion du dialogue et de la Paix et de sortir de «l’impasse ». Des efforts qui permettraient d’atténuer la gravité de « la situation humanitaire à Tindouf » et de favoriser le retour dans leur pays des réfugiés présents dans les camps. La troisième voie que porte en étendard le MSP convainc l’intellectuel argentin pour qui la Communauté internationale devrait accorder plus de tribune au MSP et à ses idées de promotion d’une Paix durable au Sahara.

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