Changements climatiques : Conférence de Dubai, to be or not to be!
Les énergies propres sont la véritable clé pour conjurer l’aggravation des catastrophes climatiques et pour espérer revenir à une température à 1,5 C. Malgré leurs divergences factuelles, les dirigeants du monde entier tentent de parler le même langage pour une prise en charge responsable des défis partagés en favorisant des énergies alternatives à celles fossiles déstabilisatrices.
Le président de la République, Mohamed Ould Ghazouani qui fait partie des 136 Chefs d’Etat et de Gouvernements présents à cette conférence de Dubai, organisée du 30 novembre au 12 décembre 2023, partage les inquiétudes de ses pairs ; africains notamment. En effet, le sentiment dominant en cette journée marathon dans les discours officiels est que le temps n’est plus au constat, désormais partagé, mais à une action solidaire et salvatrice pour la planète soumise aux effets pervers des changements climatiques. Les négociations sur le climat ont été confiées à Dr Sultan El-Jaber, ministre de l’Industrie et des Technologies avancées des Émirats arabes unis, installé nouveau président dès l’ouverture de la COP28.
Embarqués sur la même galère!
Aujourd’hui, plus que jamais, l’humanité devrait veiller à sa propre survie. Une réalité de plus en plus évidente pour justifier de placer haut l’ambition de la communauté internationale à prendre en compte des défis devenus chaque jour plus menaçants. Pour un éventuel sauvetage de la planète, il va falloir des mesures fortes (ONU) :
réduire de 45% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, atteindre zéro émission nette à l’échelle mondiale d’ici 2050 ; assurer une «transition juste et équitable » des combustibles fossiles (pétrole et gaz) vers les sources d’énergie renouvelables ; et enfin trouver des investissements accrus dans l’adaptation et la résilience au dérèglement climatique.
De Paris en 2015, à Dubai 2023, en passant par Glasgow et Charam El Cheikh, la communauté internationale confrontée à des défis existentiels tente toujours de mettre en œuvre des réponses adéquates. Dubai qui abrite cette dernière conférence de la Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique tient donc toutes ses promesses de conférence charnière pour le devenir de l’humanité. Malheureusement, on ne peut encore contourner le constat que les pays industriels, grands émetteurs de gaz à effet de serre, n’ont toujours pas tenu, suivant le rapport synthèse, leurs promesses ni dans la réduction de leurs émissions de gaz encore moins dans la mobilisation des ressources en faveur des pays pauvres soumis aux frasques d’une météo détraquée par leur fait en utilisant à outrance les énergies fossiles.
Les PMA tirent toujours les marrons du feu
Sur ce dernier aspect, une résolution a été de créer un « Fonds pertes et dommages » obtenue à Charam El Cheikh (Egypte) et censé aider les pays les plus vulnérables à ces changements climatiques parce que doté de 100 milliards Usd. Face à ces démissions, le président mauritanien Ghazouani a, dans son discours, invité à la solidarité mondiale estimant que
« la bataille du changement climatique ne peut pas être gagnée sans la conjugaison des efforts et la solidarité internationale ».
Il a déploré le niveau de cette solidarité « en termes d’ampleur et d’efficacité, car elle est toujours entravée par le fait que les décisions, les déclarations et d’engagements financiers peinent à se concrétiser sur le terrain dans des faits palpables, entravant ainsi la mise en œuvre effective des contributions climatiques nationales, notamment dans les pays en développement ».
Touchée de plein fouet par les changements climatiques, la Mauritanie fait aujourd’hui face à leurs conséquences inouies, en terme de « désertification, de sécheresse, de perturbation des précipitations pluviométriques » impactant négativement les secteurs vitaux comme les ressources en eau, la production agricole, le développement de l’élevage, les richesses marines et les écosystèmes naturels et même la sécurité, s’est plaint le Chef de l’Etat mauritanien dans son adresse. Le président mettra, par ailleurs, l’accent sur les efforts d’adaptation consentis par son gouvernement « à travers l’initiative de la Grande Muraille verte, en contribuant activement à la Commission du climat du Sahel et au Comité mixte de lutte contre les effets de la sécheresse au Sahel, en adoptant la Charte de l’Initiative verte du Moyen-Orient, lancée par le Royaume d’Arabie saoudite, et en investissant dans la gestion durable des zones maritimes et côtières d’intérêt environnemental mondial ». Au plan de l’atténuation, la Mauritanie se focalise sur un ambitieux programme de production d’hydrogène vert et des accords sont déjà ficelés. Le potentiel en hydrogène vert du pays s’évaluerait à 400 à 500 MW. Les premières productions seraient attendues pour 2028. Le président révèlera, à ce sujet, dans son discours que la Mauritanie pourrait « atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés dans notre contribution nationale révisée pour le climat, à savoir réduire les émissions de carbone de 11 % ».
Finir avec les promesses sans lendemains
Dans la réalité, ce sont, dans le monde, les fonds qui manquent le plus pour la promotion des énergies renouvelables et pour réussir la transition énergétique. Le Chef de l’Etat, Mohamed Ould Ghazouani ne s’y trompe pas.
«Cependant, dans tous ces efforts, nous avons encore besoin, comme la plupart des pays en développement, d’un soutien international accru pour renforcer la résilience et l’adaptation, et pour assurer une transition énergétique équitable, efficace et efficiente »
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Le président mauritanien espère toujours qu’à mi-parcours de l’Agenda 2030, la COP28 aux Emirats Arabes Unis soit le début d’une dynamique nouvelle accélérée efficace pour circonscrire et réduire les phénomènes climatiques liés à l’action de l’Homme.
En fait, le monde ne devrait pas se voiler la face car à Dubai, il va falloir prendre des mesures concrètes à la hauteur de l’ambition d’inverser la tendance au réchauffement climatique et surtout dérouler comment elles seront exécutées car les déclarations de bonnes intentions n’ont plus droit de cité. C’est en apparence l’un des enjeux cruciaux à Dubai et qui sera révélateur du sérieux des dirigeants du monde face à ces défis. Mais chacun est appelé à jouer la transparence car Dubai devrait aussi permettre d’évaluer les progrès réalisés sur les registres de l’adaptation et de la promesse de mobiliser 100 milliards Usd annuellement pour contrer les changements climatiques et pour favoriser la transition énergétique en promouvant les énergies propres. La rencontre de Dubai sera donc déterminante dans la célérité des réactions via des plans d’action climatique mieux pensés et plus rapides dans la réaction à des changements climatiques qui, eux, n’attendent pas.
Correspondance
Jedna DEIDA
Dubai, EAU