Les Sénégalais sont plus républicains que les Mauritaniens !

Les Sénégalais vont bientôt voter pour élire un président de la République, tout comme les Mauritaniens. Néanmoins, il existe une différence de taille au-delà et en deçà du fleuve. Pour être éligible au Sénégal, l’article 28 de la constitution du 22 janvier 2001 stipule qu’il est impératif d’avoir la capacité d’écrire, de lire et de parler couramment la langue officielle. La loi fondamentale mauritanienne ne comporte pas cette disposition. En Mauritanie, il est tout à fait possible de ne pas respecter, voire de manifester publiquement son mépris pour l’article 6 de la Constitution, qui établit que la langue arabe est la langue officielle de la République, et de se porter candidat à la magistrature suprême. Bizarre !

Pourquoi sommes-nous peu regardants sur les principes de la République, notamment l’égalité des citoyens devant la loi ?

C’est simple. La République est plus affirmée au Sénégal qu’en Mauritanie.

Au Sénégal, ils parlent de communauté nationale, de citoyens sénégalais. En Mauritanie, nous parlons de deux communautés : arabe et négro-africaine, qui doivent faire l’objet de traitements distincts, en tout cas, dans l’esprit des autorités publiques. En 2003, lorsque le candidat Haidalla et son équipe de campagne ont été appréhendés, jugés et condamnés, ses collaborateurs négros-mauritaniens ont été épargnés.

Il est fort probable que cela soit dû au malaise causé par les conséquences psychologiques et politiques du « passif humanitaire ».

Qu’attend la République pour se défaire de ce cauchemar ?

Certains groupes d’activistes demandent une commission vérité et réconciliation, sans aucun doute, en ignorant que « le passif criminel » y sera obligatoirement inclus.

Pour réaliser cela, il est nécessaire que l’armée nationale fasse toute la lumière sur ces deux affaires : le massacre des militaires peuls et toucouleurs dans certaines casernes, ainsi que la lutte armée menée par les milices de la même ethnie contre les populations et les forces armées nationales pendant le conflit avec le Sénégal.

Ely Ould Sneiba

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button