Présidentielle en Mauritanie : les observateurs internationaux saluent l’organisation d’un scrutin transparent et paisible

Trois missions internationales d’observation électorale ont fait, lundi soir, leurs déclarations préliminaires, à l’issue de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 29 juin 2024. Dépêchées par l’Union Africaine (UA), la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ces missions estiment que les élections se sont généralement déroulées dans un climat apaisé et de manière transparente.

C’est dans un hôtel de Nouakchott, que ces délégations venues observer le déroulement du processus électoral en Mauritanie, ont partagé avec les médias, leurs déclarations préliminaires.

Intervenant le premier, le Chef de la mission de l’UA, M. Domitien Ndayizeye, ancien Président du Burundi, a indiqué que l’élection s’est déroulée dans un environnement sociopolitique global apaisé, sans incidents majeurs notés, sur l’ensemble du territoire. Toutefois, malgré le renforcement des compétences de la CENI, l’opposition laisse planer un doute sur le fichier électoral, a déclaré le chef de la mission de l’UA.

Il poursuit en soulignant que la mission de 27 observateurs qu’il conduit, a couvert 242 bureaux répartis dans les régions de : Assaba, Dakhlet-Nouadhibou, Gorgol, Guidimakha, Hodh El Chargui, Hodh El Gharbi, Nouakchott Nord, Nouakchott Ouest, Nouakchott Sud et Trarza.

En ce qui concerne le déroulement du scrutin, M. Ndayizeye estime que le personnel électoral a fait preuve d’une bonne maitrise des procédures de vote, dans la majorité des cas. Il a noté que le secret du vote a été respecté par l’usage des scellées et des isoloirs. C’est pour lui un gage supplémentaire de transparence et de crédibilité du scrutin.

Par ailleurs, la mission de l’UA a constaté que les mandataires des candidats ont pu mener à bien leurs mandats le jour du vote, dans la majorité des cas. Il a précisé la présence en moyenne de 3 à 4 mandataires, dont ceux du Président candidat et de ses challengers Biram et de Tawassoul plus parfois l’un des autres candidats en lice de manière aléatoire.

S’agissant du dépouillement, l’ancien président burundais a déclaré qu’il a eu lieu en présence des observateurs. De plus, les mandataires des candidats ont reçu des procès-verbaux signés dans la quasi-totalité des bureaux de vote visités, a-t-il noté.

Le chef de la mission d’observation électorale de l’UA a en outre salué la création du site myceni.org et la remontée instantanée des résultats qui, d’après lui, est une réelle innovation. Il a aussi pris note de la proclamation provisoire des résultats par la CENI, consacrant la réélection dès le premier tour du scrutin, du Candidat Président M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, qui a obtenu 554 956 des suffrages valablement exprimés, soit 55,26%. Ce dernier est suivi par M. Biram Dah Abeid avec 218 546 voix, soit 22,10% a indiqué M. Ndayizeye.

Enfin, la mission a salué la maturité du peuple mauritanien et de sa classe politique pour avoir trouvé les mécanismes de régulation du champ politique, de façon principalement consensuelle. Elle félicite les autorités nationales pour les dispositions prises pour la tenue du scrutin du 29 juin 2024, dans le respect du cycle électoral.

La mission qui a formulé une série de recommandations, a précisé que la déclaration préliminaire sera suivie d’un rapport final de mission, qui sera plus détaillé et plus exhaustif. On note également qu’elle séjournera en Mauritanie jusqu’au 3 juillet 2024.

A sa suite, le chef de la mission de la CEN-SAD, M. Ayassor Tchambakou, ancien de la CENI du Togo, a souligné qu’en dépit du contexte sécuritaire sous-régional difficile dans lequel la Mauritanie fait désormais exception, le scrutin s’est déroulé dans la paix et dans un climat politique apaisé. La mission a salué les efforts du gouvernement et de la CENI pour l’organisation réussie du scrutin. Toujours au cours de son mot, M. Ayassor a invité les acteurs à œuvrer au maintien du climat de sérénité et de responsabilité, et à recourir, le cas échéant, aux voies légales pour toutes les réclamations à l’effet de consolider le processus démocratique et la stabilité du pays.

Concernant son travail, le Togolais a déclaré que leur méthodologie d’observation était basée sur l’échantillonnage. C’est une démarche qui a permis de déployer des équipes sur le terrain à Nouakchott. Pour le reste du territoire, elle s’est appuyée sur la coopération et l’échange d’informations avec les autres missions, notamment celles de l’UA, de l’OIF et de l’Observatoire National pour la Surveillance des Élections (ONSEL).

M. Ayassor partage les observations de l’UA sur le déroulé du vote. Il s’est en outre félicité de l’utilisation et de la maitrise des nouvelles technologies pour l’identification des électeurs et la remontée par voie électronique des résultats par la CENI.

D’après le chef de la mission de la CEN-SAD, quelques insuffisances mineures ont été constatées, mais celles-ci ne sont cependant pas de nature à entacher la transparence, la régularité et la crédibilité du scrutin. Il a ainsi déclaré que l’élection présidentielle du 29 juin 2024 s’est déroulée conformément aux dispositions du code électoral mauritanien et dans des conditions satisfaisantes et optimales de transparence, d’inclusivité et d’apaisement.

Il aussi formulé des recommandations à l’endroit du gouvernement, de la CENI et de la communauté internationale. Il exhorte les différents acteurs à persévérer dans la concertation pour aboutir régulièrement à des compromis durables, gage de paix. La mission, par la voix de M. Ayassor, invite les Nations Unies, l’Union Africaine et les Communautés économiques régionales, l’UMA et la CEN-SAD à accompagner cet exemple réussi de conduite du processus électoral et du caractère paisible de ce scrutin, rompant avec les contestations souvent violentes observées çà et là sur le continent.

A son tour, la cheffe de mission de l’OIF, Mme Mahamat Nour, ancienne ministre du Tchad, est revenue sur le travail que sa délégation effectue depuis le 24 juin dernier. Elle a indiqué avoir couvert une vingtaine de bureaux de vote et assisté au dépouillement des suffrages dans la capitale et ses environs.

Poursuivant, Mme Nour a souligné que sa délégation s’est appuyée sur l’observation nationale des élections réalisée par le consortium des femmes pour des élections apaisées, pour conforter son appréciation et ses observations.

Ainsi donc, la mission a effectué des constats préliminaires, dont celui ayant trait au déroulement apaisé malgré quelques incidents isolés. Elle a mis l’accent sur la présence notable des femmes en tant qu’électrices et membres des bureaux de vote, avec toutefois une faible représentativité en tant que présidentes de bureaux de vote.

Pour elle, les opérations de vote se sont déroulées en respect des procédures légales, dont l’identification des électeurs sur le registre électoral au moyen de la carte nationale d’identité et l’usage de l’encre indélébile. D’après elle, les membres des bureaux de vote ont démontré une bonne maitrise des procédures, en dépit de la charge de travail supplémentaire due à la distribution des cartes d’électeurs qui a quelque peu ralenti les opérations de vote.

La mission de l’OIF a affirmé que les dépouillements ont été réalisés de manière transparente et conformément aux procédures, en présence des observateurs et des représentants de candidats. Mme Nour a aussi appelé les parties prenantes nationales à recourir aux voies légales en cas de contestations.

La mission de l’OIF a réitéré la disponibilité de l’organisation à accompagner les acteurs mauritaniens dans leurs efforts en vue du renforcement et de la consolidation de la paix, de la démocratie et de la cohésion sociale.

En dehors de l’observation de l’opération de vote, les missions citées plus haut ont été reçues en audience par des autorités, les organes concernés par l’organisation du scrutin, les candidats et la société civile.
Ami