Post-scriptum: « En attendant le bonheur »!
Biram Dah Abeïd n’est pas content de la stature qu’il a encore acquise en finissant second à l’issue du scrutin présidentiel du 29 juin 2024 avec un score de 22,10% des voix. Le décompte des résultats du vote opéré par la Ceni lui a dévolu, pour la seconde fois, cette place sur l’échiquier politique.
Même si l’on pouvait considérer depuis le début que la Ceni sécrétait en elle les germes d’un délitement électoral probable, qui décrédibiliserait la consultation présidentielle elle-même, force est de croire son président quand il argue qu’elle s’est efforcée «de créer un terrain favorable à une compétition transparente et équitable”.
BDA ne conteste pas seulement une victoire, au premier tour du président sortant Mohamed Ould Ghazouani, il l’accuse même d’avoir usurpé, à nouveau, “sa” propre victoire. La vérité est que BDA est pressé de servir son pays. Et il s’y investit en voulant forcer le destin. A sa manière, pas toujours orthodoxe!
L’attitude de BDA est de refuser, à chaque fois, de reconnaitre les résultats. Et tant pis s’il est le seul à le faire pour se “victimiser” davantage pendant que les autres candidats témoignent, une fois n’est pas coutume, de la rectitude du dépouillement de la CENI. BDA a annoncé, dans le sillage des résultats, appeler à la “désobéissance civile”; une protestation qu’il indique “pacifique”. Comme il l’a réitéré mercredi lors d’une conférence de presse. Mais personne n’est dupe. Les manifestations et les contestations politiques, suite à une élection, de surcroît celle de la présidentielle, n’ont jamais été sereines, bien canalisées, et dérogeant aux dérapages. Le spectre de 2019 est toujours là pour nous le rappeler. C’est d’autant plus vrai que BDA sait lui-même combien d’autres “causes” politiques licites ou subversives se greffent, toujours, à ses troupes à d’autres desseins, moins avouables. Veut-il leur servir de rampe de lancement? Il y a tout à perdre. En attendant, trois personnes ont trouvé la mort à Kaédi et deux agents de la sécurité ont été grièvement blessés dans ces échauffourées. Qui finalement surfe sur cette vague de déstabilisation et de la politique de la terre brûlée?
Personnellement, je ne pense pas que BDA puisse pousser -sciemment- ses soutiens dans la gueule du loup au risque de porter la responsabilité d’évènement imprévisibles et contraires à la recherche de l’intérêt général qu’il mettait en avant lors de la campagne électorale et disait défendre. Par ailleurs qui mieux que BDA sait que la violence n’a jamais servi les bonnes causes; qu’elle contribue même à en stigmatiser les auteurs. Mais il est vrai aussi que n’est pas Ghandi, ni Mandela qui veut.
Malgré la possibilité d’un recours contre ces résultats, BDA n’en a rien fait jusqu’à leur proclamation officielle par le Conseil Constitutionnel. Une alternative qui a fermé, dans le jeu démocratique, toute porte au rêve ponctuel de BDA. Un rêve qui, peut-être, a des chances de survenir un autre jour ou pas. Seule la majorité des mauritaniens décide de qui la gouvernera. Il y arrivera une autre fois, peut-être, à la seule condition que BDA solde “ses vieux comptes» et devienne le candidat pour tous les mauritaniens, sans évidemment renier ses convictions politiques.
En attendant, BDA continue certainement de payer le prix de la perception qu’il donnait souvent de lui pour une importante frange de la population alors que pour qui le connaît, il est loin d’être un «raciste ».Comme tout politicien, il joue sur une corde parfois raide. Il devrait penser à donner une autre image de lui que celle d’un “épouvantail” que beaucoup brandissent pour lui faire ombrage.
BDA aura-t-il un jour cette autre dimension? Tout ne dépend que de lui. Un choix “cornélien” entre deux options dont la plus juste serait pour lui amère. Mais cinq ans passent vite de nos jours. A bon entendeur, salut!
J.D