Economie: La BCM face au défi de l’inclusion financière
L’inclusion financière devrait permettre à 63% des mauritaniens d’accéder, à l’horizon 2028, aux services financiers numériques (SFN). Pour promouvoir cet écosystème financier inclusif, la BCM compte sur sa stratégie en la matière (Snif), sur l’appui de la Sfi mais aussi sur son organigramme récent et adapté.
Vendredi 15 décembre 2023, en présence du PM. Mohamed Ould Billal et du Gouverneur de la BCM, Mohamed Lemine Ould Dhehby, est solennellement adoptée la Stratégie nationale d’inclusion financière (Snif). Une douzaine de jours après la réunion du nouveau comité de pilotage de la Snif, la BCM inaugure un nouvel organigramme (décision N° 145) qui confie la direction générale de l’inclusion financière à Leila Mint El Gowth. Ce redéploiement du personnel voit aussi la direction de la digitalisation financière échoir à Taleb Ely Mohamed. Il consacre également une structure, éparse, entièrement dédiée au développement de la finance numérique, au renforcement de l’éducation financière, à la promotion de la finance verte durable et à la facilitation du financement des projets à fort impact économique et social. L’intention est claire : doter les mauritaniens d’un accès à des services financiers de qualité à un coût abordable.
Inclusion financière, un outil de développement!
Le besoin de synergie entre tous les nouveaux départements est à la mesure des défis de modernisation et d’adaptation des infrastructures de la BCM, mais aussi de l’éducation financière des citoyens avec pour principal objectif une inclusion financière ancrée notamment dans la sphère des plus pauvres. L’inclusion financière est donc perçue par les autorités mauritaniennes comme un instrument ; un levier économique pour tirer les citoyens de la précarité financière grâce à la fintech et par le truchement des nouvelles technologies.
Dans le sillage de cette nouvelle orientation, le Gouverneur de la Banque a signé, en marge des réunions de printemps des bailleurs de fonds, en 2024, un accord de partenariat avec le vice-président de la SFI pour l’Afrique, Sergio Pimenta. La Sfi s’est, à cet effet, engagée à mobiliser des financements pour renforcer les capacités des acteurs du secteur privé (PME) dans notre pays afin d’aider à réaliser l’inclusion financière, ce qui leur permettra d’accéder à des produits et services financiers utiles et « à des prix raisonnables répondant à leurs besoins».
L’inclusion financière 2.0, mode d’emploi
Les avantages de l’inclusion financière restent pourtant méconnus du grand public en Mauritanie. Il s’agit encore d’échanges entre personnes initiées. Malgré l’intrusion brusque du numérique qui a quelque peu révolutionné les pratiques et les transactions financières, nos compatriotes semblent juste prendre le train en marche. La majorité se doute très peu des possibilités offertes aux individus et aux sociétés afin de bénéficier d’un large spectre de services financiers numériques (SFN) à travers l’instrument que constitue l’inclusion financière en termes de services utiles, moins coûteux et adaptés. Une large gamme de services financiers numériques, en effet, s’ouvre aux acteurs de la microfinance notamment comme les transactions, les crédits, l’épargne, les assurances… C’est sans doute là où la BCM devrait encore déployer d’énormes efforts d’éducation et de communication pour faire adhérer les acteurs indécis ou mal informés des avantages liés à l’inclusion financière pour leur propre résilience ou l’amélioration de leurs conditions de vie. Ceci est d’autant plus vrai que les crises impondérables (inscurité, pandémies, fermeture des frontières…) exacerbent la précarité notamment chez les moins nantis de la société. Ils sont les premiers à en payer les pots cassés. Les pouvoirs publics chercheraient, dans ce cadre, à anticiper ces désidératas et à exorciser la vulnérabilité des citoyens grâce au profit tirés de l’inclusion financière 2.0.
C’est donc un véritable challenge que la BCM s’est lancée en prédisant un taux d’accès de 63% des mauritaniens par l’inclusion financière. Mais quoiqu’ambitieux, la réalisation de cet objectif n’est pas impossible d’autant que la BCM semble prendre à bras le corps le défi pour soutenir la croissance économique partagée.
JD