60ème anniversaire des relations bilatérales: L’amitié mauritano-russe à l’épreuve de la géopolitique internationale
Pour toute commémoration officielle de 60 ans de coopération bilatérale entre les deux pays, les ministre mauritanien des Affaires Étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug et russe, Sergeï Lavrov se seraient congratulés pour marquer l’événement. Un anniversaire qui se fête au lendemain de la célébration aux Etats-Unis de la naissance de l’Otan, il y a 75 ans.
Une commémoration bien austère et même suggestive d’un minima de relations entretenues entre les deux pays dont la coopération est aujourd’hui tributaire de l’activisme occidental (Otan) mais aussi de l’impact et de la présence belliqueuse des mercenaires russes au Mali voisin.
Notre pays se retrouve entre les feux nourris des deux belligérants de la crise ukrainienne et soufflent, chacun en ce qui le concerne, sur les braises de l’instabilité sous-régionale.
Le 8 février 2023, un an après l’annexion de l’Ukraine, S. Lavrov était déjà de passage à Nouakchott pour parler des problèmes du continent africain avec le président Ghazouani. « Nous sommes tous concernés par la montée des tensions dans la région du Sahel où il faut intensifier les efforts contre la menace terroriste qui n’a pas disparu et qui gagne même du terrain » avait confié le chef de la diplomatie russe à sa sortie d’audience avec le président mauritanien.
La Mauritanie et la Russie entretenaient des relations économiques privilégiées. Ces relations avaient été renforcées par des accords militaires. Mais outre la condamnation par notre pays de «l’annexion d’un Etat souverain et membre de l’Onu ». Le 22 mai 2024, avec l’ouverture de l’ambassade ukrainienne à Nouakchott, une douche froide est venue glacée la tendance espérée par Moscou qui avait déjà essuyé le même revers diplomatique sur le Continent. En effet, sous l’impulsion des occidentaux, l’offensive de Kiev faisait aussi mouche en Côte d’Ivoire, au Mozambique et en RDC Mozambique ainsi qu’au Botswana où l’Ukraine trouvait pied avec de nouvelles chancelleries.
Dans le cas de la relation mauritano-russe, malgré les bavures mortelles des mercenaires de Wagner, et la présence de plus en plus marqué de l’Otan en Mauritanie, les deux chefs de la diplomatie entendent dépasser ces conjonctures actuelles. Si Merzough insiste sur « l’esprit d’amitié solide », son vis-à-vis russe offre « une coordination stable en matière de la politique extérieure dans l’intérêt d’assurer la sécurité et de la stabilité dans la région Saharo-Sahélienne ainsi que dans toute l’Afrique ». Une mission que la Mauritanie partage déjà avec l’Otan. C’est à se demander si les deux hommes parlent-ils encore le même langage diplomatique ? Une nouvelle ère diplomatique russo-mauritanienne dans le dernier mandat de Ghazouani ?
J.D