Matignon : Michel Barnier nommé premier ministre, le vieux monde se perpétue
Michel Barnier, 73 ans, ancien commissaire européen et ministre sous Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. À gauche, on fustige un « déni démocratique ». Le Rassemblement national a annoncé qu’il ne le censurerait pas automatiquement.
Après des semaines d’attente et plusieurs cycles de consultations, Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier premier ministre. Le président de la République a demandé au nouvel occupant de Matignon de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays », selon un communiqué de l’Élysée.
« Cette nomination intervient après un cycle inédit de consultations au cours duquel, conformément à son devoir constitutionnel, s’est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réunissent les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement », indique l’Élysée dans un communiqué.
Vieux monde
Michel Barnier a été ministre de l’Environnement en 1993, puis trois fois sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy (ministre délégué aux Affaires européennes en 1995, ministre des Affaires étrangères en 2004 et ministre de l’Agriculture en 2007).
Il est brièvement réapparu en 2021 dans la vie politique française en se portant candidat à la primaire de son parti, Les Républicains (LR), pour la présidentielle de 2022. Il a également négocié les conditions du Brexit et devra désormais user de diplomatie pour diriger un gouvernement minoritaire à l’Assemblée.
73 ans, issu des Républicains, un parti très minoritaire dans la nouvelle Assemblée nationale, l’ancien commissaire européen Michel Barnier semble bien représenter le vieux monde et la continuité de la politique macroniste. Plus vieux Premier ministre de la Ve République, il succède à Gabriel Attal qui était le plus jeune.
Il va devoir tenter de former un gouvernement susceptible de survivre à une censure parlementaire. Le temps des négociations, les ministres démissionnaires vont eux rester en fonction pour continuer de gérer les affaires courantes. Le RN a d’ores et déjà annoncé qu’il ne censurerait pas immédiatement Michel Barnier. « Nous attendons de voir quel est le discours de politique générale de M. Barnier et la manière dont il mène les compromis qui vont être nécessaires sur le budget à venir », a déclaré Marine Le Pen sur LCI. « Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action », a renchéri le président du RN, Jordan Bardella.
« De qui se moque-t-on ? »
À gauche en revanche, les réactions sont claires : « Michel Barnier à Matignon, c’est le candidat minoritaire d’un parti minoritaire, nommé par un président battu, au service d’une politique libérale et antisociale. C’est un terrible coup porté à la démocratie et au peuple français », tranche le sénateur PCF Pierre Ouzoulias sur X. « Le choix de la droite pour poursuivre la politique du Président », résume pour sa part le secrétaire national du PCF Fabien Roussel ajoutant que « libéral, européiste, anti-social, Barnier est aux antipodes du message envoyé par les Français aux législatives ». C’est « un bras d’honneur aux Français qui aspirent au changement », assure le dirigeant communiste.
De fait, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour dénoncer un « déni démocratique ». « En nommant Michel Barnier à Matignon, représentant d’une force politique sortie vaincue des élections législatives, Emmanuel Macron piétine le vote des Français·es et va à l’encontre de l’esprit de notre République », a réagi le Part socialiste. « Un premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain. Nous entrons dans une crise de régime », a jugé son premier secrétaire, Olivier Faure.
« De qui se moque-t-on ? » s’insurge Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’EELV, sur le réseau social, tout en envoyant un « message de service à tous les électeurs du Nouveau Front populaire : “Surtout, ne vous résignez pas. C’est exactement ce qu’ils attendent” ». « Emmanuel Macron cherchait un clone capable de poursuivre la politique menée depuis 7 ans. Il l’a trouvé avec Michel Barnier. La forfaiture démocratique est totale », a pour sa part réagi Ian Brossat.
« Michel Barnier a déjà volé une élection. Après le vote contre la Constitution européenne en 2005, il a préparé le vote du même texte au Congrès du Parlement. Il a voté contre la décriminalisation de l’homosexualité. Quel est le sens d’un tel message ? » interroge quant à lui Jean-Luc Mélenchon sur X.
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