Assainissement des finances publiques: Le PM dans les écuries d’augias !
Qui mieux que le nouveau premier Ministre pour connaitre l’état de délitement de notre administration publique ? Parviendra-t-il à extirper le mal bien ancré et à quel prix ? L’essentiel n’est certainement pas seulement de donner un coup de pied dans la ruche.
Combien de richesses ont été blanchies pour permettre à des hommes, souvent des fonctionnaires, des hommes politiques et même de hauts gradés à se forger des fortunes colossales au détriment de la collectivité nationale ? Ce sport n’est pas récent. Faut-il demander des comptes à tous et remonter les abus de gestion au risque d’éclabousser du beau monde ?
Il est clair que malgré le soutien du président, le nouveau premier Ministre sait que son engagement ne sera pas une promenade de santé. Il le sait certainement qu’on lui fera pas de cadeau et que ses protagonistes iront jusqu’à dépoussiérer son propre parcours politique tenter – notamment sa citation dans l’enquête de la CEP- pour de le dissuader d’aller trop loin. Il y aura aussi les mises en garde, les remparts que tenteront de dresser des parrains de prévaricateurs pour stopper net la volonté de demander des comptes.
Le PM est sorti auréolé par le soutien des députés à sa déclaration de politique générale qu’il a concoctée sur la base du programme politique du président de la République. Cela lui servira-t-il comme bouclier contre les hommes qui tirent les ficelles et qui tiennent également en joue les députés de la République.
Jusqu’ici, depuis l’Etat épicerie dénoncé par feu Ely Ould Mohamed Vall, président du CMJD, à la suite du coup d’Etat contre Ould Taya, en passant par les promesses de feu Sidi Ould Cheikh Abdellahi, à la lutte contre la gabegie de l’ex-président Aziz, l’assainissement des finances publiques et la restauration du crédit de l’Etat se suivent et se ressemblent. Ces politiques n’ont eu d’effet qu’à enrichir une poignée d’hommes aux commandes de l’Etat ou leurs personnes-écran. La commande publique a été sabordée et les réformes des marchés publics n’a pas garanti la licéité des attributions. La lutte s’est surtout avérée un slogan politique pour justifier les putschs et faire adhérer les populations à des projets mirages. Une politique qui procède d’une morale kantienne. Une éthique, une morale et un idéal qui ont fait dire au philosophe français, Charles Péguy, que Kant «a les mains pures mais il n’a pas de mains».
On ne peut dénier, cependant, que la volonté de combattre ces fléaux semble bien réelle et a été disséminée à tous les compartiments de l’Etat. Le gouvernement gagnerait, dans ce cadre, à prendre ses distances du folklore habituel afin de ne pas en galvauder l’esprit. Il devrait surtout mettre dans des mains expertes et bien formées l’inspection et la fouille économique des dépenses publiques afin d’éviter les injustes et les règlements de compte politiques qui peuvent parfois émailler l’action de l’inspection. Espérons seulement qu’il n’est pas trop tard tant le mal est profond. Le PM est dans tous les cas avisé !
J.D