Réformes de l’enseignement : Quand le privé fait de la résistance!

Une majorité de mauritaniens semblait depuis toujours appeler de ses vœux l’avènement de l’école républicaine. Un projet qui tenait aussi du programme du président de la République pour son rôle ciment de la société. Mais le mercantilisme des uns et le rejet d’autres tentent d’y faire obstacle. Les motivations profondes ne sont pas toujours affichées.

 

Ce mercredi 23 octobre 2024, la police a dû user de la force pour déloger des manifestations qui exprimaient leur refus des réformes introduites par les pouvoirs publics. Les manifestants mettent en étendard « la surpopulation dans les écoles» pour justifier le retour sur les mesures d’interdiction pour les écoles privées d’accepter les enfants des premières années du primaire. Une manne financière que les responsables des écoles mesurent à son impact sur leurs recettes.

Au détriment de la communauté nationale, les propriétaires des écoles privées se mobilisent donc pour prôner la résistance aux réformes engagées par les autorités politiques visant à réhabiliter l’école républicaine que chacun appelait naguère encore de ses vœux. Ce mouvement « suscité » par les intérêts des tenants des bourses dans le privé tente d’occulter la finalité de la réforme qui, à termes, devrait réinstaller les enfants de toutes les communautés côte à côte après avoir évolué des décennies durant en vases clos. C’est d’ailleurs pour tourner cette page consacrant le schisme social que les autorités avaient mis en place le Haut Conseil de l’Education HCE. Une une Institution indépendante et consultative, créée en 2022, placée sous la tutelle de la Présidence de la République pour un suivi de proximité de la réforme du système éducatif dans le pays. Mais comme toute réforme celle de l’éducation déterminante dans la survie et la cohésion nationales mérite les sacrifices à consentir.

Il s’agit donc pour l’Etat de rappeler à l’ordre les protagonistes de la question afin d’éviter à notre système éducatif de consacrer la dualité du système éducatif à l’origine d’une évolution parallèle entre nos enfants toutes ces années perdues. Il est bien évident qu’au détour de toute réforme naissent des réalités qui peuvent être douloureuses. Passées au crible de l’intérêt général et notamment de la cohésion nationale, ces douleurs finiront par s’estomper. Mais il faut aussi reconnaitre les possibilités d’adapter et même parfaire les réformes afin qu’elles prennent en compte les intérêts parfois divergents des uns et des autres. L’essentiel étant de favoriser une école républicaine et assurer un enseignement de qualité à nos enfants.

Il faut, peut-être, faire valoir les idées constructives et d’une certaine expertise comme celles de notre compatriote Toka Diagana qui se demandait, à juste titre, dans une tribune sur le site cridem, comment dans un contexte de rareté de moyens, se permettre le luxe  « d’allouer un temps et des ressources éducatives précieux à l’enseignement des langues nationales …». T.Diagana va même plus loin et suggère que « La Mauritanie doit s’engager plus rigoureusement dans le développement des compétences qui permettront à sa jeunesse d’exceller dans l’économie ».

La question cruciale pour notre système éducatif dont la privatisation ne s’est pas accompagnée, comme pour le secteur de la santé, de la qualité de l’enseignement (sauf quelques rares exceptions) a toujours été de vider le service public de ses meilleurs enseignants, via de grosses motivations financières. Il est également utile de dépasser les débats stériles sur les langues et la récupération politique qui en est faite pour maintenir nos enfants dans un carcan devenu obsolète.

La mise en place du HCE, malgré son expertise propre, devrait ouvrir la porte aux échanges avec les familles scolaires pour in fine converger, avec le temps, vers des solutions idoines et concertées.

JD

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