“Mission 300” Sommet africain sur l’énergie : le continent va connecter 300 millions de personnes à l’électricité d’ici 2030…

• La Banque africaine de développement et la Banque mondiale s’engagent dans une collaboration sans précédent pour transformer l’accès à l’énergie en Afrique.

• Un fort accent mis sur les solutions de cuisson propre pour éviter 600 000 décès par an dus à l’exposition à la fumée.

Dar es Salaam, le 27 janvier 2025 — Raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité dans les cinq prochaines années est à portée de main grâce à un effort de collaboration et à un engagement de mise en œuvre, ont appris lundi les participants au Sommet africain sur l’énergie à Dar es Salam, en Tanzanie.

Le sommet est organisé par le gouvernement tanzanien et “Mission 300”, une collaboration sans précédent entre le Groupe de la Banque africaine de développement, le Groupe de la Banque mondiale et des partenaires mondiaux, pour combler le déficit d’accès à l’électricité en Afrique en utilisant de nouvelles technologies et des financements innovants.

Près de 600 millions d’Africains sont privés d’électricité, une ressource essentielle au développement économique et à la création d’emplois.

S’exprimant lors de la première table ronde de la journée d’ouverture de ce sommet de deux jours, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a donné le ton de l’action et de la mise en œuvre, en mettant l’accent sur des solutions pratiques pour atteindre cet objectif ambitieux, allant des réformes réglementaires à l’engagement du secteur privé. Il a appelé à la participation active de diverses parties prenantes, notamment des institutions bilatérales et multilatérales, des entités du secteur privé, des organisations de la société civile et des fondations.

« C’est une mission essentielle… Notre mission ici est de dire que nous avons besoin de tout le monde… Il ne s’agit pas de nous, mais de ceux qui ne sont pas là, et nous devons écouter et entendre et nous assurer que ce sommet est axé sur l’action… Nous ne pouvons pas faire des affaires à la Mickey Mouse… Nous ne pouvons pas laisser perdurer une situation où l’Afrique n’a pas assez d’électricité », a déclaré M. Adesina devant l’auditoire composé de plusieurs ministres africains de l’Énergie, des partenaires internationaux au développement et des titans du secteur privé, des organisations de la société civile et des fondations qui   participent à la première journée du sommet.

 

La deuxième journée du sommet verra la participation de plusieurs chefs d’État de toute l’Afrique, qui se joindront à plus de 1 500 autres participants. Ensemble, ils traceront la voie de l’Afrique vers l’accès universel à l’énergie.

« La voie à suivre pour atteindre ces 300 millions de personnes est toute tracée », a souligné M. Adesina, distinguant l’initiative des efforts précédents. Il a souligné que ce programme vise à transformer le vaste potentiel de l’Afrique en réalité, grâce à une électrification complète.

« Grâce à l’électricité, l’Afrique ne se contentera pas de répondre aux attentes, mais les dépassera, devenant un continent compétitif et prospère », a-t-il ajouté.

La “Mission 300” comprendra de solides mesures de responsabilisation, notamment des systèmes de suivi et d’évaluation propres à chaque pays et l’Indice de réglementation de l’énergie en Afrique, pour suivre les progrès accomplis. « Il s’agit de rendre des comptes, d’être transparent et d’obtenir des résultats tout en permettant à l’Afrique de se développer avec fierté », a déclaré M. Adesina.

Il a souligné les effets dévastateurs des méthodes de cuisson traditionnelles basées sur le bois de chauffage et le charbon de bois, qui provoquent chaque année environ 600 000 décès dus à l’exposition à la fumée, ces décès étant répartis équitablement entre les femmes et les enfants.

La crise va au-delà de l’accès à l’énergie et affecte la durabilité environnementale en raison de la déforestation et de la perte de la biodiversité. « Il ne s’agit pas seulement de transition énergétique », a déclaré M. Adesina. « C’est une question de dignité. L’Afrique doit se développer avec dignité et fierté, et l’accès à des solutions de cuisson propre est fondamental pour réaliser cet objectif. » Il a félicité la Tanzanie d’avoir élaboré une stratégie nationale globale pour résoudre ce problème.

Le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, s’est montré optimiste quant à l’initiative, affirmant que ses objectifs ambitieux sont réalisables grâce à un travail acharné, notamment en garantissant un environnement propice à la participation du secteur privé. Il a souligné la nécessité d’une prévisibilité des devises, de cadres réglementaires et de l’acquisition de terres pour encourager les investissements soutenant la “Mission 300”.

Rajiv Shah, président de la Fondation Rockefeller, a appelé les philanthropes du monde entier à soutenir l’initiative.

« Rejoignez-nous pour soutenir les idées de cette initiative et les pactes nationaux que les dirigeants signeront. Ce qui est en jeu, c’est l’avenir des économies africaines, l’avenir des jeunes africains et l’avenir de notre monde », a-t-il déclaré, ajoutant que sa fondation s’engageait à verser 65 millions de dollars au programme.

S’exprimant après la discussion informelle, la secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed, a souligné que l’accès à l’énergie ne concerne pas seulement la fourniture d’électricité, mais aussi ce que cette électricité permet de connecter et de rendre possible. « Il est important que les systèmes alimentaires occupent une place centrale dans tout cela, et qu’ils soient alimentés par l’énergie que vous raccorderez », a-t-elle déclaré. Mme Mohammed a expliqué comment la connectivité énergétique catalyserait un changement transformateur dans les communautés rurales, en particulier pour les femmes et les jeunes, grâce à l’accès aux services financiers numériques, à l’éducation en ligne et aux possibilités de commerce électronique.

Toutefois, elle a souligné que la réalisation de ces ambitions nécessiterait une ingénierie financière importante et l’engagement du secteur privé. Le secteur privé doit s’engager et il ne le fera pas si le signal est que l’environnement financier ne lui est pas favorable », a-t-elle noté, appelant à des réformes des systèmes de notation de crédit et de l’architecture financière. « Lorsque l’on veut mettre en place le financement de l’énergie, ce n’est pas facile et cela nécessite la présence de nombreuses personnes autour de la table, parallèlement à ce que nous faisons, la politique et la régulation, la conception de ces pipelines et la mise à disposition de l’argent. »

Le sommet devrait produire deux résultats importants : la Déclaration de Dar es Salam sur l’énergie, qui décrira les engagements et les actions pratiques des gouvernements africains pour réformer le secteur de l’énergie, et la première série de pactes nationaux pour l’énergie, qui serviront de plans directeurs avec des objectifs et des calendriers spécifiques à chaque pays pour la mise en œuvre de réformes essentielles.

Source BAD

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button