Conseil de l’Europe: Défendre des valeurs communes ou les renier.

À l’occasion du sommet des dirigeants européens tenu ce jeudi 26 juin, les divisions au sein de l’Union européenne concernant la guerre à Gaza sont apparues une nouvelle fois au grand jour. Alors qu’une majorité de pays membres souhaite revoir l’accord d’association entre l’UE et Israël, d’autres – au premier rang desquels l’Allemagne, l’Italie et la Hongrie – s’opposent à toute sanction contre le régime extrémiste de B. Netanyahu.
Dix-sept États membres plaident pour une réévaluation de l’accord, invoquant les violations répétées des droits de l’homme par Israël dans les territoires palestiniens. Face à eux, un groupe de neuf pays, emmené par Berlin, défend le statu quo actuel. Non, le groupe de Berlin défend la poursuite de la colonisation israélienne et les massacres perpétrés contre la populations palestiniennes.
Une position qui cristallise les tensions, tant sur le plan diplomatique qu’au sein de l’opinion publique européenne.
Sous la direction du chancelier Olaf Scholz, l’Allemagne s’était déjà distinguée, au lendemain du 7 octobre 2023, par un soutien militaire, financier et diplomatique pour le gouvernement israélien. Ce soutien se poursuit aujourd’hui avec l’arrivée au pouvoir, en mai dernier, du conservateur Friedrich Merz. Malgré les critiques qui fusent de la société civile allemande et internationale, Berlin continue de fournir des armes et un appui politique à Tel-Aviv, y compris dans le cadre de l’offensive militaire à Gaza, largement dénoncée pour ses conséquences humanitaires.
La position allemande s’accompagne d’un encadrement strict des manifestations pro-palestiniennes, ce qui a suscité des critiques sur la liberté d’expression. Une liberté à géométrie variable dès qu’il s’agit de dénoncer le génocide à Gaza. Certains observateurs estiment que le complexe historique du génocide juif joue un rôle central dans cette posture du gouvernement allemand. De la Shoah aux massacres de Gaza, le gouvernement allemand s’enlise dans ses choix..
Une fracture entre gouvernements et opinions publiques en Europe est bien perceptible suivant le prisme palestinien. Alors que les grandes villes européennes sont régulièrement le théâtre de manifestations pro-palestiniennes, les gouvernements de certains États semblent peu enclins à entendre les dénonciations en cours. Cette dissonance entre les élites politiques et leurs opinions publiques alimente une frustration croissante, notamment au sein des populations arabes et musulmanes, qui peinent à comprendre l’inertie européenne face à des accusations graves, dont certaines émanant d’instances internationales.
La Cour pénale internationale a récemment pointé la responsabilité de hauts responsables israéliens dans des violations du droit international. Dans ce contexte, le refus de reconsidérer l’accord d’association entre l’UE et Israël – dont l’article 2 conditionne sa validité au respect des droits de l’homme – est vu par certains comme une forme de complicité passive. Un véritable test pour les valeurs européennes et pour les partisans d’une ligne plus ferme à l’égard d’Israël. Il en va de la crédibilité de l’Union européenne sur la scène internationale. Et notamment sur l’Ukraine où pourtant l’Allemagne est en pointe de la dénonciation de la Russie. Un double standard qu’elle ne peut justifier. Àux yeux des opinions, en effet, la défense des droits humains ne saurait être à géométrie variable. L’attitude de pays comme l’Allemagne, l’Italie et la Hongrie interroge donc sur la cohérence des principes que l’Europe dit lui servir de socle et que certains Etats bafouent visiblement.
Le débat autour de Gaza, au-delà du seul conflit israélo-palestinien, devient ainsi un révélateur des contradictions internes à l’UE elle-même.

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