Déclaration solennelle du collectif des avocats du candidat à l’élection présidentielle camerounaise Idrissa Tchiroma

Déclaration solennelle du Collectif Camerounais et International des Juristes pour la Vérité, la Justice et l’État de Droit – 6 novembre 2025
(Conférence conjointe – Yaoundé / Paris / Washington / Genève – 6 novembre 2025)

NOUS NE PLAIDONS PAS. NOUS ACCUSONS.

I. Le droit confisqué

Le droit ne gémit pas. Il accuse.
Il ne supplie pas les puissants. Il les rappelle à l’ordre. Il n’a pas besoin d’estrade. Il a
besoin de mémoire.
Aujourd’hui, ici, au Cameroun, dans ce pays meurtri par l’histoire et trop souvent trahi
par ses élites, nous, avocats, juristes et défenseurs du droit, ne plaidons pas une cause
partisane. Nous portons la parole du peuple quand la République l’étouffe.
Le 12 octobre 2025, le peuple camerounais a voté. Le 26 octobre, on lui a confisqué sa
voix. Ce ne fut pas une élection. Ce fut une opération de neutralisation démocratique,
orchestrée avec un tel cynisme qu’on en oublierait presque les apparences.
Des cartes d’électeurs jamais distribuées. Des bureaux sans observateurs. Des procès-
verbaux falsifiés. Un juge constitutionnel devenu greffier d’un verdict écrit d’avance.
Tout cela, nous ne l’inventons pas. Nous le prouvons. Et la loi, que l’on bafoue ici avec
une habileté machinale, nous donne raison.

II. Le sang versé

Ils ont osé. Et ils ont tué.
Quarante-huit morts. Selon des sources des Nations Unies, citées par Reuters. Des
balles contre des pancartes. Des matraques contre des chants. Des jeunes, des
femmes, des pères de famille. Pas des insurgés. Des citoyens.
Ajoutez à cela les arrestations arbitraires de figures respectées : Anicet Ekane, Djeukam
Tchameni, le Professeur Aba’a Oyono. Et jusqu’aux proches du candidat Issa Tchiroma
Bakary, enlevés dans la nuit, sans mandat, sans avocat.
Que dit le droit ? Article 6 du PIDCP : le droit à la vie, non négociable. Article 9 : nul ne
peut être arrêté arbitrairement. Charte africaine des droits de l’homme et des peuples,
articles 4, 6, 7 : intangibles.
Mais à Yaoundé, ce droit ne pèse rien quand il s’oppose au confort de l’État.

III. Le silence complice

Et pendant ce temps, que fait le monde ? Il regarde. Il tergiverse. Il espère que cela se
tassera.
Mais nous le disons aujourd’hui avec la clarté d’un verdict : le silence devient
complicité.
Car cette élection n’est pas qu’une affaire camerounaise. Elle concerne chaque
démocratie qui prétend défendre les principes de justice et de liberté. Elle concerne les
États-Unis, l’Union européenne, la Francophonie.
Alors ? Qu’attendez-vous pour parler ?

IV. L’honneur du droit

Il ne s’agit pas d’ingérence. Il s’agit d’honneur. Il ne s’agit pas d’intervention militaire. Il
s’agit de vigilance diplomatique. De vérité. De mémoire. De cohérence.
Nous n’appelons pas à l’agitation. Nous appelons au droit. Nous n’appelons pas à
l’insurrection. Nous appelons à l’instruction des faits. À l’ouverture d’une mission
d’enquête indépendante. À la mise en œuvre d’un mécanisme de médiation inclusive.

V. La mémoire et le verdict

Enfin, à ceux qui croient que tout ceci passera, que l’on prêtera serment demain
comme on efface une ardoise, nous disons : un régime ne se sauve pas par la fatigue. Il
ne se protège pas derrière les vieillesses qu’il fabrique.
Le serment d’un pouvoir qui nie le peuple est un faux témoignage. Et il engage la
responsabilité de ceux qui l’acceptent.
Car un jour viendra, plus tôt qu’ils ne le croient, où ces visages arrêtés deviendront
symboles, où ces actes de répression deviendront preuves, où ce serment contesté
deviendra stigmate.
Et ce jour-là, la justice parlera. Et l’histoire, enfin, tranchera.
Pour la vérité. Pour la République. Pour le Cameroun.

Fait à Yaoundé, Paris, Washington et Genève, le 6 novembre 2025.

Collectif Camerounais et International des Juristes pour la Vérité, la Justice et l’État de Droit (Avocats, juristes, professeurs, défenseurs des droits humains et observateurs électoraux indépendants).

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