Gaza: Israêl mine le “plan de paix” du président américain D. Trump

Faut-il déduire de la situation qui prévaut à Gaza que le plan américain est déjà compromis ? Les violations du cessez-le-feu, la poursuite des massacres et le maintien d’un blocus par Israel qui prive la population de l’accès aux biens essentiels, en contradiction avec l’accord conclu, jettent un énorme voile sur l’avenir du plan déclaré de Trump pour Gaza.

La semaine dernière, les États-Unis ont lancé au Conseil de sécurité des discussions autour d’un projet de résolution visant à « endosser » le plan américain qui avait permis, le 10 octobre, l’instauration d’un cessez-le-feu déjà extrêmement fragile pour arrêter le génocide israélien dans une bande de Gaza dévastée par deux années de guerre.
Mais ce plan apparaît aujourd’hui largement vidé de sa substance : Israël continue de violer le cessez-le-feu, les opérations meurtrières contre les civils se poursuivent –plus de 200 morts depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu- alors que le blocus opposé par Israél maintient la population de l’enclave palestinienne dans une situation de survie critique, avec une aide humanitaire délivrée au compte-gouttes, la veille des vagues de grand froid dans la région.
Le texte américain, modifié à plusieurs reprises, prévoit un mandat courant jusqu’à décembre 2027 pour un « comité de la paix » dirigé par Donald Trump, chargé d’administrer Gaza durant une phase dite de transition. Une approche unilatérale du président américain pour stopper la boucherie contre les gazouis dans laquelle plusieurs gouvernements occidentaux ont une responsabilité active.
Le plan américain dont il s’agit préconise le déploiement d’une « force internationale de stabilisation » (ISF). La proposition américaine entrevoit aussi la création de l’Etat de Palestine déjà reconnu -malgré sa propre opposition aux NU- par une écrasante majorité de la communauté internationale. C’est la 3ème mouture du texte us qui évoque la perspective d’un futur État palestinien, une fois réformée l’Autorité palestinienne et engagée la reconstruction.
À l’inverse, le projet de la Russie se contente de saluer « l’initiative » américaine sans citer son promoteur (D. Trump) sans se prononcer, non plus, sur la mise en place du « comité de la paix » ou l’envoi immédiat d’une force internationale. La Russie refuserait ainsi la mise sous tutelle du territoire et rejette la création du «comité de la paix ». Son texte propose simplement que le secrétaire général présente des options pour la mise en œuvre du plan de paix et, éventuellement, pour le déploiement ultérieur d’une force internationale d’interposition.
Jeudi, Washington a réagi à l’initiative diplomatique russe pour mettre en garde contre les risques d’un rejet du texte, accusant les voix dissidentes de « semer la discorde ». Selon la mission américaine, il s’agirait d’une occasion historique pour « garantir la paix tant nécessaire », alors même que cette paix est chaque jour sapée sur le terrain par la poursuite des opérations israéliennes.
Si les membres du Conseil semblaient jusque-là soutenir les grands principes du plan américain, plusieurs États ont exprimé de fortes réserves en relation avec l’absence totale de mécanisme de supervision par le Conseil de sécurité, le rôle flou de l’Autorité palestinienne, et les zones d’ombre persistantes sur la nature et le mandat exact qui ne serait pas placée sous autorité onusienne.
Vendredi 14 novembre, les États-Unis, soutenus par plusieurs partenaires arabes, ont appelé à une adoption « rapide » de leur texte. Mais ce soutien diplomatique peine à masquer la contradiction principale à savoir comment parler de transition, de stabilisation ou même de reconstruction alors que la situation humanitaire se détériore chaque jour, que Gaza reste sous blocus, et que le cessez-le-feu est ouvertement et continuellement violé par Israël ?
Mais comme lors des cessez-le-feu précédents, c’est la pérennisation de la paix qui fait défaut. La première phase de l’accord avait permis la libération de 44 otages et de quelque 2 000 prisonniers palestiniens, ainsi qu’une légère augmentation de l’aide humanitaire — insuffisante face à l’ampleur des besoins alors que l’armée israélienne contrôle encore la moitié du territoire gazaoui.

Mais au-delà des divergences diplomatiques, un constat s’impose : aucun plan ne peut être crédible tant que les violations du cessez-le-feu, les massacres et le blocus se poursuivent. Tant que moins de 200 camions d’aide par jour franchissent les points d’accès au lieu des 600 initialement prévus, toute discussion sur la paix reste théorique — et profondément déconnectée de la réalité vécue par les Palestiniens à Gaza.
(avec médias)

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