Mohamed Ould Billal à la tête de “Insaf” : le comeback de l’ancien premier Ministre

Technocrate reconnu pour sa compétence, Mohamed Ould Billal a été porté à la présidence du parti au pouvoir, El Insaf, à l’issue de la 11ᵉ session de son Conseil national. Ce choix, opéré à la veille du dialogue politique tant attendu, témoigne d’une confiance renouvelée du président Mohamed Ould Ghazouani, même s’il peut sembler délicat sur le plan politique. Reste à savoir si Mohamed Ould Billal saura réussir là où peu l’attendaient.

L’homme n’est pas un novice en politique. Il s’y est engagé très tôt, même si c’est sous le régime de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz qu’il a véritablement été révélé. En 2007, il est propulsé au gouvernement comme ministre de l’Équipement, de l’Urbanisme et de l’Habitat. Ingénieur de formation et figure clé de l’Agence de développement urbain (ADU), il s’impose alors comme un cadre compétent, pragmatique et mesuré. Sa nomination tranche avec les équilibres politiques traditionnels et lui permet de gravir rapidement les échelons du pouvoir.

Après l’élection de Mohamed Ould Ghazouani, Mohamed Ould Billal devient une figure incontournable. Nommé Premier ministre le 6 août 2020, à la suite de la démission d’Ismael Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya, il hérite d’une double mission : préserver les équilibres politiques tout en contenant la montée en puissance de l’opposant Biram Dah Abeid, originaire de la même région. Toutefois, son style discret lui vaut des critiques, certains lui reprochant son absence de présence dans l’arène politique.

En mars 2022, malgré de nombreuses spéculations, il est reconduit à la tête du gouvernement après une démission de forme. Il reste Premier ministre jusqu’au lendemain de la dernière élection présidentielle, moment où Mokhtar Ould Djaye, figure centrale de son gouvernement, lui succède.

Après cette période, Mohamed Ould Billal disparaît quelque peu de la scène publique, avant de réapparaître aujourd’hui à un moment jugé décisif pour “Insaf”. Ce parti, né sur les ruines de l’UPR, reste marqué par les tensions ayant opposé l’ancien président Aziz à son successeur Ghazouani. Les échéances à venir représentent donc autant de défis, tant pour le parti que pour l’avenir politique personnel de son nouveau président.

À l’approche d’un dialogue politique que l’opposition radicale menace déjà de boycotter, Mohamed Ould Billal s’apprête à vivre un véritable test politique. Son retour intervient également dans un contexte où se dessinent les premières hypothèses autour de l’élection présidentielle de 2029, à laquelle le président Ghazouani ne pourra, en principe, pas se représenter après deux mandats.

C’est donc à l’aune de sa capacité à consolider le parti au pouvoir, à gérer le dialogue politique et à préparer l’avenir que l’ancien Premier ministre sera désormais jugé, après avoir été appelé à remplacer Sidi Ahmed Ould Mohamed à la tête d’El Insaf.

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