Mauritanie-FMI : Accord préalable pour 82.75 MUSD
La Mauritanie et les services du Fmi ont conclu un accord préalable pour un montant de 82.75 millions USD. Ce dernier devrait aider notre pays à faire face à la forte inflation jamais connue depuis 1989.
De 8% au début de l’année, mars 2022, l’inflation, à moins d’un redressement spectaculaire, pourrait atteindre un seuil limite de 12% enregistré en 1989 dans le pays; une situation, à l’origine, à l’époque, de turbulences économiques et politiques majeures. Le Fmi ne le cache d’ailleurs pas en évoquant des perspectives «très incertaines » et les effets pervers et conjugués sur la situation économique du pays de la récession internationale doublée des nombreuses crises au Sahel, en Ukraine et leurs impacts sur les prix du pétrole et des denrées alimentaires…Ces crises auraient encore accentué « les défis économiques de la Mauritanie et (…) aggravé les pressions inflationnistes».
Contradictions notoires dans les estimations des institutions
Si le Fmi a raison que la Mauritanie payerait ainsi la taxe d’une telle situation par l’effritement de son solde intérieur et extérieur l’on ne peut comprendre cependant la célérité avec laquelle l’inflation a atteint ces propensions alarmantes. Autre curiosité, le Fmi a annoncé il y a deux semaines environ que la Mauritanie, en même temps que d’autres pays (Djibouti, Somalie et Yémen) ne pourrait guère réaliser une croissance de plus de 0.8% en 2022. Mais subitement, si l’on se fie à la déclaration faite aux médias officiels par Félix Fischer (photo, à droite), responsable Fmi pour la Mauritanie : « la croissance économique s’est accélérée et devrait atteindre 5,3 % en 2022». Il y a quand même anguille sous roche si des chiffres aussi diamétralement opposés sont servis aux observateurs. Lequel des chiffres est le bon ? Pourquoi ont-ils changé si rapidement ? Qu’est-ce qui explique cette variation importante d’une prévision de croissance faible (voir slide Fmi) à une autre plus importante ?
Cette estimation du Fmi est déjà en contradiction avec le dernier rapport sur la situation économique du pays établi par la Banque Mondiale (juin 2021) où l’on estimait, avec la reprise économique, que « la croissance a rebondi de 2,4 % en 2021» et que le pays semblait «prêt pour une croissance plus optimiste en 2022».
Faut-il pour autant s’accrocher à ce qui semble des contradictions statistiques sur la conjoncture économique du pays, comme un noyé s’agripperait à une bouée de sauvetage pour ne pas couler? Sans doute pas.
Des Restrictions au resserrement monétaire
On va continuer à croire les dires du Fmi qui annonce que les réserves (hors industries extractives) pourraient couvrir 5 mois d’importations. Mais cette fois, il se pare au moins de précaution car les recettes d’exportation pourraient ne plus faire…recettes et il faudra que la BCM continue sa politique de restriction monétaire entérinée le 6 octobre dernier par le conseil de politique monétaire pour lutter contre l’inflation mais en évitant de trop manipuler le taux directeur! Contenir l’inflation est donc le maitre-mot. Le FMI encourage ainsi le gouvernement à faire face aux effets douloureux de la politique restriction monétaire pour contenir l’inflation galopante (11%).
Il faut donc se resserrer les ceintures pour le bien-être de la balance des paiements en espérant que le conseil d’administration du Fmi se réunira en janvier 2023 et accordera enfin cette rallonge pour aider à une stabilité macroéconomique (toujours fragile !) du pays.
A noter que le futur programme objet du prêt concerne 3 piliers :
(i) améliorer la budgétisation à moyen terme pour maintenir la viabilité budgétaire ;
(ii) renforcer les cadres de politique monétaire et de change ;
iii) des réformes structurelles pour un meilleur climat des affaires et l’inclusion financière.
Point d’optimisme béat. Le tableau dressé par le Fmi est donc loin d’être reluisant. Il est même décourageant mais est peut être sincère, sans langue de bois. Alors faut-il véritablement déchanter et se résigner au fait que la production gazière attendue ne rendra pas le pays plus solvable ? Ou y a-t-il intention « perfide d’en laminer l’économie » pour le rendre encore plus dépendant d’une perfusion?
Seuls des experts avertis peuvent éclairer les lanternes…
JD
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