Mauritanie-Sénégal : Les licences de pêche sénégalaises font des remous !

pêche artisanale

Les pêcheurs artisans mauritaniens commencent à hausser le ton au moment où ils ont ouï-dire que les gouvernements mauritanien et sénégalais auraient engagé un premier round de renégociation de leur dernier accord de pêche. Un accord « préférentiel » qui permet aux pêcheurs sénégalais, de faire face à la rareté du poisson dans leurs eaux, grâce à 400 licences de pêche qui leur sont allouées par les autorités mauritaniennes.

En effet, alors que le dernier accord de pêche entre la Mauritanie et le Sénégal devrait venir à termes en juillet prochain, les pêcheurs artisans mauritaniens crient à tue-tête qu’un tel accord gruge l’armement national artisanal d’une ressource nationale de plus en plus rare et que leurs concurrents sénégalais capturent bon marché. «Il est temps de mettre fin à cet accord préférentiel » proteste un acteur de la pêche artisanale mauritanienne estimant que l’Etat mauritanien devrait se préoccuper beaucoup plus de ses ressortissants que de «brader » une ressource que les sénégalais ne consomment pas mais utilisent dans leurs exportations vers l’étranger quand ils ne la font pas broyer en farine de poisson. Le précédent accord permettait aux 400 embarcations sénégalaises de capturer 50 milles tonnes de petits pélagiques très usités sur le marché local pour la consommation humaine. Un quota que des pêcheurs artisans mauritaniens trouvent excessif.
La relation mauritano-sénégalaise dépasse pourtant les contingences sectorielles. Il est difficile notamment en raison des relations étroites entre les deux pays et les deux gouvernements que la situation change. Même les protestataires mauritaniens se doutent de la gaine politique stratégique qui enveloppe les échanges entre les deux pays et qui viennent de donner un exemple de coopération mutuellement avantageuse par l’aboutissement de l’exploitation commune du gisement de Grand Tortue/Ahmeyim. Même s’ils n’appellent pas à finir en queue de poisson cet accord, les pêcheurs mauritaniens souhaitent un accord plus équitable en termes de ristournes pour les opérateurs mauritaniens. L’esprit est sans doute à la cohésion bien plus qu’au tiraillement. Mais, par contre, il faut que les pêcheurs sénégalais -notamment ceux de Guet N’Dar- cessent de faire du chantage à leur gouvernement sur une ressource qui ne lui appartient pas ou de pousser les garde-côtes mauritaniens sur les nerfs, en refusant d’obtempérer aux injonctions après violations de la frontière maritime, comme ce fut le cas en janvier 2018, avec la mort de feu-Falou Sall. Un incident qui avait été instrumentalisé pour s’attaquer aux commerces mauritaniens établis au Sénégal. Certains observateurs y avaient vu la main de l’opposition Dakaroise. Gageons que ces accords feront aussi partie de la campagne politique au Sénégal en vue de l’élection du futur président en février 2024. Une élection à laquelle le président sortant Macky Sall devrait prendre part et dont les chances, sans préjuger de celles de ses opposants, restent intactes pour la gagner, en raison d’un bilan largement positif pour le Sénégal.
Mais il demeure nécessaire, pour la partie mauritanienne, à la lumière d’une première mission de contact pour le renouvellement de cet accord que les autorités nationales prennent aussi le pool des acteurs et opérateurs nationaux du secteur afin de donner les gages qu’aucun deal ne se fera à leur détriment.
JD
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