Reprise du procès de la décennie: L’ancien président Aziz plaide non coupable
Pour la première fois, après la fin de la bataille procédurale, l’ancien président, Mohamed Ould Abdelaziz, poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, a plaidé jeudi non coupable devant la juridiction spéciale chargée de le juger en même temps que plusieurs des coaccusés avec lui.
Selon nos confrères de Al Akhbar, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a rejeté « toutes les accusations portées contre lui » faisant le parallèle de la situation du pays à son départ et celle dans laquelle il se trouverait aujourd’hui. Il a notamment mis en lumière la mauvaise gestion de l’Etat dont il a accusé, sans les nommer encore, des particuliers de sévir contre les intérêts du pays en s’adjugeant des bons du trésor à des taux intérêts élevés de l’ordre de 13%. Il en aurait résulté 9 milliards de plus chaque année. Il a encore évoqué la cession de 80% de ces créances à des banques privées alors que sous son règne, la dette ne dépassait pas les 50 milliards que des entreprises publiques comme la SNIM, l’Air mauritanienne, le Port et autres, ont supporté à un taux d’intérêt variant entre 2 et 3%. L’ancien président a encore souligné que l’un des pays créanciers, qu’il n’a pas cité, avait une dette de 3 milliards Usd et qu’elle a été ramenée sous son règne à 77 millions Usd seulement. L’ex-président a, sur ce registre, rappelé la cession, avant son accession au pouvoir, d’entreprises publiques à un ouguiya symbolique mais que cela n’avait pas suscité le même l’intérêt. Pour lui le silence sur ces affaires relève de la corruption. L’ancien président a souligné qu’en 2009, toutes les banques ont déclaré avoir perdu 300 millions d’Ouguiyas pour échapper au fisc alors qu’elles ont déclaré en 2010 avoir gagné 3 milliards d’ouguiyas, ajoutant qu’avant lui, elles recevaient des dépôts de l’État qu’elles prêtaient avec intérêt aux institutions publiques. Un manège que l’ex-président dit avoir arrêté. Concernant l’entreprise Somelec, “qui est dite corrompue”, Ould Abdel Aziz a indiqué que cette institution a coûté 15 milliards à l’Etat en 2015, dont 8 milliards de subventions et 7 milliards pour la fourniture du carburant. Il dira qu’il a quitté le pouvoir alors que l’entreprise payait régulièrement ses dettes auprès de créanciers étrangers. « Il a ajouté qu’il y a un homme d’affaires à qui la Somelec devait 5,2 milliards d’ouguiyas », considérant que c’est ce genre de personnes qui l’ont ciblé et propagé des mensonges sur son compte. Il a également confirmé que durant deux mandats au pouvoir, aucun déficit budgétaire n’avait été enregistré, et qu’aucun ministre n’avait engagé des dépenses hors de son budget. Sur les dettes intérieures, Ould Abdel Aziz a dit que les dettes intérieures s’élevaient à 225 milliards d’ouguiyas au premier coup d’Etat de 2005 et que lors de celui de 2008 elles n’étaient plus que de 25 milliards, indiquant que lors de ce deuxième règlement, tout s’est déroulé de manière équitable, claire et transparente. L’ancien président a enfin conclu que c’était tout ce qu’il avait à dire sur des questions de généralités et qu’il se tenait disposé à répondre en détail à tout point soulevé. (Avec Alakhbar)