Tchad: polémique après l’adoption d’un avant-projet de Constitution par le Conseil des ministres
L’opposition s’est soulevée, au Tchad, après l’adoption, vendredi 2 juin, par le Conseil des ministres, d’un avant-projet de Constitution. Elle dénonce une « filouterie politique ». Le texte doit être soumis au référendum populaire cette année selon le calendrier adopté par le Conorec, l’organe chargé de son organisation.
L’opposition tchadienne n’a pas attendu d’avoir vu l’avant-projet de Constitution pour s’y opposer. Plusieurs leaders se sont mis à dénoncer un choix qui trahi, selon eux, « l’esprit et la lettre du dialogue national inclusif et souverain ». C’est le cas de Théophile Bongoro, à la tête de l’Alliance Victoire. Il accuse le gouvernement de vouloir forcer la main au peuple tchadien : « Là, c’est du banditisme pur et simple parce qu’on est en train de forcer la main au peuple pour choisir une seule forme de l’État qu’est l’État unitaire. Or, le référendum devait porter sur : Voulez-vous un État unitaire ou bien voulez-vous un État décentralisé ? Et il y avait la Constitution qui sied à chacune de ces deux formes d’État. Mais là, ce n’est ni plus ni moins que de la filouterie politique ».
Le gouvernement tchadien n’a pas voulu réagir, pour le moment, mais une source gouvernementale rappelle que lors d’un référendum, on pose une question simple à laquelle on répond par oui ou par non.
« Est-ce que vous êtes pour un État unitaire ou un État fédéral ? »
Même son du côté du MPS, le parti de l’ancien président défunt Idriss Deby Itno. C’est impossible de préparer, en même temps, les deux projets de Constitution, explique le porte-parole du MPS, Jean-Bernard Padaré: « Lors du vote, on posera la question : est-ce que vous êtes pour un État unitaire ou un État fédéral ? Parce qu’en effet, si aujourd’hui, vous demandez à ce qu’on présente deux Constitutions, on ne sait même pas combien d’États fédérés on aura ».
Cet avant-projet devra être adopté par le Conseil national de transition, une simple formalité au vu de sa composition, selon l’opposition, avant d’être soumis à un référendum populaire vers la fin de l’année, si tout se passe comme prévu. C’est lors du dialogue national inclusif et souverain d’aout 2023 à N’Djamena, et qui avait été boycotté par une partie de l’opposition, que les parties avaient décidé de laisser le peuple faire son choix. « C’est donc ce qui va être fait », expliquent les soutiens du pouvoir.
RFI