Transparence électorale de la présidentielle: Que valent les promesses de la CENI ?
Juin 2024, la Mauritanie connaitra une nouvelle élection présidentielle. Au moins 9 candidats sont déjà pressentis pour briguer le vote des citoyens lors de cette élection dont le principal enjeu reste la transparence du scrutin. Epinglée sur sa gestion en 2023, la CENI pourra-t-elle se blanchir de la dernière cacophonie née des dernières élections générales qu’elle avait gérées?
Malgré les assurances données par la CENI, rien n’indique que l’orthodoxie promise dans la transparence de gestion de la future consultation électorale sera réellement suivie. L’expérience précédente lors des élections générales d’avril 2023, il y a juste une année, a laissé une grande suspicion et une amertume profondes parmi les acteurs politiques y compris ceux de la Majorité ; au point que beaucoup d’observateurs ont été surpris de la reconduction de l’ancienne CENI pour gérer l’élection présidentielle prévue fin juin prochain. Il est cependant vrai que ces consultations générales portant sur l’élection de 176 députés de l’Assemblée nationale, 13 conseils régionaux et 216 mairies n’étaient pas techniquement aisée.
Pour autant, la CENI ne convainc pas sur ses « bonnes intentions » le microcosme politique et devrait aussi faire réfléchir les autorités politiques car elle risquerait, une fois de plus, de créer les conditions propices à la contestation et à la remise en cause de la crédibilité du scrutin qui détermine le choix du sommet de la hiérarchie de notre système politique. Une transparence que l’Opposition dit rechercher malgré ses déboires avec la CENI lors des dernières élections générales. Elle réclame, à juste titre, des garanties sérieuses après l’intermède vécu lors des élections générales d’avril 2023. Il ne suffira pas donc des déclarations d’intention pour que la CENI soit blanchie de son rôle cacophonique d’autant que des candidats malheureux aux dernières élections, comme Hassen Lebatt, ont révélé le marchandage des résultats. H.Lebatt a clairement pointé du doigt un membre de la CENI lui proposant ses services pour tripatouiller les résultats en sa faveur par une «manipulation informatique des résultats des élections de 2023». Proposition que Lebatt aurait rejetée, en gardant la primeur de ses accusations à la veille de l’élection présidentielle.
L’affaire de Hassen Lebatt, qui ne serait, en apparences, que la goutte qui fait déborder le vase, dans la gestion des dernières élections fait peser un énorme voile noir sur la CENI. Celle-ci n’avait pourtant remis en cause qu’un seul résultat en réorganisant, pour se dédouaner, l’élection dans une commune du Ghidimagha, sud du pays. Mais l’affaire Lebatt a déjà fait tache d’huile avec la réclamation, le 19 mars 2024, par l’UFP, grand perdant avec le RFD de ces élections de 2023, à la fois à la CENI, mais aussi à la Justice, de faire la lumière sur ces graves accusations. Quelle ampleur avait eu cette manipulation et qui en est responsables ? Voilà des zones d’ombre et une impunité que la CENI gagnerait à clarifier pour éviter d’entacher la future élection présidentielle en gardant dans les tiroirs une affaire compromettante. Jusqu’ici en tout cas, rien ne semble avoir été fait pour mettre au clair cette affaire. A trois mois de l’élection du futur président, les promesses de transparence de la CENI devraient commencer à démêler ces graves accusations car la gestion matérielle de l’élection présidentielle, plus aisée en raison du nombre limité des candidats potentiels, passera nécessairement par faire valoir ce « scanner » de la transparence…
JD