Présidentielle 2024 : Le compte à rebours déjà lancé !

Au moins neuf candidats dont le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, témoignent de leurs volontés de briguer le suffrage des mauritaniens. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne !

L’investiture, mercredi 24 avril 2024,.par le parti « Insaf », soutenue par les partis de la majorité, du président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, comme candidat à l’élection présidentielle du 29 juin prochain, ferme, sans doute, le chapitre des déclarations d’intention pour cette consultation, en attendant la collecte des parrainages où certains rencontreront des haies difficilement surmontables pour figurer dans les starting-blocks de cette course au palais. Les raisons iront de l’invocation de l’empêchement judiciaire, pour l’ancien président, Mohamed Ould Abdelazziz, toujours en prison, et condamné pour 5 ans, au déficit de la validation des parrainages pour d’autres candidats, qui ne pourraient pas rassembler les imprescriptibles sésames de cent conseillers municipaux ou qui manqueront, en dernière minute, de moyens financiers pour concourir.

 

Il est donc clair qu’avant même que le coup d’envoi ne soit donné, certains candidats semblent bien mieux placés que d’autres ; le président sortant partant largement favori des pronostics. Outre le président sortant, il y a également les candidats Biram Dah Abeid, son outsider lors de l’élection de 2019, qui avait enregistré 18% des suffrages exprimés. Le plus grand parti d’opposition, avec 11 députés, le parti islamiste Tawassoul qui avait soutenu l’ancien premier Ministre, Sidi Mohamed Ould Boubacar, 17% des voix en 2019, présente pour la première fois depuis 2009, un candidat issu de ses rangs. Il s’agit de son président, Hamadi Ould Sid’ El Moctar. Des candidates à la candidature comme Khadija Sidine ou encore K.M. Diallo qui serait pressentie sont aussi citées. D’autres candidats sont déclarés comme Mohamed Ould Mounir, poussé par « La Majorité Silencieuse », Ba Mamadou Bocar de l’Ajd/MR, H. Moctar Kane, Al Id Mohameden Mbareck, Mouvement Espoir Mauritanie, Noureddine Mohamedou, président du Mouvement ”En avant la Mauritanie”, Mohamed Lemine El Mourteji Ould El Wavi ; Dr Mohamed Cheikh, journaliste résidant à Doha…

 

Les jeux sont-ils faits?

Elu le 22 juin 2019, au premier tour avec 52% des voix, le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, qui bénéficie du soutien d’un spectre politique assez large et disparate, pourrait aussi faire valoir un excellent bilan économique en raison des énormes défis qui l’ont assailli très tôt et qu’il a su relever depuis son accession aux plus hautes marches de l’exécutif. Les circonstances de cette prise de pouvoir, depuis le début de ses fonctions, le 01 août 2019, ne se sont pas produites sous les meilleurs auspices. En effet, l’accession au pouvoir intervient dans un contexte économique désastreux (surendettement extérieur et dilapidation des recettes publiques). Une patate chaude qui est également à l’origine des incompréhensions entre le président Ghazouani et son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz. A cela, il faut ajouter, la survenance dès mars 2020 du premier cas de Covid sur le sol national. Notre pays qui a déployé d’énormes moyens a officiellement enregistré 995 morts pendant cette crise sanitaire à l’origine d’une quarantaine de plusieurs mois.

Nonobstant les défis, le premier quinquennat du président sortant a permis de rétablir les équilibres macro-économiques et une meilleure gouvernance la dette extérieure, et de susciter l’espoir d’une croissance à deux chiffres avec l’exploitation de nouvelles ressources naturelles. Il a surtout permis de rétablir la confiance avec les bailleurs de fonds et les investisseurs mais aussi de créer les conditions de promotion et de transparence de l’environnement des affaires. La situation n’est, sans doute, pas parfaite mais un grand chemin a été parcouru malgré le retard des dividendes attendus de l’exploitation des ressources en gaz (GTA).  Le legs désastreux a été dépassé et une économie plus résiliente a été initiée. Elle a certainement ses tares mais ses impacts positifs sont incommensurables et ont ainsi permis de financer une plus grande justice sociale à travers les différents programmes socio-économiques en direction des plus démunis. Cerise sur le gâteau, depuis son avènement aux commandes de l’Etat, le président sortant à privilégier le débat et la discussion pour apaiser le climat politique. Comme pour l’économie, il y a réussi avec beaucoup d’entrain. A noter également que le président, en véritable timonier, a réussi à naviguer, sans heurts, parmi les eaux troubles de la géopolitique régionale. A l’échelle continentale et internationale, l’image du pays se porte encore mieux que sous les anciennes législatures.

Présidentielle 2024: Ghazouani candidat à sa propre succession !

Des regrets ? Oui, il y en a !

Échecs ou regrets ? C’est selon. Parmi les piliers des engagements présidentiels de 2019, le quatrième celui de la valorisation du capital humain a péché retardant encore davantage l’émancipation et le développement escompté pour la jeunesse du pays qui représente 70% de sa population.

Le président sortant a été, lui-même, plusieurs fois interpelé sur ces questions avec en toile de fonds les grandes vagues migratoires de plus de 14.000 jeunes mauritaniens rien qu’aux Etats-Unis.

Le chômage endémique qui frappe un jeune mauritanien sur trois est particulièrement préoccupant au moment où l’accès aux emplois publics ne déroge pas encore au clientélisme d’antan. Pire encore, dans notre pays, les jeunes entre 14-35 ans, ne seraient ni employés, ni dans l’enseignement alors que 48% des chômeurs seraient des femmes. Dans un récent entretien avec Jeune Afrique, le président Ghazouani a promis d’en inverser la tendance. Plusieurs partenaires comme l’Ue –pour atténuer la migration- ont également promis d’apporter leur pierre à d’édifice.

Comme la santé, le système éducatif, malgré la réforme stagne toujours, pataugeant dans d’inextricables freins déployés pour le plomber pour de bon. Comme pour le secteur de la santé dans les années 80, la libéralisation de l’enseignement a détruit le secteur public pour en siphonner les profs, les étudiants et les sous des parents d’élèves anéantissant encore la classe moyenne dans le pays. Une OPA qui ne dit pas son nom au détriment de l’Etat et des citoyens. Les résultats de la formation n’accompagnent pas cette saignée. L’éducation est bien loin des engagements du Forum Mondial sur l’éduction (FME) de 2015. De l’avis d’expertises nationales : « Le PIB relatif à l’éducation reste bloqué à 1,9% contre 4 à6% prévu par le FME et que le budget de l’éducation ne parvient pas à dépasser 10,4% du budget général alors que le FME proposait encore 15 à 20% du total des dépenses publiques à l’éducation.
Toute ces questions concernent et interpellent aujourd’hui la jeunesse qui y joue son avenir. La thématique de la jeunesse, en sus des sempiternelles questions sociales, occupera certainement une plus grande acuité dans le débat politique de la future présidentielle.

Plusieurs mouvements de diverses familles politiques, qui entendent enfourcher la monture de la jeunesse pour espérer racler avec la dernière écuelle les dividendes d’un soutien à la réussite presque assurée du président sortant, risquent d’en détourner le fondement. Les enjeux restent donc énormes pour tous.

Il est donc difficile, voire improbable, malgré les inconvénients du premier quinquennat, d’entrevoir la future élection sans une victoire, au premier tour, du président sortant. Mais en attendant d’en consolider éventuellement les acquis lors du prochain quinquennat, le plus grand défi restera d’éviter les travers de la gestion du scrutin par la CENI.

Des travers que les candidats en lice disent rejeter d’emblée pour s’en tenir à une élection transparence et inclusive garantissant une impartialité de l’Administration publique dans la gestion du processus.

Jedna DEIDA

 

 

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