L’ancien président, Aziz, écrit à Ghazouani: Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République.

Monsieur le Président,
Je m’autorise à vous écrire aujourd’hui prenant à témoin notre cher PEUPLE, parce que mon inquiétude est grandissante quant à la situation du pays. Le cheminement qu’il prend me semble le conduire vers un précipice. Un précipice d’autant plus dangereux qu’il est provoqué par une gestion désastreuse et primitive de l’Etat qui érige le tribalisme, le clanisme ravivant par la même le sectarisme et le communautarisme. De même l’accroissement de la corruption, de la gabegie et du laisser aller ainsi que le manque d’autorité à la limite de l’absence de souveraineté. Aussi l’empiètement des « instructions, ordres» sur un fonctionnement régulier de l’Etat que prône le respect de la CONSTITUTION et des LOIS de la RÉPUBLIQUE. L’usage excessif et impudent des moyens et des forces de l’Etat à des fins partisanes.
Monsieur le Président,
Vous n’êtes pas sans savoir que la situation que nous vivons ou plutôt qu’endure ce PEUPLE désarçonné aujourd’hui, n’est pas celle pour laquelle je vous aviez convié un jour de 2005. À l’époque ce n’était pas pour une mainmise sur le pouvoir, du temps où vous étiez le Colonel MOHAMED OULD MOHAMED AHMED, non encore amarré à la «nomenklatura nationale » je vous ai associé à un projet, le mien pour le bénéfice de notre pays, pour que le PEUPLE se libère et puisse s’émanciper de ses démons, pour qu’enfin notre chère MAURITANIE puisse être comptée parmi les pays où les libertés, la justice et la démocratie sont de mises. Ce qui n’a pas été facile car les braises des feux éteints, ont vite rallumés les feux et il a fallu que nous intervenions une deuxième fois pour recadrer les choses et maintenir un cap que beaucoup ne souhaitaient ni ne voulaient pour le pays.
Celui de la démocratie, de la justice, des libertés, de l’Etat de droit et surtout, et surtout le respect des biens publics et leurs utilisations avec rationalité et parcimonie. Ce qui nous a permis durant la décennie 2009-2019 de faire des avancées probantes dans tous les secteurs de la vie de la nation. Une armée squelettique à l’état de mort cérébrale a été ravivée et est venue à bout d’une insécurité ambiante qui menaçait la pérennité de l’Etat sous toutes ses formes politiques qu’économiques. Un système de santé pour qui un plateau technique des plus performants a été mis en place avec la multiplication des hôpitaux, la création d’hôpitaux spécialisés ayant révolutionné et rapproché les soins de santé de malades souvent démunis.
Notre système éducatif qui ne faisait que produire des chômeurs invétérés car ne répondant pas aux besoins du marché de l’emploi s’est vu doté d’une infrastructure moderne et d’un recadrage permettant la diversification et l’adéquation des formations aux besoins de l’emploi. Les grandes villes du pays dont la capitale Nouakchott et les principales villes du sud-est qui souffraient de soifs récurrentes ont été pourvues d’infrastructures hydrauliques nécessaires. Les capacités de production de l’énergie ont été multipliées par 12 au bas mot en moins de 10 ans passant ainsi de 42 MW à plus de 540 MW dont plus de 40 % est produite à partir du solaire, de l’Eolien et de l’hydroélectricité.
L’infrastructure routière, portuaire et aéroportuaire s’est développée d’une manière sans précédent; plus de 3.400 km de routes bitumées reliant désormais toutes les régions du pays et l’essentiel des chefs lieux de départements. De nouveaux ports stratégiques pourvus de toutes les composantes des services ont été érigées pour developper les industries de pêche, les échanges commerciaux et participer à la sécurisation de notre façade maritime. La construction de l’aéroport international OUMTOUNSI de Nouakchott ainsi que la restauration des aéroports de l’intérieur concomitamment avec la création de la compagnie nationale de transports aériens a participé à désenclaver le pays et à renforcer notre souveraineté aérienne recouvrée par la gestion de notre espace aérien longtemps gérée de l’extérieur. Aussi le transport urbain et interurbain a été sensiblement amélioré par les facilités accordées aux promoteurs du secteur.
Les objectifs ambitieux visés dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage ont permis de remettre sur les rails ces deux secteurs vitaux pour le pays pour leur contribution à l’indépendance alimentaire du pays; ainsi pour la denrée principale qu’est le riz la production nationale a pu couvrir 85% de nos besoins et la production laitière s’est sensiblement améliorée par le fait de l’amélioration de la race bovine à travers l’insémination artificielle ainsi que l’état de santé du cheptel. La plupart des arsenaux juridiques ont été revisites pour protéger nos ressources maritimes halieutiques et minières onshore et offshore améliorant par la même les recettes de l’Etat tout en se focalisant sur le respect de l’environnement.
L’Etat civil longtemps négligé, source de tous les problèmes, revendications et objet de manipulations a été pratiquement assainie par son passage au système biométrique sécurisé répondant aux normes exigées par le contexte international. Dans le domaine de la liberté d’expression et des droits de l’homme des avancées significatives ont été réalisées par la multiplication des chaînes de télévisions privées et libres, plus de censure de journaux et la déculpabilisation des délits de presses. Les partis politiques ont proliféré atteignant le nombre de la centaine et aucune détention pour des raisons purement politiques n’a été enregistrée. Deux dialogues politiques ouverts à tous, ont permis de consolider notre démocratie avec des révisions constitutionnelles qui ont respecté et l’intérêt du pays et la volonté du peuple.
Voilà, Monsieur le Président de manière succincte ce qui a pu être fait durant la décennie passée malgré l’héritage lourd laissé par les gestions précédentes de l’Etat et l’insuffisance des moyens et les difficultés à surmonter que vous n’étiez pas censé ignorer.
Aujourd’hui et après que votre mandat est arrivé à son terme vos collaborateurs ministres qui s’égosiller en disant qu’ils étaient avec un Président avenant, affable et fédérant; qu’ont ils fait de vos cinq ans, ? Qu’ont-ils fait pour le pays, ???Qu’ont-ils fait de son infrastructure qui était plus ou moins au point; ??L’ont-ils amélioré,?? L’ont-ils entretenu, ?? L ’ont-ils conservé à défaut de pouvoir initier de nouveaux projets structurants pour le pays au moment où ils chantaient à tout vent qu’ils ne se sont jamais sentis Ministre avant votre arrivée. Et au moment où leur budget a été multiplié par deux.
Monsieur le Président,
Peut être que je vais vous surprendre peut être que non; en vous disant que rien n’a été fait durant ces cinq dernières années à part deux échangeurs dont l’un est terminé et l’autre toujours à l’état de projet; échangeur d’ailleurs projeté de mon temps et dont le financement obtenu auprès de la République Populaire de Chine, a été retardé par mes soins parce que je l’ entrevoyais plus grand et au carrefour Madrid goulot d’étranglement de la circulation de la ville.
En dehors de ça, rien de vraiment significatif ne m’a semblé avoir été réalisé. Le pays qui par sa diplomatie rayonnante, s’était frayée une place d’honneur dans le concert des nations et participait énergiquement aux résolutions des problèmes internationaux se retrouve aujourd’hui confiné au rôle de supplétif de l’Union Européenne dans ses tracasseries contre nos frères africains en migration. Renonçant ainsi à son rôle d’acteur au profit de celui de figurant pour les petites taches qui ne font ni bonheur ni honneur à la nation et qui ne font qu’estomper sa voix dans les forums internationaux
L’essentiel de l’infrastructure laissée sur place à mon départ a souffert du manque d’entretien et de négligence. Cette insouciance n’a pas épargné les hôpitaux ou l’un des plus importants a été fermé purement et simplement mettant en danger ses patients et tous ces équipements sophistiqués avant d’être réouvert deux ans après . L’hôpital d’oncologie aussi peine à maintenir ces équipements en état constant de marche constitués d’accélérateurs de particules à la pointe de la technologie.
L’électricité sensée ne plus être le souci du citoyen autant que de l’industriel dans les principales villes du pays où l’indifférence et la corruption ont caractérisé la gestion des installations, nous ramenant aux années des ténèbres.
Comment se fait-il Monsieur le Président que vous ignoriez que nos citoyens souffraient du manque d’électricité ces derniers temps, comment vos collaborateurs à charge de l’énergie peuvent-ils justifier cela. La ville de Nouadhibou pour votre information a été dotée au début de mon premier mandat de 22 MW qui a hissé sa production à presque 30MW. Il se trouve aussi qu’elle est à environ 60km de la centrale éolienne de BOULENOIR de 100 MW et qu’en plus elle est interconnectée à Nouakchott avec tout ce que ça offre comme possibilités. De ce fait ni la ville de Nouakchott ni Nouadhibou ne doivent manquer d’électricité.
Nouakchott dont les besoins ne dépassaient guère 110mw en 2019 ne peut guère consommer toute sa production qui se résume en :(180MW. 36MW. 42mw anc.Ct Thermique s 55MW EPV. 15 MW-EPV . + Plus au moins 30MW -OMVS hydr-elec). L’eau aussi qui a manqué aux habitants de Nouadhibou est à imputer à l’immobilisme de votre gouvernement, cette localité en 2019 recevait de la nappe de Boulenoir 18.000m3 d’eau et une amorce de dessalement avait été commencée avec 2 usines de dessalement chacune de 5 000m3 pour les porter ensuite à 4 après . Cinq ans après aucun effort n’a été fait pour résoudre ce problème qui est allé s’accentuant ; sauf cet aveu d’impuissance tardif de votre part et une résignation mal à propos.
Mais à l’insouciance et à la négligence rien ne peut résister. La capitale qui était assurée d’une production de 240 000 M3 d’AFTUT SAHLI sans compter les 60.000 M3 d’IDINI et dont les besoins ne pouvaient dépasser les 140 000m3 en période de chaleur a été plongée dans la tourmente de la soif qui nous a ramené vingt ans en arrière.
TOUS ces reculs dans les performances et la médiocrité des prestations qui n’ont épargné aucun des secteurs publics ne sont que le reflet de l’incompétence d’un pouvoir exécutif adossé à un pouvoir législatif qui tous, à cause de leurs avidités se sont ligués contre ce PEUPLE paisible créant une bulle autour de vous et vous empêchant de voir et de vivre la réalité du pays. En jetant un regard rapide sur la gestion des finances publiques et des dépenses de l’Etat on s’en rend compte vite; ils s’attribuent tous les avantages financiers et matériels, indemnités, augmentations de leurs salaires, attributions de terrains, trains de vie démesurés ..etc… Sous votre responsabilité et votre autorité tout est fait pour que le pays soit fragmenté en deux groupes, un groupe qui administre le pays et qui allié à certains hommes d’affaires et rapaces, s’accapare désormais de toutes les ressources du pays et un deuxième groupe qui représente le reste du peuple, la bête de somme, laissé pour compte subit frontalement toutes les tribulations, cherté et rudesse de la vie, chômage, tracasseries administratives et désormais les restrictions des libertés instaurées par une loi dite des symboles pour les étouffer davantage.
Monsieur le Président, votre bilan à ce qu’il paraît a été un échec, le pays durant cinq ans n’a connu aucune avancée dans quelques domaines que se soient. Et vous tenez, ou, vous êtes poussé, à vous représenter pour un deuxième mandat par ceux-la même qui ont mis le pays dans cette situation dramatique. Cette candidature mal à propos, certes constitutionnelle, se trouve être entachée par son contexte et les jeunes pour lesquels vous vous présentez ne sont plus ici, ils ont en grande partie émigré pour ne pas succomber à la famine ou finir leurs jours dans les geôles de votre ministère de l’injustice.
Monsieur le Président il vous seyait de ne pas prendre ce risque ni pour vous ni pour le pays. Vous auriez dû vous inspirer du Président français, François HOLLANDE, qui après avoir fait son bilan quinquennal s’est retiré sur la pointe des pieds mais dignement. Mais les “démons” ceux du pays, ceux là même qui gravitent et ne cessent de graviter « en électrons nocifs” autour de tous les pouvoirs en ont décidé autrement. Ce sont les mêmes qui en 2019 souhaitaient pour eux à travers ma personne un TROISIÈME MANDAT. En voulant coûte que coûte vous garder à leurs services ils n’ont pas hésité à user de tous les subterfuges et stratagèmes vils et sordides pour vous sélectionner des adversaires sur mesure.
Les institutions de la République de même que ses lois ont été bafouées pour la circonstance, seuls désormais dans le pays les ministères chargés de fliquer ou de brider les citoyens tournent à plein régime apportant désolations, amertumes et écœurements aux citoyens victimes et résignés. Toutes les économies de l’Etat, si économie il y’a ont été mobilisées pour accorder des salaires substantiels aux maires et des allocations conséquentes en sus d’importantes indemnités qu’ils avaient déjà aux WALI et HAKEM pour les motiver et les rendre plus réactifs à servir les vils desseins de notre cartel “ démoniaque ” national et à les rendre assujettis. Un bonus d’ailleurs leur sera accordé prochainement c’est celui du dépeçage du reste du territoire à travers les lotissements de terrains et leurs “attributions”. Tout ce dédain et cette arrogance sont menés par votre proche et ministre au nom d’un soutien borné et d’un ressentiment haineux jusqu’à en perdre décence et raison.
Monsieur le Président, il vous appartient de vous réveiller de cette torpeur dans laquelle vous êtes plongé au grand dam de ce peuple par cette bande sans loi ni foi qui mène le pays inéluctablement vers la désintégration. Cette élection qu’ils ont programmée d’organiser et pour laquelle ils ont préparé toutes les formes de fraude en amont et en aval ne fera qu’intensifier les divisions et ne vous donnera aucune légitimité. Une élection à laquelle les candidats porteurs de projets palpables et qui caracolent en tête de tous les sondages ont été empêchés n’aura aucune valeur à l’intérieur comme à l’extérieur. Cette démarche d’empêcher des candidats de se présenter aux élections m’a été demandée à travers vous par cette même bande et avec insistance à deux reprises durant les présidentielles de 2019. A l’époque il s’agissait de bloquer les candidatures de Feu KANE et de BIRAME; démarche que j’ai rejeté la trouvant néfaste pour le pays et contraire à mes principes. Et aujourd’hui que vous êtes au pouvoir et que désormais vous êtes SE MOHAMED OULD CHEIKH GHAZWANI vous, vous laissez mettre en pratique les préceptes de cette “bande” qui vont pulvériser le peu de crédibilité à laquelle pouvait prétendre notre démocratie meurtrie.
Sachez, Monsieur le Président qu’un pouvoir honni, conspué ne peut perdurer, et les soutiens de circonstances internes ou externes ne sont pas une garantie de stabilité pour le pays ni une assurance vie pour l’autocratie et la tyrannie. Ayez à l’esprit les sorts réservés à certains hommes d’Etat qui bénéficiaient de soutiens de grandes puissances et qui ont fini leurs jours dans l errance sans pouvoir être enterrées chez eux, (le congolais MOBUTOU, le SHAH d’Iran REZA PAHLAVI, …, et plus près de nous encore et plus récent).
Il vous appartient à vous et à vous seul de vous affranchir de cette bande qui vous conduit au creux de la vague et pousse le pays vers l’abîme; en reprenant et suivant les choses de plus près et en ouvrant les élections à tous les candidats conséquemment crédibles et en respectant la séparation des pouvoirs, source de tous les problèmes. Vous êtes le garant de la constitution de par votre état de Président de la République. Il n’est pas encore tard pour sauver la situation et faire de notre pays, un pays dont le processus démocratique est durable et qui renforce ses institutions par une élection libre et transparente et qui rassure. Un geste, une action de votre part vous lave de tout et sauve le pays; faire réouvrir les candidatures à l’élection, et accepter un débat télévisé ou tous les candidats vont se mesurer les uns les autres par respect au peuple et présenter leurs programmes. Vous n’en sortirez que grandi, lavé de tous griefs et reproches. Les Mauritaniens peuvent avoir la mémoire courte et même être parfois amnésiques s’il le faut surtout, s’il s’agit de renoncer à leurs droits et pardonner pour sauver et le pays et la cohésion nationale.
Trois possibilités s’offraient à vous, la première vous a échappé en vous portant candidat, la deuxième rattrapable, laisser l’ensemble des candidats se présenter et le PEUPLE votait librement et choisir son Président comme nos voisins du sud, nos frères les sénégalais, désormais nos aînés en démocratie et la troisième celle non souhaitable, vous laisser les choses continuer à vous échapper et vous exposez le pays à toutes les dérives et sur ce plan vos compatriotes ne manquent pas d’ingéniosité.

MOHAMED OULD ABDEL AZIZ
CANDIDAT AUX ÉLECTIONS
PRÉSIDENTIELLES 29 JUIN 2024

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button