Formation du nouveau Gouvernement : Les tractations peuvent commencer
Lundi Mokhtar Ould Djaye, nommé premier Ministre, au lendemain de l’investiture présidentielle, a été reçu par le Chef de l’Etat, pour lui remettre la lettre de mission du nouveau gouvernement. Si cette mission devrait suivre à la lettre le programme politique du président, elle reconnait, tout au moins, au premier Ministre, l’opportunité de proposer les membres de son cabinet.
Inconnu du grand public, jusque dans les années 2010, le premier ministre, Mokhtar Ould Diajye, a connu, sous l’ancien régime, une ascension fulgurante. En politique, c’est sans doute donc l’ancien président Aziz qui l’a révélé à ses concitoyens. L’homme voit sa stature changer quand il est nommé DG des impôts puis 5 ans plus tard, inamovible ministre des finances. Sa stature de pièce maitresse sur l’échiquier national s’est encore confirmée -pour ne dire qu’il fut réhabilitée- sous l’ère du président Mohamed Ould Ghazouani. Malgré sa prééminence dans la galaxie mise en place par l’ancien président, il est blanchi, par la justice, suite aux investigations de la Commission d’enquête parlementaire (CEP). L’alternance politique en a ainsi révélé une autre dimension. Celle de l’homme des missions difficiles. Le succès fracassant du parti Insaf dont il fut Coordinateur de campagne lors des élections législatives 2023 témoigne de son efficacité. Il héritera d’un strapontin de «Super Ministre» chargé du cabinet présidentiel. C’est là encore que le président Ghazouani mesure la perspicacité de l’homme qui se rend indispensable.
Quels sont les secrets de sa success story? Personne ne sait comment son étoile brille toujours de plus belle. Réussira-t-il le pari de porter sur le terrain les ambitions nourries par le président Ghazouani pendant son dernier mandat ? En le chargeant officiellement, lundi, de former le nouveau gouvernement, Mokhtar Ould Djaye joue une grande responsabilité pour maintenir ou susciter encore plus d’engouement ou de soutien à l’action du président Ghazouani.
Saura-t-il relever le nouveau défi de coordonner l’action gouvernementale ?
Mokhtar Ould Djaye mesure, sans doute, l’ampleur de la tâche qui l’attend. Mais il sait aussi toute l’attente que suscite sa désignation, non seulement pour le président, mais aussi pour les populations. Il l’a dit lui-même à sa sortie d’audience. Sa quête sera pour dénicher « un gouvernement capable de mettre en œuvre de manière optimale » le programme politique sur la base duquel le peuple mauritanien a élu le président Ghazouani. On connaissait Mokhtar Ould Djaye, sans état d’âme. Mais a-t-il réellement déjà les mains libres face au choix de ses collaborateurs dont chacun est sans doute la pique d’un influent groupe politique, ethnique ou régional ? Dans la même déclaration, Ould Djaye insiste sur des membres de son gouvernement qui devraient avoir de « l’expertise » mais aussi de « l’expérience » et de la « compétence ». Des profils qui ne risquent pas de charrier beaucoup de nouveaux visages et encore moins ceux qui émargeraient à la représentativité de la jeunesse dans le pays ?
Ould Dijaye a déjà du pain sur la planche. Va-t-il réussir ce premier examen face à une opinion publique assoiffée de justice et de représentativité régionale sur l’échiquier gouvernemental. S’il réussit le pari de faire taire ces sempiternels clivages, il pourrait entamer son action sous les meilleurs auspices.
Les regards de l’opinion restent donc tournés vers la liste des futurs membres de l’équipe gouvernementale pour voir quel tempo pourrait lui donner son nouveau maestro !
JD