Mauritanie : Le Frontex exacerbe les craintes européennes
L’extrême droite européenne continue d’exacerber les tensions politiques sur la migration vers l’Europe. Cette dernière s’alimente de reportages médiatiques et rapports souvent biaisés dont l’objectif est de faire croire à « un péril» migratoire. En Mauritanie, le Frontex ne dérogerait pas à cette campagne.
Fabrice Leggeri, ex-directeur de l’agence Frontex (2015-2022) a été élu député d’extrême droite au nom du parti français dirigé par Marine Le Pen, le Rassemblement national. C’est dire combien ce panier européen peut cacher de crabes. Portrait signé «Blast » : «Gabegie financière, management brutal, harcèlement, violation des lois, mépris des droits de l’homme et poursuites pour crime contre l’humanité : en 7 ans à la tête de Frontex, l’agence européenne qui contrôle nos frontières, Fabrice Leggeri a montré l’étendue de ses (in)compétences… ». L’image peu reluisante que donne notre confrère de “Blast”, Xavier Monnier, du personnage est à la mesure de la structure elle-même. En effet, les services et les conclusions du Frontex n’ont jamais été aussi contestables que sous l’ère des campagnes politiques de la droite européenne dans toutes ses dimensions. Jugez-en un peu quand il s’agit de décrire l’environnement « désespérant» dans notre pays. L’essentiel semble d’entretenir une psychose où la citadelle européenne est assiégée par des hordes de damnés de la terre venant de Nouakchott. Dans « La Gaceta » espagnole, un rapport de Frontex destiné à une large dissémination, a pour but, non avoué de barricader, endurcir les procédures, d’accès aux frontières européennes déjà difficiles.
Selon « La Gaceta » espagnole dont le titre est révélateur «L’avalanche migratoire se poursuit », un rapport qui lui aurait été attribué en exclusivité par FRONTEX, en mai dernier, alertait sur « le déplacement de plus de 100 000 Maliens vers la frontière sud de la Mauritanie avec l’intention d’atteindre l’archipel des Canaries». Il est vrai que les flux humains fuyant l’insécurité sur les frontières avec le Mali accentuent un déplacement d’une plus grande ampleur mais ces réfugiés touaregs puisqu’il s’agit d’eux en l’occurrence, ne sont pas connus pour alimenter les flux migratoires vers l’Europe. L’information colportée est donc discutable. Erreur délibérée ou ignorance des itinéraires ou des profils des candidats à la migration en Europe, le Frontex qui se fonde probablement sur les infos de la Guardia Civile citées dans l’article de « La Gaceta » invoquant l’incapacité des autorités mauritaniennes « à contrôler les flux d’entrée et d’expansion sur leur territoire », continue d’exacerber la tension politique autour de cette thématique qui a fait le lit des élections européennes. « La Mauritanie est en effervescence en ce moment » alors que la mission de lutte contre les clandos est fallacieusement attribuée à aux «agents espagnols déployés dans la zone (qui) tentent de soutenir les opérations contre le trafic illicite d’êtres humains ». Dans cette lutte, la Mauritanie aurait même, selon la même source citant La Guardia Civile «demandé un soutien pour déplacer les moyens de confinement jusqu’à la frontière avec le Mali et le Sénégal, et essayer d’empêcher autant de personnes d’arriver à Nouakchott”. Un autre « Guantanamito » supposé en gestation pour bloquer les flux migratoires. Mais le nœud gordien en serait la bourse. «Malgré les bonnes intentions, la demande de ressources supplémentaires doit être formalisée “par des mémorandums”, ce qui ralentit tout alors qu’un grand nombre d’immigrés clandestins cherchent à s’embarquer vers l’archipel des Canaries » assure-t-on de même source.
Quel retour de l’ascenseur pour notre pays dont les citoyens sont souvent maltraités aux frontières européennes (Police de Las Palmas) et qui tente d’assumer, malgré lui, le gendarme des frontières avec l’Europe pendant que les députés et les médias européens ne ménagent pas leurs méninges pour l’accabler. Cette situation venant d’institutions comme le Frontex pourtant bien représenté dans notre pays tranche avec les velléités de la coopération sécuritaire franche prônée lors de la visite conjointe du premier Ministre espagnol et de la présidente de la CE, Van der layen.
Subie ou choisie, la migration est de plus en plus le cordon ombilical entre les partis de la droite et de l’extrême droite européennes qui en font une thématique politique récurrente pour s’arroger le maximum de voix souvent au détriment des pays africains mais de plus en plus aux dépens des valeurs européennes elles-mêmes.
JD