Réformer la Smcp : A quelle fin?

Une étude sur des propositions de réforme de la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP) fait des vagues, non du fait de son opportunité, mais surtout du fait des clivages entre les différents usagers de ses services.

Tout le long des dernières semaines, le débat faisait rage entre les acteurs du secteur de la pêche (artisanale et industrielle) sur l’objectif et l’étendue que devraient prendre les réformes de la SMCP, mise en place en 1984 par les autorités mauritaniennes pour le monopole de la commercialisation des produits de la pêche en Mauritanie. L’Etat y est détenteur de 70% et le secteur privé 30%.  La Smcp représente dans le circuit commercial aussi bien le producteur (session du produit) que l’Etat (taxes retenues à la source et rapatriement des devises). Elle perçoit normalement une commission standard de 1,5% de la valeur de la production vendue. Elle institue une commission de fixation des prix des produits de la pêche à l’export, présidée par le DG dont 7 représentants sur 11 représentent le secteur privé.

C’est donc pour en ressortir les acquis mais aussi les lacunes que s’ouvre normalement un séminaire lundi à Nouadhibou. Ce séminaire est destiné à disséquer une étude dont l’auteur n’est pas tout à fait identifié (pas sur le document ventilé en tout cas) par des acteurs dont les avis sont souvent tranchés sur les questions et parfois diamétralement opposés. Il faut cependant reconnaitre que rares sont ceux qui remettent en cause l’existence de la société elle-même en dépit de la mode des désengagements de l’Etat au profit du privé au niveau de certains secteurs productifs et de critiques portées au système commercial en vigueur.

Outre donc les questions techniques assurées par la Smcp (données statistiques, contrôles, inspections, exportations…), valorisation du produit, d’autres paradigmes se rapportant à la protection des petits producteurs et à l’assurance d’un retour des devises sont mis en étendard la veille de l’atelier sur les propositions de réformes de la Smcp.  A noter également qu’en plus de ses missions, l’exclusivité de la commercialisation des produits par la Smcp a été étendu en 2019, à ceux de la farine et des huiles de poisson. Un nouveau sous-secteur qui fait trop parler de lui.

Déjà les propositions de réformes de la Smcp font remonter à la surface une remise en cause de la politique stratégique dans le secteur allant jusqu’à plaider pour réformer le code de la pêche pour mieux l’adapter aux réalités actuelles. Même s’ils divergent sur les priorités des réformes pour une plus grande efficience de la SMCP, les acteurs sont d’accords que les problèmes inhérents au secteur, depuis des années, n’ont jamais trouvé de solutions idoines. Un procès intenté au ministère lui-même dans la gestion des politiques sectorielles.

Le (ou les) rédacteur de l’étude note pourtant d’emblée que la réforme de la Smcp procède d’une volonté du président de la République. La teneur des réformes proposées évoque, entre autres mesures, le renforcement du rôle de la SMCP dans la régulation pour une meilleure valorisation (…), la mise en place d’un système de suivi permanent et rigoureux du marché et de recherche de nouveaux clients, pour faciliter l’écoulement des produits, sur la base de prix conformes aux réalités de ce marché ; l’élaboration d’une stratégie pour la promotion et la labélisation ; La création d’un salon permanent de la pêche à Nouadhibou ; l’élargissement de la clientèle au niveau du marché africain, non suffisamment exploité, malgré la forte demande qu’il recèle; la construction d’une usine témoin dans le cadre d’un PPP avec la profession et/ou l’achat d’une partie des stocks des producteurs…

Sans doute, un vaste programme qui sera défriché à l’occasion de l’atelier mais qui devrait être sérieusement suivi et à toutes les étapes de sa mise en œuvre. Car, les acteurs sont souvent désabusés par des mesures avec les meilleures assurances mais qui s’achèvent en queue de poissons. Alors wait and see!

JD

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