Ghazouani: trois ans de règne, l’espoir est-il encore permis?
Trois ans que le président Ghazouani a hérité d’un pays en ruine. Un cadeau empoisonné dont il ne soupçonnait pas l’éventualité de l’aggravation de la situation avec la pandémie de la COVID-19 en mars 2020. A ces drames de gestion, il fallait aussi ajouter les comportements belliqueux à son égard de « son ami de 40 ans». Seul le consensus politique pour un apaisement de ce front desserrait un peu l’étau sur lui. Mais le président est vite rattrapé par la realpolitik.
Le malaise social gronde déjà à nos portes malgré “77% de projets prioritaires réalisés” selon la CSEPS? Des signaux exacerbés par la situation à travers le monde y invitent inlassablement. La stratégie visant–depuis le début- à le contenir avec les multiples projets sociaux pour combattre les inégalités nées d’injustices à travers le temps ne semble pas l’étouffer totalement ; bien au contraire.
L’analyse était sans doute prospective de ce que pourrait générer l’instabilité sociale pour le régime qui a hérité d’un pays dont l’économie délabrée n’a pas suscité, malheureusement, le crédit et l’engouement de l’opinion désabusée par les orientations politiques prises.
En effet, autant les populations accordaient le bénéfice du doute au nouveau président ; autant elles ont été déçues par le choix de ses hommes et par la présence à ses côtés de ceux qui ont causé la perte de son prédécesseur.
Le retour en grâce des plus proches collaborateurs de l’ancien président sonne comme le coup de grâce asséné au dernier espoir d’un changement véritable contre l’injustice, la prévarication et l’impunité.
Le coup de pied donné dans la ruche avec l’enquête parlementaire contre l’ancien régime se confond désormais avec une chasse à la sorcière avec toute la charge inquisitoire que le processus a connu contre un seul homme ; fusse-t-il le vrai prince de son époque.
Avant des élections cruciales, qui pointent déjà à l’horizon, il ne suffit, sans doute pas, de changer le nom de l’ancien parti pour prendre ses distances avec lui.
Le président de la République, Mohamed Ould Ghazouani, qui avait toutes les clés en main, devrait-il se résoudre à forcer des portes au risque de susciter une autre crise politique?! L’arrêt unilatéral des consultations engagées avec l’opposition en donne toute la mesure.
Le crédit dont dispose jusqu’ici le président semble s’effilocher avec le temps du fait de choix hasardeux et pour lui et pour le pays. Le président, en l’absence d’un gouvernement efficace, semble gérer, au jour le jour, au lieu de gouverner.
JD