France : Les coupes budgétaires sur l’aide publique au développement destinées (aussi) à sanctionner l’Afrique ?
Empêtré dans d’inextricables problèmes politiques depuis les dernières élections législatives et européennes, le gouvernement français tenterait-il, en réduisant l’APD, d’infliger une correction à une Afrique devenue « insaisissable » ?
La France fait d’une pierre, deux coups, dans le débat qui fait rage sur son budget 2025. En réduisant l’aide publique au développement dans son nouveau projet de budget 2025, elle dit vouloir réduire ses dépenses. Même si elle ne le clame pas tout haut, elle tente aussi de « laver l’affront » que lui a fait une partie de l’Afrique, devenue « insaisissable », et avec laquelle les relations sont diplomatiquement exécrables. La volonté de faire payer à l’Afrique son « arrogance » transparait dans une coupe à la hache sur le budget qui lui était jusqu’ici alloué. Le sénateur Rachid Temal ne croyait pas si bien dire quand il soutenait: « On ne peut pas accepter qu’un budget qui représente 1% du budget global représente dans le même temps 10% des économies.»
Plus de carotte, rien que le bâton !
Le programme 209 « Solidarité à l’égard des pays en développement » géré par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, né de la loi sur développement solidaire promulguée en août 2021, est la pierre angulaire du système de la coopération pour le développement et la solidarité internationale. La France avait, dans ce même élan, souscrit, une première fois, à consacrer, à l’instar des pays développés, 0,7 % de son revenu national à l’APD en 2025. Mais non seulement cet objectif avait déjà ajourné en 2023 mais elle se retrouve aujourd’hui à piocher dans ce registre pour se serrer la ceinture. Le gouvernement français se renie en faisant le jeu de l’extrême droite et sacrifie le pays des Lumières à l’autel d’une crise politique interne qui va encore entacher davantage son image en Afrique.
Pour l’Afrique, le coup de massue est énorme. Car, la cure d’amaigrissement financière est proposée à près de 4 milliards d’euros soit le tiers de l’APD prévue à 13 Milliards. Le gouvernement François Bayrou propose le double de la proposition du gouvernement déchu de Michel Barnier du 10 octobre 2024. Mais l’Afrique s’en remettra certainement.
Le projet de budget devant lequel butait le gouvernement français pour sa Loi de Finance 2025 présente des incohérences notoires qui, sans doute, vont encore affecter le programme de l’AFD sur le Continent en matière d’éducation, de santé et de lutte contre la migration.
JD