Extradé par la Mauritanie, un président de commune face à la justice

Rattrapé par la justice après des années de cavale, l’ancien président de la commune de Jorf El Melha, Abdelaziz Essadeq, comparaît de nouveau devant la Cour des crimes financiers de Rabat. Accusé de détournement de fonds publics, de falsification de documents officiels et d’abus de pouvoir, il fait face à un procès explosif, sur fond de scandales politico-judiciaires. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.
ncien président de la commune de Jorf El Melha, relevant de la province de Sidi Kacem, Abdelaziz Essadeq, a comparu le mercredi 30 avril devant la chambre des crimes financiers de la Cour d’appel de Rabat. Il est poursuivi pour détournement et dilapidation de deniers publics, falsification de documents officiels et administratifs, ainsi qu’abus de pouvoir.
Dans son édition du vendredi 2 mai, le quotidien Al Akhbar précise que le prévenu, déjà incarcéré dans le cadre d’une autre affaire pour laquelle il a été condamné à dix ans de prison, a été transféré mercredi de la prison de Tamesna au Palais de justice de Rabat, afin d’être jugé en personne pour des faits liés à des affaires de corruption durant son mandat à la tête de la commune de Sidi Kacem. Il avait été condamné par contumace à cinq ans de prison, en première instance puis confirmée en appel.
Abdelaziz Essadeq, titulaire de la nationalité américaine, faisait l’objet d’une plainte déposée par des conseillers de l’opposition et par l’Instance nationale de protection des deniers publics au Maroc, laquelle a révélé un scandale de détournement de fonds publics et de manipulation des indemnités pendant son mandat. Ne pouvant être jugé en personne en raison de sa fuite à l’étranger, il avait été condamné en 2017 à dix ans de prison dans une autre affaire jugée à la Cour d’appel de Kénitra. Il y était poursuivi avec son frère, lui aussi président de commune dans la province de Ouezzane, ainsi que leur père, deux adouls (notaires) et un médecin.
Les autorités mauritaniennes avaient remis Abdelaziz Essadeq aux autorités marocaines en mars dernier, en exécution d’un mandat de recherche international émis à son encontre. Il a d’abord été incarcéré à la prison centrale de Kénitra, puis transféré à celle de Tamesna, où il attend de comparaître à nouveau devant la Cour des crimes financiers de Rabat pour l’affaire dans laquelle il a été condamné par contumace en février 2023 à cinq ans de prison ferme, une amende de 300.000 dirhams et 200.000 dirhams de dommages-intérêts à verser à la partie civile.
La chambre des crimes financiers en appel a décidé, mercredi soir, de renvoyer le dossier à la chambre criminelle de première instance de la même cour pour un nouveau procès en première instance, lequel s’annonce chargé en rebondissements.
Cette autre affaire est liée à un scandale de falsification de documents dans le but de dissimuler un viol ayant entraîné une grossesse, impliquant le père des deux présidents emprisonnés. La victime, une domestique travaillant chez lui, a donné naissance à un enfant, et une tentative de vente du nourrisson à Casablanca aurait également eu lieu.
La chambre criminelle d’appel de la cour de Kénitra avait condamné Abdelaziz Essadeq en janvier 2017 à dix ans de prison, et son troisième vice-président à un an de prison ferme, alors qu’ils avaient été acquittés en première instance. Ils étaient poursuivis pour falsification de documents administratifs sans intervention d’un agent d’autorité, enlèvement et séquestration d’une domestique, et mariage fictif avec un serveur de café, afin d’étouffer le scandale d’un viol commis par leur père, qui a conduit à la naissance d’une fille.
Le tribunal avait aussi confirmé la condamnation de son frère Abdelilah Essadeq, président de la commune rurale de Sidi Bou Sber (province de Ouezzane), à dix ans de prison, ainsi que leur père Abdelkarim Essadeq à huit ans, deux adouls à dix ans chacun, et le «mari fictif» à dix ans également. Un médecin poursuivi pour avoir délivré un certificat de célibat suspect a été condamné à trois mois de prison avec sursis, en plus d’un dédommagement de 450.000 dirhams.
Par Walid Ayadi
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