“Marges de vérité”: La touche Républicaine!

Dans le geste posé par le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, il ne s’agit pas d’une simple réponse humanitaire à une détresse individuelle. Il faut y voir, pour qui sait lire entre les lignes de la symbolique républicaine, un acte de haute portée institutionnelle, morale et mémorielle. Car réintégrer la famille du chauffeur du Président fondateur dans la maison qu’elle occupe depuis plus de soixante ans, ce n’est pas simplement réparer une injustice : c’est restaurer une filiation entre l’État mauritanien et les humbles serviteurs de sa genèse.
Ce geste ne vient pas contredire la justice — il vient rappeler qu’aucune décision judiciaire, aussi régulière soit-elle dans la forme, ne peut s’ériger en vérité ultime si elle méconnaît la profondeur historique et la mémoire morale d’un peuple. En replaçant la dignité au cœur de l’action publique, le Président Ghazouani redonne à l’exercice du pouvoir une verticalité que les technicités administratives avaient brutalement aplanie.
La maison en question n’est pas une simple bâtisse. C’est un espace habité par l’histoire, par les souvenirs de cette époque fondatrice où le chauffeur du Président Moktar Ould Daddah, figure populaire de la capitale, était plus qu’un conducteur : un témoin du rêve national en construction. Il faisait partie de ces visages familiers des dimanches nostalgiques de Nouakchott, où l’on croisait au stade de la capitale. Chasser sa descendance de ces lieux, c’était nier une page vive de notre mémoire collective.
Les images poignantes de sa fille, Fatima, expulsée de cette maison avec sa famille, avaient quelque chose de tragique — non pas seulement parce qu’elles évoquaient la précarité, mais parce qu’elles semblaient signer la démission d’un État face à sa propre continuité. En instruisant leur réintégration, le Chef de l’État a fait bien plus que répondre à un cri de détresse : il a réhabilité la République elle-même.
Mais ce geste n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une exigence plus large : celle de revaloriser les lieux fondateurs de notre souveraineté. À ce titre, il est urgent que l’État restitue à la Nation le premier domicile présidentiel, celui de Moktar Ould Daddah à l’îlot V, bien public patrimonial par excellence, transformé et dénaturé par le pouvoir sans mémoire de Maaouiya. Cette maison, qui a vu se succéder d’illustres et intègres serviteurs de l’État — Ahmed Kelly Ould Cheikh Sidiya, Mohamed Aly Chérif, Mohamed Khattry Ould Segane — mérite d’être rendue à l’histoire, à l’éducation civique, à la République.
En réintégrant une famille opprimée, le Président n’a pas cédé à l’émotion : il a réaffirmé que la justice sociale n’est pas un supplément d’âme, mais l’armature invisible de tout projet d’État digne de ce nom. Il a rappelé, contre les froides procédures et l’indifférence bureaucratique, que la Mauritanie n’est pas un assemblage d’intérêts mais une communauté de mémoire, de loyautés, de valeurs.
Chronique de Mohamed Ould Echriv Echriv

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