Guerre Israël-Gaza : les eurodéputés adoptent une position commune sur Gaza

Les députés européens ont adopté jeudi une résolution sur Gaza, la première depuis le début de la législature. Elle permet au Parlement européen de dégager une position commune après des négociations intenses entre les groupes politiques. La résolution, baptisée “Gaza au point de rupture”, a été adoptée par 305 voix pour, 151 contre et 122 abstentions.
Les forces politiques ont négocié jusqu’à la dernière minute pour dégager un compromis entre l’aile gauche du Parlement, qui appelle à une approche plus dure envers Israël et souhaitait voir figurer le terme “génocide” dans le texte ; et l’aile droite, plus réservée.
Finalement, des concessions entre groupes ont permis à la résolution d’être votée par une majorité allant de La Gauche (gauche radicale) au PPE (droite conservatrice).
Le texte appelle à un “cessez-le-feu immédiat et permanent” et à la libération inconditionnelle des otages israéliens retenus à Gaza. Il souligne que le droit d’Israël à se défendre ne saurait justifier des actions militaires indiscriminées à Gaza et dans la région ; et dénonce la poursuite des opérations militaires qui ont causé des “souffrances insupportables à la population civile”.
Les députés appellent à des sanctions contre deux ministres israéliens, et à une suspension du volet commercial de l’accord d’association entre l’UE et Israël. Ils demandent que des mesures restrictives ciblées, notamment le gel des avoirs et l’interdiction de visa, soient appliquées contre des individus et entités “extrémistes”. Ils s’engagent par ailleurs pour la reconnaissance de l’État palestinien, la “voie diplomatique la plus efficace pour parvenir à la normalisation régionale et à une paix durable”, selon eux.
Les députés condamnent aussi l’obstruction de l’aide humanitaire à Gaza par le gouvernement israélien. Ils reconnaissent une famine dans le nord de Gaza, sans préciser qu’elle est provoquée par l’homme comme le souhaitaient les groupes de gauche.
Le texte ne mentionne pas directement un génocide, mais il prend en considération l’affaire pendante devant la Cour internationale de justice (CIJ) concernant l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza (Afrique du Sud c. Israël).
La résolution souligne en outre que le régime iranien représente toujours une menace pour la sécurité d’Israël, tout en rappelant que ce dernier conserve le droit de prendre “toutes les mesures” qu’il juge nécessaires. La députée belge Hilde Vautmans (Open Vld, Renew), nommée négociatrice en cheffe pour le Parlement européen dans ce dossier, a résumé :
Le Parlement européen adresse un message clair au Conseil et à la Commission : ‘Le temps des excuses est révolu. Il est temps d’agir.
Cette résolution est un appel à l’action pour toutes les parties impliquées, ajoute-t-elle. “L’objectif ultime reste le même : deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.”
La plupart des élus belges présents au vote ont soutenu la résolution
Les élus belges présents au vote ont pour la plupart soutenu la résolution.
Seuls les socialistes Elio Di Rupo et Estelle Ceulemans ont voté contre (contrairement à leurs collègues de Vooruit), tout comme le PTB Marc Botenga, estimant que le texte était trop faible.
Elio Di Rupo reconnaît que le texte constitue une avancée, compte tenu du rapport de forces dans l’hémicycle. Mais il a choisi de voter contre et plaider pour aller plus loin à une prochaine occasion.
“On aurait pu a minima mentionner le risque de génocide comme reconnu par la Cour internationale de justice”, dit-il. “L’accord d’association doit être suspendu totalement et le problème du transit des armes méritait davantage.”
Même si la résolution aurait pu aller plus loin, l’écologiste Saskia Bricmont retient qu’elle permet au Parlement d’avoir, près de deux ans après le 7 octobre 2023, un dénominateur commun sur la situation à Gaza. Elle avait initié mercredi un mouvement de sensibilisation dans l’hémicycle, parsemé de rouge pour l’occasion.
De son côté, le chrétien-démocrate Pascal Arimont (PPE) évoque un texte équilibré qui reprend les points du compromis du gouvernement belge. La N-VA et le Vlaams Belang se sont abstenus. Même si cela reste symbolique, la session plénière de rentrée aura marqué une évolution dans le langage employé par le Parlement européen, mais aussi par la Commission européenne.
Mercredi, Ursula von der Leyen s’est longuement attardée sur la guerre à Gaza dans son discours annuel sur l’état de l’Union, dénonçant l’utilisation de la famine comme arme de guerre, appelant à suspendre le volet commercial de l’accord d’association et annonçant un gel du soutien bilatéral de la Commission à Israël.
https://www.rtbf.be/article/guerre-israel-gaza-les-eurodeputes-adoptent-une-position-commune-sur-gaza-11599691