La Mauritanie se lance dans le spatial avec un programme national de nanosatellites

La Mauritanie amorce un tournant stratégique vers la souveraineté technologique avec l’annonce d’un ambitieux programme national de nanosatellites. Portée par le ministère de la Transformation numérique et de la Modernisation administrative, cette initiative vise à doter le pays d’une capacité spatiale autonome, à travers le lancement de satellites en orbite basse, accompagnés d’une infrastructure sol pour leur contrôle et leur exploitation. Cette décision place la Mauritanie parmi les pays africains décidés à ne plus seulement consommer la technologie, mais à la produire et à la maîtriser.
Le ministre Ahmed Salem Beddeh a réuni plusieurs acteurs clés du gouvernement pour définir les contours de ce projet, qui vise à renforcer la sécurité, la surveillance, l’observation du territoire et l’extension de la couverture numérique, notamment dans les zones les plus isolées du pays. L’ambition ne s’arrête pas à l’utilisation des satellites. L’un des piliers du programme est de garantir un transfert de compétences aux ingénieurs, chercheurs et techniciens mauritaniens. L’objectif est clair : faire émerger une expertise nationale capable de concevoir, fabriquer et opérer ces engins spatiaux, à travers des formations spécialisées et une appropriation locale des technologies.
Bien que le calendrier du lancement n’ait pas encore été précisé, des pistes de collaboration sont déjà évoquées. Le Centre Spatial Universitaire de Montpellier (CSUM), qui a récemment travaillé avec le Sénégal et Djibouti sur leurs premiers nanosatellites, pourrait jouer un rôle clé dans l’accompagnement du projet mauritanien. Le savoir-faire du CSUM, en matière de formation et de transfert technologique, serait un levier précieux pour la Mauritanie, à l’instar de ce qui a été réalisé avec le satellite sénégalais GAINDESAT-1A ou le Djibouti-1B.
La Mauritanie ne part pas de rien. Elle bénéficie déjà de plusieurs initiatives dans le domaine spatial, notamment à travers le programme GMES & Africa et son implication au sein du Centre Régional de Télédétection pour les États d’Afrique du Nord (CRTEAN). En 2021, elle a créé le Centre universitaire de cartographie et de télédétection à l’Université de Nouakchott, qui mène des recherches en imagerie satellitaire et participe à la mobilisation des acteurs nationaux autour des données géospatiales.
Ce nouvel élan spatial mauritanien s’inscrit dans une dynamique continentale plus large. L’Afrique, depuis quelques années, investit massivement dans les technologies spatiales pour répondre à ses propres défis en matière de développement durable, de sécurité alimentaire, de gestion des ressources naturelles et d’inclusion numérique. Si ce projet aboutit, la Mauritanie pourrait non seulement renforcer sa souveraineté technologique, mais aussi se positionner comme un acteur régional de l’innovation spatiale.
La Mauritanie se lance dans le spatial avec un programme national de nanosatellites