Elections en Guinée : Mamadi Doumbouya s’avance en favori

Dimanche 28 décembre 2025, les Guinéens se rendront aux urnes pour la présidentielle, un scrutin censé clore la transition ouverte après le coup d’État du 5 septembre 2021.
Mais cette élection présidentielle est marquée par l’absence de figures majeures de l’opposition et des restrictions des libertés.
Trois étapes expliquent l’aboutissement de la stratégie Mamadi Doumbouya. D’abord, son coup de force militaire a fait partir un président controversé : Alpha Condé.
Initialement, la transition interdisait aux chefs militaires de participer à l’élection. Mais un référendum modifie la constitution en septembre 2025 et permet à Mamadi Doumbouya de se présenter comme candidat indépendant.
Ensuite, plusieurs figures de l’opposition, telles que Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, sont contraintes à l’exil ou empêchées de concourir, leurs partis sont suspendus. Le chef de l’état fait taire le reste des voix dissidentes : les médias privés critiques du pouvoir militaire sont fermés, journalistes et activistes de la société civile sont enlevés ou disparaissent. Malgré les alertes, la communauté internationale reste prudente.
Enjeux économiques miniers
Les intérêts stratégiques – notamment le projet Simandou, porté par Rio Tinto et des partenaires chinois – pèsent lourd dans les calculs diplomatiques. La Guinée, riche en bauxite et fer, demeure un acteur clé pour la stabilité régionale. C’est ce que pense également Alassane Diallo qui soutient la candidature du chef de la junte.
“Je suis convaincu que c’est l’homme de la situation. Il a déjà commencé d’excellentes choses. Il y a beaucoup d’infrastructures qui ont été réalisées dans notre pays ces quatre dernières années. Nous avons un PIB qui a doublé, une balance commerciale qui n’est plus aussi déficitaire qu’on le savait avant. Et beaucoup d’autres choses qui font que je peux vous dire aujourd’hui que nous sommes très contents bientôt d’assister à son élection à la magistrature suprême de la Guinée”, déclare-t-il.
Interdictions de manifester, fermetures de médias, disparitions d’opposants. Des ONG de défense des droits de l’homme dénoncent toutefois une “dérive autoritaire” et la confiscation du pouvoir. La grâce accordée au printemps à Moussa Dadis Camara, condamné pour le massacre du 28 septembre 2009, a ravivé les critiques sur l’instrumentalisation de la justice au profit de la politique.
Tension politique latente
Le climat est tendu à quelques jours de l’élection présidentielle de dimanche, regrette Baadiko Bah, de l’Union des Forces Démocratiques (UFD).
“Malheureusement, nous avons été obligés de constater qu’il n’a pas respecté la fameuse charte de la transition, c’est un simple chiffon de papier qu’on peut piétiner. Donc la parole donnée n’est pas respectée. Vous savez que, aussi bien dans toute l’humanité, dans toutes les civilisations, le respect de la parole donnée est capital pour arriver à faire confiance à quelqu’un et qu’il réussisse la mission qu’il s’est fixée”, explique-t-il.
“S’il n’inspire confiance à personne…. Des militaires qui vivent le doigt sur la gâchette 24 h sur 24, c’est justement parce que la vérité n’est pas dite. Si la vérité est dite, personne n’a besoin de ça.”
Pour Mamadi Doumbouya, l’enjeu est clair : transformer une légitimité de fait en légitimité de droit. Le pouvoir de Conakry est aidé dans le processus par des influenceurs et youtubeurs africains de premier plan. Mais aussi des artistes comme le congolais Koffi Olomide.
Les attentes de l’opposition
Pour l’opposition, le scrutin de dimanche doit déboucher sur un processus crédible qui mettra fin à la personnalisation du pouvoir et aux dérives autoritaires.
Dimanche 21 décembre 2025, le régulateur des médias (HAC) a annoncé dimanche soir la suspension de la chaîne d’actualités Africa 24 pour “exercice illégal de la profession”. Il s’agit de la première suspension d’une chaîne internationale annoncée par la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui a déjà suspendu, temporairement ou définitivement, plusieurs médias ces dernières années.
Auteur: La rédaction francophone de la DW
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